La vérité ne fait pas peur à Mgr. Jean-Marc Aveline : la messe qu’il a célébrée vendredi au Sacré Cœur à Marseille à l’occasion du trois centième anniversaire de la consécration de la ville au cœur de Jésus lui a donné l’occasion de délivrer un message sans ambiguïté aux élus, ceux qu’on appelait jadis les « échevins ».
Pour cet événement spirituel considérable, nous avons été sidérés de constater qu’aucun élu de gauche ni d’extrême gauche ne s’était déplacé, comme si la peste à Marseille en 1720 avait été un épisode anodin de l’histoire de la ville.
Le vénérable Jean-Claude Gaudin (80 ans), que l’on soutient désormais pour marcher, était présent comme chaque année depuis vingt-cinq ans, accompagné par Martine Vassal, Guy Teissier, toujours fidèle au poste, Valérie Boyer, qui n’a pas honte d’arborer sa croix, Catherine Giner, Robert Assante, Dominique Venturini, Dominique Tian et le président de la chambre de commerce et d’industrie Jean-Luc Chauvin.
Devant l’autel, orné du drapeau de Marseille, les prêtres les plus en vue de la ville étaient présents pour cette concélébration solennelle : Pierre Brunet, Xavier Manzano, Alain Otonello et Jean-Pierre Ellul, curé-recteur de la basilique. L’archevêque de Marseille, nonobstant la présence du maire de Marseille, n’a pas hésité à rappeler les circonstances criminelles qui ont permis la contagion de milliers de Marseillais et la mort de la moitié d’entre eux.
En juin 1720, le premier magistrat de Marseille est aussi son premier échevin : il s’appelle Jean-Baptiste Estelle et, par esprit de cupidité, il va être directement à l’origine de la contagion pestilentielle à Marseille. Son bateau, baptisé « le grand Saint-Antoine », revient de Syrie chargé d’étoffes et de cotons précieux mais il est déjà contaminé : neuf morts à bord. Estelle ne veut pas que sa cargaison aille pourrir en quarantaine sur l’île Jarre. Il demande au commandant du navire de faire escale à Livourne où les autorités italiennes soucieuses de voir ce bateau déguerpir au plus vite lui délivrent un « certificat de fièvre pestilentielle », maladie bénigne qui ressemblerait à une sorte de rhume par rapport à la grippe…
Et quand le bateau accoste au quai du Lazaret, grâce aux relations du premier échevin, la contagion se propage à une vitesse inouïe. Le vil appât du gain a fait entrer le fléau en nos murs. La moitié de la population de la ville (environ 50 000 personnes) va être décimée en quelques mois. Certes, le sieur Jean-Baptiste Estelle aura sauvé sa cargaison pour qu’elle soit débarquée à temps à la grande foire de Beaucaire mais son entêtement criminel aura entraîné un cauchemar sanitaire de deux ans…
Le surgissement de ce qu’on ne voulait pas voir
Je peux vous dire, sans le secours spirituel de Jean-Marc Aveline, que plusieurs radiologues de notre région Sud, ont perçu des anomalies pulmonaires dès les mois d’octobre et novembre, des clichés qui reflétaient des pneumopathies inconnues ou jamais décelées jusqu’ici. C’était déjà les premiers signes du Coronavirus. Et le temps que les grands échevins qui nous gouvernent nous disent la vérité en face, eh bien le mal s’est répandu comme une traînée de poudre. Et nous en sommes à près de 30 000 morts recensés en France…
Au cours de son homélie, Mgr Jean-Marc Aveline a évoqué ce long passage à vide du confinement qui rappelle celui de la peste : « nous avons vécu de surprenants bouleversements dans nos priorités et un dur apprentissage de la non-maîtrise, s’est-il exclamé, nous avons perçu avec frayeur le surgissement bouleversant de ce qu’on ne voulait pas voir et la futilité déconcertante de ce à quoi l’on croyait tenir. Je comprends mieux aujourd’hui l’appel du pape à choisir ce qui importe et ce qui passe… »
C’est exactement le même avertissement qu’a lancé le pape François le 27 mars au plus fort de la pandémie : « nous avons avancé à toute vitesse, en nous sentant forts et capables en tout. Avides de profit, nous nous sommes laissé absorber par les choses et étourdir par la hâte. Nous n’avons pas pris conscience des guerres et des injustices planétaires, nous n’avons pas écouté le cri des pauvres et de notre planète gravement malade. Nous avons continué sans nous décourager, pensant que nous resterions toujours en bonne santé dans un monde malade… »
Comme Mgr De Belsunce en juin 1720, Mgr Jean-Marc Aveline a cru bon d’alerter le peuple de Marseille sur les liens entre crise sociale et crise spirituelle, « surtout lorsque les plus riches ne tirent aucune conséquence du fléau qui les a pourtant épargnés et reprennent de plus belle leur frénésie mégalomane de puissance et d’argent. » Il n’a pas hésité non plus à dénoncer ceux qui ont profité de l’inertie d’une population tétanisée par le coronavirus pour imposer des décisions « lourdes de conséquences dans des zones explosives telles que le Venezuela, l’Himalaya, le Sahel, le Proche-Orient, la Cisjordanie, le Sahel et la péninsule coréenne.»
Qui aura le dernier mot, a conclu Mgr Aveline, la peur ou l’espérance ? La réponse est dans le cœur de chacun.
José D’Arrigo
Rédacteur en Chef du Méridional