mardi 13 mai 2025
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Face au cancer, Mélanie Paolettoni réinvente la danse de l’espoir

Mélanie Paolettoni © Keuj

Et si la danse pouvait devenir une arme contre le cancer ? À Marseille, Mélanie Paolettoni, danseuse et chorégraphe, réinvente son art pour accompagner les patients dans un parcours de résilience unique. Un projet audacieux, mêlant bien-être physique et mental, qu’elle développe dans plusieurs hôpitaux de la région.

De la scène internationale aux salles d’hôpitaux, Mélanie Paolettoni a trouvé un nouveau sens à la danse. À travers ses cours adaptés aux patients atteints de cancer, qu’ils soient enfants ou adultes, elle aide les corps abîmés à retrouver équilibre et force, et les esprits fatigués à se relever.

Professeure de danse diplômée et pionnière de la danse-thérapie en région marseillaise, Mélanie défend une conviction forte : la danse, bien plus qu’un simple loisir, est un outil puissant de reconstruction. « C’est un langage du corps qui dépasse les mots, un espace de liberté pour celles et ceux que la maladie a enfermés dans leur souffrance. »

Si Mélanie Paolettoni mène la danse, chaque geste est pensé pour répondre à un besoin, pour s’adapter aux limites imposées par la maladie. « J’ai dû tout repenser », confie celle que rien ne prédestinait à relever un tel défi.

Une créatrice dans l’âme

Danseuse professionnelle dès 16 ans, Mélanie a traversé l’Atlantique, écumé les scènes, construit des chorégraphies avec la précision d’une horlogère. « J’ai tout vécu, sauf le mainstream, je n’ai jamais voulu danser derrière des stars. Ce n’est pas mon truc. Moi, je suis une créatrice », dit-elle, avec humilité.

Et puis, il y a quelques années, une proposition vient bouleverser son parcours. Laetitia Padovani, son ancienne élève devenue chef de service en oncologie à la Timone, lui propose un défi : créer des cours de danse adaptés aux enfants atteints de cancer. Mélanie hésite, puis fonce.

C’est cette approche qui l’a poussée à reprendre ses études. « Pour pouvoir accompagner les patient(es), il fallait que je maîtrise les enjeux médicaux. » Elle repasse son bac, s’inscrit en fac de sport et cancer à Poitiers, réapprend tout « pour reconstruire quelque chose de nouveau, en lien avec la maladie. »

Un espace pour respirer

Plus question de chorégraphies spectaculaires ou de scènes prestigieuses. Depuis septembre, loin des blouses blanches, elle offre aux patients une bulle de répit. L’espace dédié de la Timone accueille des adultes à raison de trois fois par semaine et des enfants sur le même rythme. Et à leur rythme !

Dans ses cours, chaque mouvement est pensé, ajusté « pour offrir un vrai cours de danse. » Certaines peinent à lever les bras, d’autres hésitent à poser les pieds à plat. Avec les patientes atteintes de cancer du sein, Mélanie cible particulièrement l’équilibre et le renforcement musculaire. « Les traitements les affaiblissent, surtout les muscles profonds, l’intérieur des cuisses, la posture. Mais petit à petit, elles retrouvent leur centre de gravité, elles se redressent. Elles se reconnectent à leur corps. »

Certes, les traitements ont laissé leurs marques : cicatrices, fatigue, douleurs. Mais chaque cours, elles sont danseuses. Pas malades, pas patientes. Juste des femmes qui apprennent à retrouver leur corps, leur équilibre, leur souffle.

Danser pour se relever

Ce qui a commencé à la Timone s’étend aujourd’hui. Mélanie donne des cours à Saint-Joseph et, dès janvier 2025, franchira une nouvelle étape en lançant des cours adaptés au sein du service d’oncologie du Centre Hospitalier du Pays d’Aix, en partenariat avec la Ligue contre le cancer.

Mais pour elle, rien ne vaut la magie de ces groupes où beaucoup de choses se jouent et se nouent. « Elles se soutiennent entre elles, s’organisent en groupes WhatsApp, s’échangent des chorégraphies, des astuces. Elles reconstruisent une communauté. »

Son ambition est claire : démocratiser la danse-thérapie et faire reconnaître son rôle fondamental dans le bien-être des patients atteints de cancer.

Ce 17 décembre, à la Cité Fab, Mélanie proposera une performance avec ses danseuses, à l’occasion d’une soirée organisée par l’association CanCoon, où se mêleront témoignages, discussions sur la reprise d’activité après un cancer et démonstrations artistiques. Elle y présentera une chorégraphie courte, mais qui dira tout de son travail : la résilience, la force et l’espoir face à la maladie.

Narjasse KERBOUA

Plus d’infos sur la 2ème Table Ronde Cancoon, le 17 décembre, à la Cité Fab Marseille, ici

Sormiou met les gaz pour chauffer Marseille autrement

Quand les eaux usées deviennent une énergie verte. Depuis 2019, l’usine de Sormiou transforme les boues marseillaises en gaz renouvelable. Aujourd’hui, elle passe à la vitesse supérieure avec une production augmentée de 35 %.

Entre les calanques de Sormiou et l’effervescence urbaine de Marseille, une petite révolution écologique se joue en silence. Là où beaucoup ne voient que des eaux usées, l’usine de biométhane y déniche une ressource d’avenir.

Depuis 2019, cette infrastructure transforme les eaux usées de 17 communes en gaz renouvelable, injecté directement dans le réseau public. Une prouesse technologique qui monte aujourd’hui en puissance grâce à une extension stratégique.

Ce biométhane, aussi efficace que le gaz fossile, est pourtant né d’une démarche bien différente : il valorise les ressources locales en misant sur une économie circulaire. Depuis sa création, l’unité de biométhane de Sormiou s’est imposée comme un modèle national, faisant de Marseille un des acteurs phares de l’innovation verte.

Une transformation qui sent bon l’avenir

Les boues issues de la station d’épuration passent par un véritable lifting technologique : épuration, odorisation et transformation en biométhane. Ce processus, qui pourrait sembler ésotérique, permet aujourd’hui de produire 37 000 MWh par an, soit une augmentation de 35 % par rapport à sa capacité initiale. Ces chiffres impressionnants résultent d’un partenariat fructueux entre Seramme – Suez et la Métropole Aix-Marseille-Provence.

« Cette unité de production de biométhane incarne notre ambition de développement durable. Elle soutient une mobilité propre, favorise une transition énergétique et améliore la qualité de vie des habitants », a livré Roland Giberti, vice-président de la Métropole, lors de l’inauguration de l’extension, ce lundi 16 décembre.

4 000 foyers alimentés d’ici 2025

Les résultats concrets sont déjà palpables dans les foyers. Plus de 3 000 ménages du quartier de la Soude, dans le 9e arrondissement, bénéficient d’un chauffage plus écologique. Grâce à cette énergie renouvelable, ces foyers réduisent aussi leur empreinte carbone.

D’ici 2025, l’usine devrait permettre de chauffer 1 000 foyers supplémentaires, portant à 4 000 le nombre de logements alimentés par cette énergie verte.

Avec un investissement de 500 000 euros autofinancé par les ventes de biogaz et des subventions publiques, le projet montre que l’innovation peut être économiquement viable et écologiquement bénéfique. La Métropole affiche une ambition nette : réduire ses émissions de CO2 tout en renforçant son indépendance énergétique.

La Métropole vise désormais d’autres évolutions, notamment des collaborations renforcées avec les bailleurs sociaux pour équiper davantage de foyers ou encore des campagnes de sensibilisation à l’énergie verte auprès des habitants.


Les chiffres clés du projet

  • Production annuelle : 37 000 MWh (soit une hausse de 35 % depuis 2019).
  • Nombre de foyers alimentés : 4 000 d’ici 2025.
  • Investissement total : 500 000 euros, financés par les ventes de biogaz et des subventions publiques (Agence de l’eau, ADEME).
  • Réduction de CO2 : un impact 14 fois moindre que le gaz fossile.

Mayotte dévastée : la Ville de Marseille et la Région Sud lancent des aides d’urgence

illustration of the fishing port Mtsapere in Mamoudzou in the French Indian Ocean island of Mayotte on April 21, 2024. illustration du port de peche de Mtsapere a Mamoudzou dans l ile de Mayotte dans l ocean Indien le 21 avril 2024.
© Alain Robert

Après le passage dévastateur du cyclone Chido sur l’île de Mayotte et l’archipel des Comores le samedi 14 décembre, de nombreuses campagnes de dons et de soutien ont été lancées pour venir en aide aux populations sinistrées.

Avec des rafales atteignant plus de 220 km/h, le cyclone Chido est le plus violent qu’ait connu Mayotte depuis 90 ans. Face à l’ampleur de la catastrophe, les autorités locales redoutent un bilan particulièrement tragique. « Je pense qu’il y aura certainement plusieurs centaines de morts, peut-être près d’un millier, voire quelques milliers », a déclaré dimanche soir, le préfet François-Xavier Bieuville, sur la chaîne publique Mayotte La 1re.

En réponse, la Région Sud a annoncé, dans un communiqué le 16 décembre, sa participation au « fonds de solidarité pour Mayotte », initié par Régions de France : un fonds d’urgence destiné à soutenir les populations affectées par cette catastrophe.

La Région Sud va également lancer « très prochainement un appel aux dons et à la solidarité de chacune et chacun, auprès d’un ou plusieurs acteurs humanitaires identifiés et notamment la Croix-Rouge française ».

Marseille envoie deux médecins et une infirmière

De son côté, la Ville de Marseille a annoncé une première aide d’urgence de 50 000 euros, bien que l’acheminement de dons matériels soit actuellement impossible en raison des conditions météorologiques et des délais logistiques.

Pour apporter un soutien médical et humanitaire immédiat, la municipalité va envoyer deux médecins et une infirmière du Bataillon de Marins-Pompiers de Marseille (BMPM) à Mayotte dès ce mardi 17 décembre, où ils interviendront dans un hôpital de campagne. Par ailleurs, 17 autres membres du BMPM, dont trois logisticiens, sont en alerte et prêts à intervenir sous la coordination de la cellule de crise nationale.

La Ville invite également les Marseillais à participer à l’appel aux dons lancé par la Fondation de France, dont les détails sont disponibles sur son site. Le Secours Populaire a également lancé un appel aux dons et activé un fonds d’urgence de 100 000 euros.

Elle encourage la mobilisation populaire, notamment à travers des initiatives de sensibilisation et de collecte de dons financiers menées par ses bénévoles, dont les enfants bénévoles « Copains du monde ».

Athlétisme – Jean Gracia succède au Marseillais André Giraud à la Fédération française

Le Cannois Jean Gracia, ancien sprinteur, a été élu président de la Fédération française d'athlétisme, avec sa colistière Emmanuelle Jaeger.

Après deux mandats, le Marseillais André Giraud a quitté samedi dernier la présidence de la Fédération française d’athlétisme. Le Cannois Jean Gracia (69 ans) lui succède.

C’est un changement d’époque. Après deux mandats entre 2016 et 2024, l’ancien président de la Sco Sainte-Marguerite André Giraud a quitté samedi 14 décembre son poste de président de la Fédération française d’athlétisme (FFA), avec « le sentiment du devoir accompli ».

À 77 ans, il aspire à « un peu plus de calme ». « C’est le moment de s’arrêter », nous a-t-il confiés récemment. Samedi 14 décembre, André Giraud a donc dirigé sa dernière assemblée générale élective fédérale, dans l’auditorium de l’Institut de monde arabe, dans le Ve arrondissement de Paris.

Garcia récolte près de 42 % des voix

Trois candidats étaient en lice pour lui succéder, lors d’un vote électronique ouvert depuis le 9 décembre aux 2499 clubs français. Grand favori, Jean Gracia a récolté une majorité de suffrages (41,89%), devant Philippe Lamblin (36,27 %) et Bertrand Hozé (21,84 %).

L’ancien président de l’AC Cannes était jusqu’alors vice-président de la Fédération européenne d’athlétisme ainsi que de la FFA. À 69 ans, le Cannois a la volonté de bâtir « un athlétisme à la fois moderne et fidèle à ses racines associatives ».

Robert-Michon et Hurtis élues au comité directeur

Parmi les membres élus sur sa liste Ensemble l’athlé figure la discobole Mélina Robert-Michon, vice-championne olympique en 2016 et porte-drapeau lors de la cérémonie d’ouverture de Paris 2024 aux côtés de Florent Manaudou.

Le nouveau comité directeur compte trois membres issus de la Ligue Provence-Côte d’Azur : Odile Diagana (vice-présidente de Nice Côte d’Azur Athlétisme), Jérôme Nicault (Gap Hautes-Alpes Athlétisme) et Olivier Jean (Aix-en-Provence).

L’ancienne sprinteuse Muriel Hurtis, aixoise d’adoption, est également élue au sein du nouveau comité directeur de la Fédération française d’athlétisme, puisqu’elle figurait sur la liste de Bernard Hozé (Les clubs sont l’avenir de l’athlé).

B.G.


Le port Marseille-Fos contraint de relancer le projet du terminal de croisière de luxe au J4

Après le retrait du consortium initialement formé pour exploiter le futur terminal de croisière de luxe au J4, le Grand Port Maritime de Marseille revoit sa copie. Un nouvel appel d’offres est en préparation et devra être « économiquement plus attractif pour les investisseurs », selon nos informations.

Retour à la case départ pour l’exploitation du terminal de croisière de luxe prévu face au Mucem. La cause ? Le retrait d’un acteur clé, l’Américain Royal Caribbean, via sa marque haut de gamme Silversea, qui a invoqué des raisons économiques pour abandonner le projet.

Cette annonce a été formulée par Hervé Martel, président du directoire du port Marseille-Fos à l’occasion du Blue Summit Forum, le 5 décembre à la Grotte Cosquer Méditerranée.

Cette défection a ébranlé le consortium, initialement retenu pour gérer le terminal et composé de deux autres compagnies : Ponant, la compagnie marseillaise spécialisée dans le yachting de croisière, ainsi que Viking Cruises, qui ont également décidé de se retirer, selon des informations publiées par Le Marin.

Ces entreprises ont estimé qu’elles ne pouvaient pas assumer seules les coûts liés à cette exploitation, en raison notamment des exigences élevées du port, qui vise à terme une centaine d’escales annuelles.

Le port construit la gare maritime

L’appel à projets destiné aux armateurs pour le développement d’un terminal dédié à la petite croisière remonte à décembre 2021 et avait attiré une dizaine de compagnies dont Seabourn, maison-mère de Costa Croisières.

Il comprend la création d’une gare maritime moderne sur l’esplanade du J4, face au Mucem : un site d’environ 20 000 mètres carrés de terre-plein et deux postes à quais de 205 mètres de long pour le poste 94-95. Les infrastructures incluront un branchement électrique à quai et un réseau spécifique pour le traitement des eaux usées des navires, répondant ainsi aux normes environnementales en vigueur.

Malgré l’impasse sur l’exploitation, les travaux de construction de la gare maritime, pris en charge par le Grand Port Maritime de Marseille, sont déjà en cours pour une livraison prévue en 2026. Un nouvel appel d’offres sera bientôt lancé, avec des « ajustements économiques pour rendre le projet plus attractif aux yeux des investisseurs », nous précise le GPMM. Les contours de cette nouvelle mouture devraient être exposés lors du bilan annuel du port fin janvier.

En effet, si le port exige une centaine d’escales à long terme, les prévisions pour 2025 sont « extrêmement positives, avec environ une centaine de croisières déjà programmées ».

Rania GABEL

Fos-sur-Mer : une feuille de route industrielle à l’épreuve des attentes

© Port de Marseille Fos

Décarbonation, réindustrialisation, énergies renouvelables… la feuille de route industrielle pour Fos-Étang de Berre a été présentée au Conseil de la Métropole comme une promesse de transformation. Mais derrière les grands objectifs, les élus locaux, à commencer par René Raimondi, ont rappelé la réalité d’un territoire qui attend toujours des résultats concrets.

Hydrogène vert, éolien offshore, fermes photovoltaïques… Adoptée ce 5 décembre au Conseil métropolitain, la feuille de route industrielle pour Fos-Étang de Berre affiche un objectif clair : faire de ce territoire le cœur industriel vert de la Méditerranée, un modèle d’industrie décarbonée, en ligne avec les objectifs de neutralité carbone fixés pour 2050.

Le document prévoit notamment de réduire de 55 % les émissions de CO2 de la métropole d’ici 2030 grâce à des projets comme Masshylia (hydrogène vert) et Néocarb (décarbonation industrielle), tout en créant 10 000 emplois directs. « Une avancée historique », s’est réjoui Gaby Charroux, maire (PCF) de Martigues, pour un territoire trop souvent relégué au second plan, malgré son poids économique régional. Si l’ambition affichée suscite de l’espoir, elle laisse aussi entrevoir des défis considérables.

L’urgence de décarboner un territoire polluant

L’urgence de réduire l’impact environnemental de la zone industrielle de Fos-Étang de Berre, responsable de 10 millions de tonnes d’émissions de CO2 par an (55 % des émissions de la métropole et 20 % des émissions industrielles nationales), a été mise en avant par Sébastien Barles, élu écologiste de l’opposition.

« Nous détenons ce triste record avec Dunkerque », a-t-il rappelé avec gravité. Mais au-delà des chiffres, l’adjoint au maire de Marseille a plaidé pour un changement de paradigme : « La gigafactory ou méga-usine ne peut donc être le seul modèle d’une réindustrialisation réussie. Si elle peut s’avérer pertinente pour des systèmes de production ayant besoin d’outils volumineux comme les semi-conducteurs, les alternatives de production en circuit court, des modèles de manufacture ou des micro-usines doivent aussi être explorés. »

L’élu écologiste a également souligné l’importance de préserver les espaces naturels dans cette transition, en citant la Camargue et la Crau comme des zones particulièrement menacées. Et pour enrichir la réflexion locale, Barles a proposé d’organiser un voyage d’études à Dunkerque « pour voir ce qui a été fait là-bas ».

René Raimondi : « Venez visiter Fos déjà ! »

René Raimondi, maire (DVG) de Fos-sur-Mer, n’a pas tardé à répondre à cette suggestion avec un soupçon d’ironie : « Venez visiter Fos déjà. Ayez la connaissance de ce territoire à l’ouest ». Et d’inviter les élus métropolitains à sortir des schémas abstraits pour venir constater, sur place, la réalité du terrain en proposant un séminaire local pour confronter les responsables aux attentes concrètes des habitants.

Cette « réserve indienne », comme il la surnomme, incarne à ses yeux l’abandon institutionnel d’un territoire épuisé. « Depuis vingt ans, les habitants réclament des infrastructures, et depuis vingt ans, rien n’a été fait », a-t-il déploré.

Avec 7 500 hectares consacrés à l’industrie sur les 9 000 que compte la commune, Fos est un colosse industriel, mais sur des jambes de bois. Pas de contournement routier, pas d’infrastructures adaptées et des habitants qui peinent encore à voir les bénéfices d’un modèle imposé depuis des décennies.

Mais le maire ne s’est pas arrêté là, pointant du doigt le manque d’engagement lors de dossiers majeurs : « Au lancement de Néocarb, personne. Lors de la concertation sur le raccordement des éoliennes en mer, seuls huit élus de Fos étaient là ».

Les infrastructures comme condition du succès

« Infrastructures routières, ferroviaires, fluviales, portuaires… tout doit être pensé pour accompagner ces transformations », plaide également Gaby Charroux, insistant sur la nécessité d’investir massivement pour garantir le succès des projets.

Autre enjeu soulevé : le risque de retomber dans les travers du passé. « Trop souvent, des querelles entre élus ont bloqué des projets. Aujourd’hui, nous avons enfin une vision commune. Mais il faut veiller à la maintenir », a averti François Bernardini (centre), maire d’Istres.

Le succès de cette transition repose aussi sur l’anticipation des besoins en compétences. Isabelle Campagnola-Savon a insisté sur ce point, tout en rappelant les efforts de collaboration engagés avec la Région et les acteurs économiques. « Les programmes de formation seront adaptés aux nouvelles filières industrielles, tandis que des milliards d’euros d’investissements publics et privés sont attendus pour concrétiser ces ambitions », a souligné la présidente Commission entreprises et membre commission industrie de la Région Sud.

Si la feuille de route industrielle pour Fos-Étang de Berre affiche des ambitions à la hauteur des défis environnementaux et économiques, son succès dépendra de sa capacité à répondre aux besoins concrets du territoire. Des infrastructures aux logements, en passant par la formation et la gouvernance… « On est sur un bon chemin. Mais le temps des discours est terminé. Les habitants veulent des actes. Et vite », a insisté René Raimondi.

Quand l’économie souffre du mal démocratique

Entre dissolution, censure et défis budgétaires, l’instabilité politique inquiète. Report des réformes, chute de la consommation et tensions sur les marchés : décryptage des impacts sur l’économie française.

Une loi de finances spéciale, présentée mercredi dernier en conseil des ministres démissionnaire, sera débattue ce lundi à l’Assemblée. Texte d’urgence pour assurer la continuité des services de l’État, elle prolonge simplement le budget 2024 dans l’attente d’une nouvelle loi de finances proposée par un nouveau gouvernement, en début d’année.

Conséquence : les nouvelles dépenses publiques originellement prévues pour 2025 ne seront pas débloquées, pénalisant les bénéficiaires. De plus, le barème de l’impôt sur le revenu restant inchangé, des centaines de milliers de ménages se verront mécaniquement assujettis du fait de la hausse des revenus (indexés à l’inflation).

D’un autre côté, les retraités verront leur retraite indexée (augmentée de 2,2 %) dès le 1er janvier, et non le 1er juillet, comme souhaité initialement par M. Barnier pour faire des économies.

Certains nouveaux prélèvements prévus ne seront pas exigés, notamment pour les entreprises qui devaient payer la surtaxe exceptionnelle prévue pour combler le déficit, ce qui impactera les recettes fiscales. Pour autant, il y a peut-être plus ennuyeux.

Un frein à la consommation et à la confiance des marchés

L’instabilité politique génère une incertitude qui entraîne d’abord le report d’achats importants par les ménages, donc une baisse de la consommation.

Cela se traduit par de faibles perspectives de croissance du chiffre d’affaires des entreprises, qui hésitent à embaucher et investir, d’autant que la fiscalité à venir est incertaine.

Instabilité rime ainsi avec morosité. Les banques, de leur côté, deviennent réticentes à prêter. Le risque accru de défauts de paiement des entreprises, par exemple, les paralyse… accroissant encore la morosité.

Le marché financier reflète ce manque de confiance par un moindre dynamisme relatif à ses concurrents. Le CAC 40 français, dans sa faible performance relative, semble effectivement avoir intégré la crise politique et son impact sur l’économie française.

L’instabilité politique impacte également la confiance des investisseurs en obligations souveraines (d’État). L’incapacité à voter un budget, alors que la situation financière du pays est très délicate et nécessite des mesures fortes, n’envoie pas un signal rassurant.

Le taux auquel l’État français emprunte a connu des tensions autour de la dissolution le 9 juin dernier, après les résultats des élections européennes.

L’écart (spread) entre le taux allemand et le taux français s’est creusé. La France a emprunté au même taux que la Grèce il y a quelques jours. Les agences de notation pourraient encore abaisser la note du pays, incitant les investisseurs à moins parier sur la France. La conséquence directe serait une capacité réduite à s’endetter et un coût plus élevé.

Des signaux positifs à relativiser

D’abord, concernant le CAC 40, il faut noter, d’une part, la sur-représentation en son sein du secteur du luxe, qui n’a pas connu une bonne année.

D’autre part, le fait que les entreprises du CAC réalisent leur chiffre d’affaires essentiellement à l’étranger (plus de 75 %, avec des marchés américain et chinois en berne) traduit mal, par définition, l’état de l’économie française. Sa « métrique » comporte donc un biais.

Quant au taux d’intérêt souverain, le 10 ans est monté en octobre 2023 bien plus haut que les 2,85 % actuels, à 3,56 %. En outre, la France n’est pas la Grèce : son administration a une capacité à prélever l’impôt tout à fait remarquable (ce qui rassure les créanciers).

Ensuite, concernant les taux souverains, les investisseurs ont déjà intégré dans l’équation… la politique monétaire. Ils parient en effet – sans doute assez correctement – que la Banque centrale européenne ne laissera jamais tomber la France, dont la chute entraînerait un cataclysme.

Et ce, d’autant plus que l’institution de Francfort dispose de nouveaux instruments d’intervention depuis la crise du Covid. Ce pari « évident » rassure encore, naturellement.

Enfin, l’agence Standard & Poor’s n’a pas dégradé la note de la France le 29 novembre : sans doute ne voulait-elle pas, précisément, être à l’origine d’une nouvelle étape de la crise et précipiter la France – et donc la zone euro – dans l’inconnu. Beaucoup parient sans doute que la France arrivera à se réformer.

Instabilité et fractures sociales : un cercle vicieux à briser

Et pourtant… Il ne faut pas minimiser les effets potentiels de cette instabilité. Des réformes sont nécessaires, car la situation financière l’exige. Mais elles doivent être menées intelligemment, dans le cadre d’un véritable débat démocratique. Et c’est précisément sur ce point que le bât blesse : l’expérience récente d’un parlement non-godillot a rapidement montré ses limites.

Cette instabilité politique pourrait, par ailleurs, exacerber les conflits sociaux, en partie liés aux questions budgétaires évoquées, mais également à une crise plus large de la représentativité.

Ces tensions, comme celles de 2018, risquent d’affaiblir davantage l’économie, créant ainsi une spirale infernale où troubles sociaux et fragilité économique se renforcent mutuellement. Il est plus que jamais nécessaire que les Français trouvent un moyen de se parler pour envisager des solutions « ensemble ».

Emmanuel Martin
Economiste à la Faculté de Droit et de Sciences Politique
Aix-Marseille Université

Football – À peine réélu, Philippe Diallo condamne les menaces contre l’arbitre d’OM-Lille

Philippe Diallo, réélu samedi à la présidence de la FFF, condamne les insultes et menaces reçues par Willy Delajod depuis OM-Lille. Photo B.G.

Réélu samedi pour un deuxième mandat à la tête de la Fédération française de football, Philippe Diallo vient au soutien de Willy Delajod, l’arbitre controversé d’OM-Lille, qui entend déposer plainte.

Venu à Aix-en-Provence le 3 décembre dernier dans le cadre de son tour de France, en pleine campagne, Philippe Diallo (61 ans) a été réélu à la présidence de la Fédération française de football, ce samedi 14 décembre. Il a récolté 55,34 % des voix, face à son seul opposant Pierre Samsonoff (44,65%), lors de l’assemblée fédérale élective.

Arrivé à la tête de la 3F en janvier 2023 après la mise en retrait de son prédécesseur Noël Le Graët, Philippe Diallo démarre cette fois un mandat plein de quatre ans, à la barre de la plus importante fédération de France, qui compte 2,4 millions de licenciés.

Il « condamne avec la plus grande fermeté » les menaces et insultes envers Willy Delajod

Diallo aura plusieurs chantiers importants à gérer, tels que l’avenir de Didier Deschamps (dont le contrat court jusqu’en 2026), l’instauration de la VAR en Ligue 2 ou encore la professionnalisation du National pour en faire l’équivalent d’une Ligue 3.

Mais l’actualité a déjà rattrapé le président de la Fédération française de foot : ce dimanche, il a condamné « avec la plus grande fermeté » les insultes et menaces subies par l’arbitre du match de Ligue 1 OM-Lille, Willy Delajod.

Les 64 000 fans de l’Olympique présents dans le stade l’ont copieusement insulté et sifflé, jugeant notamment qu’il avait oublié deux penalties en faveur de l’OM (sur Hojbjerg et surtout sur Rowe) alors que le score était toujours de 1 à 0. Il avait même dû être escorté par un service d’ordre pour rejoindre les vestiaires à la fin du match (1-1).

Samedi soir, l’arbitre Willy Delajod a subi sifflets et insultes de la part du public du stade Vélodrome, obligeant le service d’ordre à l’escorter jusqu’au vestiaire. Photo Alain Robert

Roberto De Zerbi : « L’arbitre n’a pas fait un bon match »

« Le président Philippe Diallo condamne avec la plus grande fermeté les insultes et menaces intolérables, sur les réseaux notamment, dont est victime l’arbitre Willy Delajod », a indiqué la FFF dans un communiqué, précisant qu’elle se constituera partie civile dans le cadre du dépôt de plainte auquel Willy Delajod entend procéder.

Samedi soir, même Roberto De Zerbi avait mis de l’eau au moulin des critiques : « Je crois que l’arbitre n’a pas fait un bon match, qu’il ne l’a jamais eu en main », avait commenté l’entraîneur italien de l’OM, après le match nul de son équipe lors de la 15e journée de Ligue 1.

B.G.

OM – Lille : un point, beaucoup de frustration

Mason Greenwood a été au diapason du collectif olympien contre Lille, combatif et irréprochable dans l'engagement. Photo Alain Robert

Après trois victoires consécutives, l’OM a concédé le match nul ce samedi au Vélodrome face à Lille (1-1), dans une fin de match houleuse. Marseille reste deuxième de Ligue 1, provisoirement.

Le coup était proche de la perfection. Dans un Vélodrome plein à craquer et une ambiance des grands jours, l’OM a bien failli enchaîner une quatrième victoire d’affilée, histoire de passer les fêtes au chaud, à la deuxième place de la Ligue 1.

Mais ce statut de dauphin du PSG ne tient plus qu’à un fil, si Monaco s’impose ce samedi soir à Reims (21h). La faute à une équipe de Lille accrocheuse, qui s’est battue jusqu’au bout et a fini par faire plier Geronimo Rulli, absolument parfait jusque-là, d’une tête décroisée imparable de Diakité, oublié par Adrien Rabiot, à la réception d’un coup franc (87).

Si les hommes de Genesio se sont créé un plus grand nombre d’occasions franches, l’OM n’aurait pas démérité de l’emporter au terme de ce match d’une très grande qualité. Leonardi Balerdi et ses coéquipiers avaient tout (très) bien fait, face à une équipe rompue aux joutes de la Ligue des champions en milieu de semaine.

Rulli a dégoûté David et les attaquants lillois

Quentin Merlin avait ouvert la marque, son premier but sous les couleurs olympiennes, à la conclusion d’une contre-attaque d’école. Bien servi par Rabiot, le piston gauche a d’abord feinté Mukau avant de fusiller Chevalier (1-0, 17).

Lille maîtrisait le cuir, mais Rulli se montrait infranchissable. À plusieurs reprises (7, 25, 53, 78), il a tout simplement dégoûté les attaquants adverses. Jonathan David cauchemardera sans doute longtemps de sa sortie en Provence : le portier argentin l’a mis en échec, lui chipant le ballon des pieds de façon phénoménale, lors d’un face-à-face (11).

Les 64 000 spectateurs avaient alors bien raison de scander son nom. Neal Maupay a été un poison à la pointe de l’attaque, idéal dans le rôle d’empêcheur de tourner en rond. Il aurait pu creuser l’écart peu avant l’heure de jeu (56), mais son tir en angle fermé ricochait sur le poteau après avoir effacé Chevalier.

Des décisions arbitrales suspectes

Malheureusement, le vent a tourné et l’édifice a fini par rompre. La faute amenant l’égalisation fut symbolique d’une fin de rencontre houleuse, entachée de nombreuses fautes (Lirola logiquement expulsé pour un tacle en retard, De Zerbi averti) et de décisions arbitrales pour le moins surprenantes.

Ainsi, Willy Delajod est sorti du stade sous une puissante bronca et escorté, après avoir oublié un penalty évident : il fut le seul à ne pas voir que Rowe avait été poussé dans le dos en pleine surface de réparation, sur l’action précédant le but lillois…

Ce partage des points, au terme d’un choc de haut niveau, ne contente ni l’OM ni le LOSC, bien que les Nordistes prolongent un peu plus leur invincibilité qui s’étire depuis le 17 septembre (16 matchs sans défaite toutes compétitions confondues).

Merlin buteur et « frustré »

« On est frustrés, confirme Quentin Merlin, le buteur olympien du jour. On avait à coeur de continuer sur les choses qu’on faisait depuis trois-quatre matchs. On est tombé sur une très belle équipe de Lille, qui nous a posés beaucoup de problèmes. Comme l’a dit Genesio c’était un match de niveau Ligue des champions. »

En conférence de presse d’après-match, Roberto De Zerbi n’a pas caché son courroux : « L’arbitre n’a pas fait un bon match. Il n’a jamais été en contrôle de son match. Sur le but, il y a un bloc évident sur Leonardo Balerdi. Et je pense qu’un penalty aurait pu être sifflé sur Jonathan Rowe. Je suis désolé mais cet OM – Lille aurait mérité un meilleur arbitrage. »

Malgré tout, qu’il semble loin, très loin, le temps de la catastrophe d’Auxerre (défaite 1-3). L’OM a déployé un jeu flamboyant, discipliné, ce soir contre Lille. La confiance anime ce collectif olympien qui clôt l’année 2024, en championnat, avec une bonne dose de certitudes.

Mais avant de penser aux vacances, les hommes de Zerbi auront un ultime challenge à relever : un 32e de finale de coupe de France dimanche prochain, à Saint-Etienne.

B.G.


OM 1 – Lille 1
Stade Vélodrome. Mi-temps :
1-0.
Arbitre : M. Delajod.
Spectateurs : 64 380.
Buts – OM : Merlin (17). Lille : Diakité (87).
Avertissements – OM : Hojbjerg (86), De Zerbi (90+6). Lille : Diakité (63), Gomes (90+2), André (90+2).
Expulsion – OM : Lirola (90+5).
OM : Ruli – Murillo, Balerdi (cap.), Kondogbia – Luis Henrique, Hojbjerg, Rongier (Cornélius, 75), Merlin (Lirola, 75)– Greenwood (Nadir, 84), Rabiot – Maupay (Rowe, 88).
Entraîneur : Roberto De Zerbi.
Lille : Chevalier – Mandi (Meunier, 65), Diakité, Alexsandro, Gudmundsson – André (cap.), Mukau (Gomes, 65) – Zhegrova (Bakker, 46), Haraldsson (Cabella, 81), Fernandez Pardo (Sahraoui, 65) – David.
Entraîneur : Bruno Genesio.

OM-Lille : les transports en commun adaptés pour gérer l’affluence au Vélodrome

Dès la 70e minute, le Vélodrome a commencé à se vider dans les tribunes. Crédit photo : Rudy Bourianne

Ce samedi 14 décembre, la RTM modifie plusieurs lignes de bus et de métro pour faire face à l’affluence attendue autour du stade Vélodrome, où l’OM reçoit Lille.


Ce samedi 14 décembre, le stade Vélodrome accueillera plus de 65 000 spectateurs pour le choc de Ligue 1 entre l’Olympique de Marseille et le LOSC Lille. La rencontre, prévue à 17h, se jouera à guichets fermés. Conséquence de cet engouement, des embouteillages sont attendus autour du stade, et la Régie des Transports Marseillais (RTM) adapte son réseau pour l’occasion.

Transports : des modifications importantes

Face à cette forte affluence, la RTM annonce des ajustements temporaires de son réseau de bus et de métro pour faciliter la circulation des supporters et des usagers. Ces perturbations concerneront plusieurs lignes stratégiques entre 14h et 19h30.

Métros : service renforcé

• Les lignes M1 et M2 seront renforcées à partir de 14h30.

• La station Périer sera fermée dès 18h30 en direction de Gèze.

Bus : itinéraires déviés

De nombreux arrêts seront temporairement non desservis, notamment autour du rond-point du Prado et de l’avenue Michelet. Parmi les lignes impactées :

Bus B1 : terminus déplacé à proximité de Sainte-Marguerite Dromel.

Bus 22 et 22S : terminus déplacé à Mazargues Étienne Milan, avec plusieurs arrêts supprimés.

Bus 23, 44 et 45 : terminus également déplacé à Mazargues Étienne Milan.

Bus 41 : terminus décalé à Place Delibes.

Bus 72 : terminus déporté à Place de Pologne.

Une liste détaillée des arrêts supprimés et des nouveaux itinéraires est disponible sur le site de la RTM.

Embouteillages attendus autour du stade

En parallèle, des ralentissements sont prévus sur les axes principaux autour du stade, notamment entre Castellane et Mazargues, via le rond-point du Prado. Le quartier de Sainte-Marguerite-Dromel pourrait également être concerné.

La RTM précise que ces mesures pourraient évoluer en fonction des besoins. Les usagers sont invités à consulter le trafic en temps réel sur le site officiel de la RTM ou via ses applications mobiles.

Que ce soit en transports en commun ou en voiture, la patience sera de mise pour les Marseillais, mais l’ambiance promet d’être à la hauteur des attentes dans les tribunes du Vélodrome.