Marseille, la double tromperie de l’écologie politique, par Pierre Dussol, professeur agrégé d’économie
Le « Printemps Marseillais » s’est installé à Marseille et son programme est d’une richesse et d’un détail tout à fait réjouissants : tout est nécessaire et possible dans tous les domaines, sans que les contraintes financières puissent être des obstacles à l’évolution vers « l’incarnation nouvelle » d’un monde municipal idéal.
Pourquoi la supposée « vague écologiste » municipale n’aurait-elle pas atteint Marseille ?
Pour la nouvelle mairesse marseillaise, paraît-il écologiste dissidente, l’incroyable programme qui lui a valu 13% pour cent des suffrages marseillais – mais cela a suffi – doit pousser le citoyen à se demander quelle bouillabaisse marseillaise, ou quelle salade russe lui est servie.
Si nous éclairons le chemin, nous voyons une double tromperie .
D’abord les alliances dites « écologistes » ne sont qu’une manœuvre électorale pour capter des voix de gauche socialistes et France insoumise ; l’écologie n’a pas grand chose à y voir.
Ensuite l’écologie punitive progressiste est elle-même largement une tromperie. Cela commence à se savoir.
Commençons par les alliances électorales opportunistes.
Farfelu, cool et rebelle, au premier abord, le programme du Printemps Marseillais est inspiré par l’extrême gauche totalitaire.
On y trouve il est vrai quelques mesures que l’on peut rattacher à des préoccupations écologiques : nettoiement, propreté en général, agriculture « de ville », quelques projets d’espaces verts, l’opportun rappel que Marseille est au bord de la mer, bref on y enfonce des portes ouvertes.
Tout cela est bien aimable, mais tous les candidats le proposent plus ou moins. La phraséologie est lourde, enflée et solennelle puisque nous sommes sommés d’adhérer à un « projet audacieux » et « d’incarnation nouvelle», mais qui proposerait un projet routinier et une incarnation régressive ?
Après ces banalités, viennent des bizarreries, du moins dans un programme municipal, qui plus est fort loin de l’écologie. Ainsi est-il question de « l’altérité vécue comme une chance », ce qui veut peut-être dire qu’il faut unir des talents différents et c’est sans doute pour cela que nous sont proposés pèle mêle une mosquée, la défense des lesbiennes et gays, juste à côté des handicapés (est-ce voulu ?), et enfin la culture hip-hop.
Que cache ce programme ?
La fameuse promotion de la diversité dont on nous rebat les oreilles …s’agit-il de la seule valable, la diversité des talents ? Ainsi à côté des polytechniciens y aurait-il aussi des Centraliens et des HEC, à côté des mécaniciens, des agriculteurs ?
Vient ensuite la lutte contre les discriminations où nous attendrions la lutte contre les brimades bureaucratiques et fiscales qui portent atteinte à la liberté des citoyens.
La délinquance n’est pas oubliée, mais d’ailleurs rien n’est oublié, nous l’avons écrit plus haut, ce sont les méthodes et les moyens qui pèchent.
Derrière ce fatras, gluant d’empathie mal orientée, se trouvent en effet clairement les logiciels habituels de la gauche qui sont répétés inlassablement par le politiquement correct actuel.
Qui oserait se dire raciste, homophobe ou islamophobe dans la France actuelle, mais sont-ce des sujets de politique municipale ? Cela relève de l’Etat et la récupération de ces sujets dans des élections locales ne se comprend qu’à partir des combinaisons électorales destinées à optimiser la « part de marché » de certains démagogues.
On aura compris, l’écologisme confus, et désuet du Printemps Marseillais n’est que tromperie électorale : il ne se comprend qu’avec les ingrédients de la gauche habituelle, partis socialistes ou plus ou moins insoumis.
Les écolos ont besoin du PS, de La France Insoumise et autres mouvements de gauche plus ou moins radicale pour augmenter leur « part de marché politique ». L’inverse est également vrai a-t-on remarqué !
Peut-on alors dire comme l’annonce le programme qu’il s’agit de rompre avec « un système à bout de souffle rongé par le clientélisme » ? (page 3 du programme).
Passons à la seconde tromperie : l’écologie elle-même est-elle une cause aussi pure que l’ont voudrait le croire ?
S’il s’agit d’agir pour la propreté de la ville et d’éviter les gaspillages et que l’on veuille baptiser cela « écologie », admettons .
Si l’on veut en faire une doctrine irréfutable dont seront déduites des actions indispensables pour « sauver la planète », il y a doute.
Nos écologues marseillais – et de nombreux autres – ont-ils eu connaissance de la récente publication de Michel Shellenberger « Apocalypse, jamais » ? (« Apocalypse never », dans l’édition originale)
Ce militant bardé de magnifiques références dans le combat écologiste passe aux aveux. Il aurait menti de façon répétée en exagérant le danger du changement climatique et aurait été depuis des années « alarmiste par peur ». Peur de quoi et de qui ? Peur des représailles de la « bien-pensance » et peur de s’écarter du troupeau sans doute. Tout d’un coup, accablé par des doutes qui le rongent depuis longtemps, il avoue que le vrai moteur de l’action de l’écologie officielle est « l’hostilité envers la civilisation moderne », et peut-être ajouterions-nous, envers la civilisation tout court.
Une longue série de repentirs
Ce repenti récent – mais qui n’est quand même pas le premier – présente ses excuses pour avoir menti, rien de moins. D’autres suivront car c’est nécessaire.
Ce cas est le plus récent d’une longue série de « repentirs » ou de réfutations que l’on commence à mieux entendre.
On se souviendra des travaux de l’historien Emmanuel Le Roy Ladurie sur l’histoire du climat. Il écrivait bien avant la mode du « réchauffement climatique » et ne peut donc être suspecté d’intentions « réactionnaires ».
Les années chaudes, voire caniculaires, ont été nombreuses dans l’histoire des mille dernières années en Europe. Il n’y a pas de tendance visible. Les scientifiques sont loin d’être tous d’accord sur le réchauffement climatique, contrairement à ce que disent les media. Beaucoup de mantras du discours dominant sont remis en cause par des scientifiques comme Richard Lindzen, du MIT, ou Patrick Moore, fondateur de Greenpeace Canada, qui se livre à un véritable acte de contrition pour ses mensonges alarmistes. (Interview dans le magazine Breitbert News). Les travaux de Milankovitch prouvant qu’il existe des cycles climatiques liés aux mouvements naturels de la terre, connus de la NASA depuis plus de cinquante ans, ressortent…
Il faudra sans doute encore d’autres repentis pour que les manipulations faites au nom de l’écologie soient remises à leur place mais espérons que le mouvement va s’accélérer et ce sera au bénéfice des vrais comportements écologiques qui devraient être ceux de tout le monde dans tous les partis et non un sujet de manœuvres électorales pour gauche en perdition.
Si la doctrine écologique veut que l’on évite les pollutions et les gaspillages pour sauver la planète, conseillons aux doctrinaires du Printemps Marseillais de commencer par remédier aux gaspillages budgétaires de leur municipalité : déficits et dettes sont le boulet que traine la ville de Marseille depuis de nombreuses années. Comme la nouvelle équipe n’en est en gros pas responsable, elle peut s’y attaquer énergiquement sans risquer de critique « en boomerang ». Espérons, sans trop y croire qu’elle le fera.
Sinon, il faudra souhaiter aux Marseillais une courte vie à ce trompeur « Printemps Marseillais ».
Professeur agrégé Pierre DUSSOL
Université d’Aix-en-Provence