Rubirola n’est plus là…

Non, elle n’est plus là Rubirola. Les journalistes marseillais, soucieux d’éclairer la lanterne de leurs concitoyens, l’ont maintes fois invitée à un débat d’entre deux tours avec Martine Vassal, mais elle a obstinément refusé cette confrontation publique de deux visions opposées de Marseille, comme si elle se sentait un peu « juste ». Benoît Payan ne sera pas toujours à ses côtés pour lui sauver la mise et répondre à sa place aux interrogations de la presse. Il est vrai qu’elle a avoué benoîtement à son ami Payan (PS) : « Je suis pas prête… »

Une écologiste de base incapable de répondre à des questions sur l’écologie, ça s’appelle de l’incompétence notoire.

Non, en effet, Rubirola n’est plus là. Elle se défile, elle se défausse, apeurée par la perspective d’endosser un habit trop grand pour elle, elle refuse le combat des mots, la logomachie, premier devoir d’un homme ou d’une femme politique digne de ce nom.

Rubirola, c’est à la fois la Madone du Rouet et la maldonne pour Marseille. Lisette Narducci, maire PRG des 2/3 avait bien repéré son dilettantisme bobo : elle conserve de Michèle Rubirola, élue à ses côtés à la mairie du 2/3 de 2008 à 2014, un souvenir vaguement évanescent. « Elle est sympa, mais ce n’est pas une élue très présente et ce n’est pas une femme de dossiers ». Et paf !

Ce qu’elle préférait la Madone du Rouet, c’était de marier les gens. Il est vrai que c’est sa spécialité le mariage. N’a-t-elle pas réussi à marier de bric et de broc des collectifs d’extrême gauche, le parti pirate, le PS, le PC, et les écolos après qu’ils se furent copieusement écharpés avant le premier tour ?

Tout le monde sait pourtant que ce mariage de raison ne tient qu’à un fil (rouge) et qu’il se disloquera dès la fin du scrutin. Madame Rubirola, vous qui aimez marier les gens le samedi, ne pourriez-vous pas, s’il vous plaît, convaincre Bruno Gilles et Martine Vassal de célébrer leurs retrouvailles après leurs vaines chamailleries ? Pourquoi ne pas les (re)-marier pour conforter le succès de leur camp ?

Elle est sympa Rubirola. C’est la Mamie Nova du yaourt politique marseillais. Elle mêle au lactose des saveurs gauchistes inédites, un arôme révolutionnaire à base de mélenchonisme sirupeux, le tout saupoudré de milliers de HLM dans les quartiers sud et l’accueil de milliers de migrants supplémentaires pour faire de Marseille le premier port d’Europe de l’immigration clandestine… Ben voyons, pendant qu’on y est !

Mme Rubirola, d’origine italienne, a certainement une prédilection pour le « Spritz » politique, un cocktail composé d’Apérol anarchiste, de Prosecco écologique et d’eau gazeuse socialo-communiste. Elle secoue Rubirola, elle secoue ce mélange saugrenu dans son shaker magique et elle en offre, hilare, une rasade à ses nouveaux amis qui parcourent le Panier avec elle bras dessus bras dessous, oubliant qu’ils ne pouvaient pas se voir en peinture il y a seulement trois mois.

Ils sont venus, ils sont tous là, les ténors de la Gauche radicale, les Yannick Jadot, Olivier Faure, Julien Bayou, Eric Piolle, Raphaël Glucksmann, Benoit Hamon, Fabien Roussel, il ne manque que Manuel Valls au tableau, ils sont venus soutenir la…Mamaaaaa Rubirolaaaaa…

« Le Monde » lui-même se pâme avec gourmandise : « cette militante écologiste de 63 ans pourrait mettre fin dimanche 28 juin au règne de la Droite dans la 2eme ville de France », écrit sentencieusement le commis de la rue Solferino (ex-siège du PS).

Vraiment ? « Le Monde » croit-il vraiment que la Madone du Rouet, fût-elle enrubannée dans de la rhubarbe rose et de la cerise griotte, peut satisfaire l’appétit politique des citoyens marseillais dans sa verrine insoumise ? Marseille n’a pas besoin d’une assurance-maladie, ni d’un pantin dont on agite les ficelles à Paris, elle a besoin d’un guide qui a la tête sur les épaules, Martine Vassal par exemple.

Nul ne peut prédire ce qui se passera dimanche soir. Mais si les Marseillais retrouvent leur légendaire lucidité politique, ils feront en sorte d’éviter l’aventure de zozos inconséquents et éliront dimanche soir 49 ou 50 élus de Martine Vassal et 30 ou 31 élus dans le camp Rubirola, ce qui reviendrait à dire très clairement que Michèle Rubirola ne serait pas la prochaine mairesse de Marseille car elle n’a aucune capacité à l’être.

José D’Arrigo

Rédacteur en Chef du « Méridional »