> A voir aussi: Calendrier des réouvertures : qu’en pensent les restaurateurs ?
« Ensemble, on peut faire beaucoup de choses, seuls on ne peut rien faire », a déclaré le jeudi 6 mai après-midi Henri Tulimiero, patron du restaurant « Les Mouettes » et président de l’Association des Commerçants de l’Escale Borély à Marseille, devant une trentaine de commerçants et de restaurateurs très connus de l’Escale, comme Frédéric Mousson de « l’Equinoxe » ou Christophe Auribeau du « Greenwich ».
L’objectif ? Sensibiliser les pouvoirs publics au désarroi de ces professionnels, dont la plupart sont aux abois après neuf mois de fermeture et sans la moindre garantie juridique susceptible de leur permettre la poursuite de leur activité commerciale. Pour tenter de dénouer cet imbroglio, Henri Tulimiero avait invité Bernard Marty, président départemental de l’Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie (UMIH) , Jean-Luc Blanc, président de la société « Provence-Café » et vice-président de la chambre de commerce, Marc Thépot, le brillantissime président de l’Office du tourisme de Marseille, Mme Christine La Rocca, dynamique présidente du comité d’intérêt de quartier de Bonneveine-Vieille Chapelle, Olivier Menetrier, 5ème adjoint au maire du 6/8, délégué à la propreté, la sûreté et l’entretien du patrimoine et Pierre-Edouard Berger, président du directoire de la Société de gestion immobilière de la ville de Marseille.
Tous les membres de cette association réclament à cor et à cri depuis plusieurs années la prorogation de leurs baux commerciaux pour une durée de douze ans, et ils ne parviennent pas à l’obtenir. Tant et si bien qu’ils deviennent aujourd’hui des sortes de squatteurs dans leurs propres locaux et ils ne peuvent ni emprunter les sommes nécessaires pour faire face à la crise sanitaire, ni procéder aux travaux de réfection, ni assurer leurs biens puisqu’ils ne peuvent pas produire de bail en bonne et due forme ! On comprend d’autant mieux la colère et le désespoir de ces professionnels lorsqu’on sait que certains de leurs loyers s’élèvent à 15 ou 16 000 euros par mois et qu’on ne peut durablement dépenser de telles sommes sans la moindre rentrée d’argent et sans le moindre chiffre d’affaires.
« Cette inertie liée au Covid est un cauchemar pour nous tous et nous sommes à votre disposition pour vous accompagner dans toutes vos démarches », a promis Jean-Luc Blanc. Henri Tulimiero a rappelé opportunément que l’Escale était un des seuls lieux nocturnes de Marseille où il n’y avait aucun incident grâce à la vigilance d’une société efficace de sécurité. Marc Thépot, pour sa part, a estimé que l’Escale était la plaque-tournante du tourisme à Marseille et qu’il allait s’évertuer à la promouvoir auprès des touristes, trop enclins à s’intéresser aux seules calanques.
M. Pierre-Edouard Berger, lui, est conscient de « l’instabilité » juridique des commerces de l’Escale mais il ne peut que pousser à la roue pour que l’Etat et les élus se saisissent enfin de cet épineux dossier. M. Menetrier, simple élu de secteur, a indiqué qu’il ferait suivre les doléances à M. Hervé Menchon, adjoint en charge de la Mer, qui, lui, n’a pas daigné se déplacer. Chacun a pu s’exprimer, en particulier sur l’invasion des scooters et leur stationnement anarchique ou l’absence de sanitaires en nombre suffisant ou encore un éclairage défaillant par endroits.
Bref, ce fut une réunion extrêmement utile, en forme de cri d’alarme et d’appel au secours. Henri Tulimiero a conclu les débats en informant l’assemblée d’une convention de partenariat avec les taxis marseillais qui permettra aux clients de l’Escale d’être accompagnés à l’Escale et de retourner chez eux à un prix défiant toute concurrence. « En tout état de cause, a affirmé M. Tulimiero, l’aménagement de ce site doit résulter du choix politique de tous les Marseillais et non pas celui de quelques-uns. »
José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional