samedi 2 novembre 2024
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Décès de Sofiane Saïfi : « Il avait l’âme d’un boxeur »

© DR NAB15

Le jeune athlète marseillais était déjà un espoir dans le monde de la boxe. Il est décédé il y a quelques jours, victime d’un accident de moto. Le Méridional a tenu à lui rendre l’hommage qu’il mérite.

Ne vous y trompez pas : derrière le fin visage charmeur et le sourire malicieux de Sofiane Saïfi se cachait l’âme d’un champion de boxe. Le jeune sportif marseillais âgé de 18 ans a été fauché à cet âge où on prend la vie à bras le corps, où l’on ne regarde que vers l’avenir. C’était une figure bien connue du Noble Art Boxing du 15e arrondissement de Marseille, « NAB15 » pour les initiés. Et pour cause : il avait la boxe dans le sang. L’un de ses entraîneurs, Farid Mouelhi, se souvient du gamin de six ans qui était entré à la salle, accompagné d’un père tout fier : « Sofiane, c’était un peu le chouchou du club. Sa vie tournait autour de la boxe : à la maison ça parlait boxe, à l’école aussi. Presque tous les jours, il passait ou donnait des nouvelles. » Il prend conscience du vide laissé par son absence : « Il avait ses habitudes : là il avait son sac de frappe, ici la place où il sautait à la corde. »

Sofiane avec son père © DR NAB15

Les entraîneurs du Noble Art Boxing 15, et parmi eux Claude Faur et Farid Mouelhi, avaient bien compris que le garçon avait l’âme d’un passionné, mais aussi celle d’un travailleur acharné. En 2019, après avoir gagné sa première récompense nationale, Sofiane avouait : « Il y a beaucoup de sacrifices derrière cette ceinture. Elle représente beaucoup de choses (…). Le travail ne s’arrête pas là. On va essayer de faire encore plus. » Il est certain qu’il était promis à un parcours brillant. Champion de France junior des – 52 kg, il avait montré son talent au fil des combats organisés partout en France et même au-delà. La preuve ? Au club, il était surnommé « Soso » ou « Sosomachenko », en référence au multiple champion du monde ukrainien Vasyl Lomachenko.

Farid Mouelhi souligne que son poulain était déjà une star marseillaise, un grand espoir de la boxe : « C’était encore un gamin, et déjà un grand homme. »  Le combat du samedi 3 avril organisé aux Mureaux (Yvelines) lui sera dédié.

Jeanne RIVIERE

Le Méridional présente ses condoléances à tous les proches de Sofiane Saïfi.

Spécial start-up: Vivoka, une entreprise française à dimension internationale

Désireux de donner la parole aux talents de l’innovation du territoire français, Le Méridional tend son micro aux pitchers de l’édition 2021 du CES (Consumer Electronics Show). Sommet reconnu et plébiscité, habituellement réuni à Las Vegas, il s’est tenu à distance en janvier. Cela n’a pas empêché les intervenants de lever directement certaines sommes très importantes et beaucoup de contacts. Dans cette démarche, nous faisons notre part en poussant ces belles initiatives.

Vivoka (https://vivoka.com/fr/), start-up créatrice de logiciel de reconnaissance vocale, vient d’intégrer dans son équipe Luc Julia, executive board, l’un des co-fondateurs de Siri (Apple).

Marianne COURTECUISSE

Drogue (I) : une tolérance stupéfiante

Une intervention de police © Pixabay

156 plans stups à Marseille dont 116 dans les quartiers nord, 220 points de vente dans les Bouches-du-Rhône, 1500 à 2000 clients par jour à La Castellane, aux Oliviers et à Campagne Levêque, 60 à 80 000 euros quotidiens de chiffre d’affaires par réseau, des files d’attente ininterrompues de toxicomanes comme au premier jour des soldes dans un supermarché : face à cette pieuvre tentaculaire qui attire des centaines de jeunes oisifs en quête d’un job lucratif, face aux francs-tireurs des « Ubershit and Coke » qui livrent eux-mêmes la drogue à domicile, les policiers sont évidemment impuissants.

Les nombreuses PME du cannabis font désormais marcher à plein régime la principale industrie de la ville : le trafic de drogue. Songez qu’en moyenne, un gérant de plan stups bien placé récolte 20 000 euros de bénéfice net par jour, un chef de vente 550 euros pour huit heures de  « travail », un vendeur 200 euros pour huit heures, un guetteur 100 euros pour huit heures, une « nourrice » 800 euros par mois pour camoufler chez elle de l’argent ou de la marchandise et servir de refuge en cas d’intervention policière. D’autres petites mains du trafic peuvent agrémenter leurs fins de mois avec 200 euros : par exemple, les coupeurs de drogue et les « barricadeurs » qui obstruent volontairement les entrées des immeubles à l’aide de caddies, de poubelles et de barrières métalliques.

Concrètement, face à une telle organisation, les brigades anti-criminalité et les compagnies républicaines de sécurité ne peuvent pas faire grand-chose pour stériliser le trafic. On assiste parfois à des saisies spectaculaires comme par exemple celle de 450 kg de cannabis réalisée le 9 mars 2021 à La Savine mais d’ordinaire les opérations de harcèlement ou de « pilonnage » orchestrées par la préfecture de police n’aboutissent qu’à un résultat temporaire.

Inlassablement, le trafic renaît de ses cendres. Tel l’Hydre de Lerne, plus vous l’anéantissez, plus il se reconstitue. Il serait faux de penser que la police a baissé les bras : en cinq ans, 942 dealers ont été écroués, dix tonnes de cannabis, une tonne de cocaïne, 13 millions d’euros et 450 armes de guerre ont été saisis. Un baron marseillais de la drogue, Karim Berrebouh, a même été appréhendé à Dubaï.

Ces coups d’éclats ne peuvent pas masquer la réalité : la police et la douane n’ont plus les moyens humains et matériels de s’opposer efficacement à cet empire des narcotrafiquants sur Marseille. Le sud de la ville semble moins touché que le nord parce que ses réseaux historiques de La Cayolle, d’Air-Bel ou de La Valbarelle sont tenus par des clans assez stables qui ont l’intelligence de s’approvisionner en drogue auprès de leurs collègues du nord, ce qui est une façon de garantir leur sécurité et de s’épargner des ingérences hostiles.

Mais les beaux quartiers commencent eux aussi à être gangrénés car la cupidité des trafiquants du nord est sans limites : ils jettent leur dévolu sur des plans stups qui végètent et s’efforcent d’en faire des  supermarchés. C’est ainsi qu’ils ont mis la main sur la grouillante cité du Charrel à Aubagne, une OPA qui a entraîné une série de règlements de comptes sanglants.

La « mère de toutes les batailles »

La puissance des réseaux marseillais est si impressionnante que les trafiquants avignonnais, nîmois, varois ou perpignanais n’hésitent pas à les solliciter lorsqu’il s’agit de menacer ou d’intimider des rivaux qui rêvent de les supplanter. En échange de quoi, les voyous marseillais exigent de devenir coactionnaires de leurs trafics ou les obligent à s’approvisionner chez eux.

 » De la cage d’escalier jusqu’à Dubaï, on va s’attaquer aux réseaux, a promis la jeune préfète de police Frédérique Camilleri. Pour moi, c’est la mère de toutes les batailles. On vient, on revient, on pilonne… » Cette stratégie du marteau-piqueur est, certes, louable, mais totalement irréaliste compte tenu des forces en présence.

Les policiers de terrain sont en effet confrontés aux annonces martiales, style karcher, des ministres de l’Intérieur qui viennent à tour de rôle montrer leurs biceps à Marseille sans que leurs propos virils soient suivis du moindre effet. En vérité, plus personne ne les croit. L’Etat manifeste une telle hypocrisie en la matière qu’il donne le sentiment d’organiser lui-même l’impuissance de ses services répressifs.

Les incendies de voitures à Marseille ne datent pas d’hier © Claude Nucera

Quant aux élus de ces quartiers hostiles ou réfractaires, ils sont souvent pris en flagrant délit de collusion avec ceux qu’on appelle improprement les « grands frères » et qui sont surtout de « faux frères« . Chargés en théorie de veiller sur l’éducation des jeunes des cités afin de les intégrer au mieux au sein de la société, ils sont devenus au fil du temps les principaux artisans du trafic de stupéfiants. Les caïds de la drogue ont surtout formé les jeunes à l’irrespect de la police et des lois…

Comme la plupart du temps ces voyous bénéficient d’une double nationalité, ils se réfugient au « bled » au moindre coup de Trafalgar. « Les trafiquants sont pénards, constate un policier des « Stups », leur système est bien en place, il leur est simplement interdit de se faire attraper.  » Il y a quelques semaines, les enquêteurs d’une brigade spécialisée sont intervenus quatre jours de suite dans la même cité colonisée par les trafiquants. Or, le cinquième jour, les marchands d’évasion et d’abrutissement étaient déjà de retour…

Ils sont tellement sûrs de leur impunité qu’ils se permettent de fonctionner comme des entreprises au vu et au su de tous. Certains d’entre eux offrent même à leurs clients les plus fidèles des cartes d’abonnement qu’ils tamponnent à chaque passage pour leur donner droit le moment venu à une dose gratuite de « boulaga ». Une pratique courante dans les grands centres commerciaux ou à la rôtisserie du coin…

Naturellement, les sommes faramineuses collectées par les voyous de la drogue ne sont pas réinjectées le jour même dans les commerces ayant pignon sur rue. Il existe des blanchisseurs patentés, les « sarafs », et même certains banquiers qui ne sont plus très regardants lorsqu’un client débarque avec une valise contenant 200 000 euros en liquide…Ce qui est sûr, c’est que les blanchisseurs occultes d’argent sale parviennent à réintégrer des millions et des millions dans l’économie réelle en suivant des circuits internationaux très élaborés.

C’est là que la perception du trafic change totalement selon qui vous êtes et où vous vous situez. Si vous êtes dans le camp de la loi (juges ou flics), vous serez assez vite désabusé en comprenant qu’on vous demande de vider l’océan à la petite cuillère. Si vous êtes issu d’une famille misérable demeurant dans des territoires perdus de la République, vous ne  refuserez certainement pas les baskets neuves ou les teeshirts de marque qu’un trafiquant viendra offrir à vos enfants en échange de votre silence et de « menus services ».

(A suivre)

José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional

La justice éreinte les frères Guérini

Le palais de justice de Marseille ©DR

Abus de biens sociaux, trucage des marchés publics, pressions, intimidations, favoritisme, destruction volontaire de preuves, usage d’une collectivité à des fins personnelles : Alexandre et  Jean-Noël Guérini, qui avaient fait main basse sur le conseil général des Bouches-du-Rhône dans les années 2000 en ont pris pour leur grade ce mercredi 31 mars devant le tribunal judiciaire de Marseille. Les procureurs de la République Dominique Perrin et Patrice Ollivier-Maurel ont requis contre Alexandre, dit « Monsieur Frère », une peine de huit ans de prison assortie de 500 000 euros d’amende, l’interdiction de gérer une société civile ou commerciale durant cinq ans et la confiscation des importantes sommes saisies sur ses comptes en France et à l’étranger. Les magistrats, peu impressionnés par la constellation d’avocats de renom déployée à la barre, ont requis contre son frère aîné Jean-Noël, 70 ans, ancien président du Conseil Général 13, sénateur socialiste des Bouches-du-Rhône, réélu grâce à l’appui personnel de Jean-Claude Gaudin, une peine de quatre ans de prison dont deux avec sursis, une inéligibilité de cinq ans, 70 000 euros d’amende et la privation de ses droits civiques et civils durant cinq ans.

Les frères Guérini se souviendront longtemps de ce réquisitoire fleuve qui a duré huit heures. Accablés sur leur fauteuil, ils ont écouté sans ciller les explications des magistrats qui ont déroulé toute la pelote de leurs infractions. Ils se croyaient tout-puissants. Au-dessus des lois. Mais la justice est fine mouche : elle a réussi à démontrer leur complicité et leur duplicité dans les affaires dites de La Vautubière et du Mentaure. Grosso modo, c’est Jean-Noël Guérini qui préparait le terrain juridique et politique, et son frère Alexandre tirait les ficelles pour amonceler un profit maximal de l’exploitation des déchets.

Certes, les frères Guérini sont mis aujourd’hui devant leurs responsabilités et l’addition de leurs infractions présumées. Mais douze ans après la commission des faits, n’est-il pas trop tard pour les incriminer ? Il a fallu en effet des années d’instruction par le juge Charles Duchaine, puis trois années de non-instruction par le juge Christine Saunier-Ruellan, puis une reprise du dossier par un magistrat moins politisé, surnommé « la Rolls de l’instruction » : Fabrice Naudé, pour que l’affaire suive enfin son cours normal et s’achève à la barre du tribunal. Ce long feuilleton ne doit pas leurrer les braves citoyens : s’ils sont condamnés, les frères Guérini et leur camarilla d’avocats spécialisés feront appel, si en appel l’arrêt rendu n’a toujours pas mitigé leurs peines, ils iront jusqu’en Cassation et cette affaire va donc encore traîner dix bonnes années sans la moindre issue judiciaire.

Tout ça pour ça ? Pas vraiment. Les apprentis fraudeurs de marchés publics ou ceux qui veulent s’approprier à leur seul profit une institution y réfléchiront désormais à deux fois : la vertu pédagogique du magistral réquisitoire de mercredi fera probablement sentir ses effets à l’avenir. Et il faut espérer que les « pratiques courantes » du Parti socialiste à Marseille durant plusieurs décennies cesseront à tout jamais.

José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional

Décryptons les cryptos : la finance décentralisée

Adrien Geneste, un parcours atypique jusqu’au monde de la blockchain – Ep.1

Après un parcours de journaliste/reporter qui ne le destinait pas à une carrière de communiquant dans la finance décentralisée, c’est à l’issue de ses différentes rencontres en Europe de l’Est qu’Adrien Geneste arrive dans le groupe restreint de personnes à l’origine du projet YIELD App (https://www.yield.app/).

Nous revenons ensemble sur des questions liées à la finance décentralisée (DeFi) et les nouveautés pour l’entreprise YIELD App. Un entretien enrichissant et accessible avec un jeune Français dynamique ayant pris la vague de la NéoFinance quand personne n’en parlait encore.

Marianne COURTECUISSE

Lancement de la Freebox Pro : pour que les entreprises arrêtent de se faire pigeonner?

© Free

A la différence d’opérateurs comme Orange, Bouygues Telecom ou SFR, les offres Free se contentaient jusqu’ici de s’adresser aux particuliers. Un recul pour mieux sauter ? Le 23 mars 2021 a été présentée la Freebox Pro, qui veut séduire tous types d’entreprises.

La Freebox Pro est le fruit de plusieurs années de travail et de réflexion. Les mots d’ordre de ses concepteurs : simple, puissant, complet, économique. Il faut dire qu’encore une fois (on se souvient de la révolution des prix pour les offres aux particuliers, qui incitait les gens à ne plus se faire « pigeonner »), l’opérateur de Xavier Niel a frappé un grand coup sur le marché consommateur : la Freebox Pro est à 49,99 € HT par mois (39,99 € HT par mois la première année), sans engagement, avec un forfait mobile 5G inclus (9,99 € HT par mois pour toute ligne supplémentaire). 

Epauler la digitalisation des entreprises

La Freebox Pro est pensée pour appuyer les entreprises dans leur digitalisation, phénomène qui s’accentue à vitesse grand V, et où la France n’est pas forcément à la pointe (un rapport Free signale ainsi pour exemple qu’il y a aujourd’hui 2 fois plus de TPE digitalisées en Allemagne qu’en France.)

La Freebox Pro développe une connectivité ultra performante et ultra rapide, destinée à rassurer : 100% fibre, elle s’appuie sur la technologie 10G EPON, avec un débit pouvant aller jusqu’à 7 Gbit/s en réception et jusqu’à 1 Gbit/s en émission. Un gros plus : on peut connecter plusieurs dizaines d’appareils simultanément. La sécurité est aussi pensée comme une priorité, au vu de la multiplication des cyberattaques ces dernières années : Wifi invité distinct du réseau interne, protocole de chiffrement WPA3, et prise en charge par un modem externe 4G en cas de dysfonctionnement, pour éviter toute interruption. Un module d’intelligence artificielle intégré à la Freebox Pro permet d’ailleurs de diagnostiquer l’appareil en continu.

Le nouveau boîtier de Free offre également un serveur de stockage de données centralisé (NAS) ; grâce à cela, les fichiers des collaborateurs pourront non seulement être sauvegardés et partagés, mais être synchronisés automatiquement sur le cloud.

Une box conçue pour durer

Au rebours de la fameuse « obsolescence programmée », le géant du télécom promet une durée de vie de la box d’au moins dix ans, avec un maximum de conceptions destinées à réduire l’impact environnemental. Il allie ainsi consommation électrique performante et éco-responsabilité.

Un équipement pour le télétravail ?

Mais le géant n’est pas en reste d’idées : car au-delà de cette box des entreprises, l’opérateur s’attache potentiellement les milliers de professionnels en télétravail. Cela demandera une maîtrise technique aiguë (le réseau sur lequel s’appuiera Free ne sera pas celui que partagent tous les utilisateurs d’un immeuble) mais possible. « Rien n’empêche une société d’équiper ses collaborateurs. Le monde du travail change et cette box, c’est en quelque sorte la box du télétravail », a même déclaré Kevin Polizzi, directeur général du B2B d’Iliad, maison-mère de Free. (Voir l’interview exclusive de Kevin Polizzi donnée récemment au Méridional https://lemeridional.com/index.php/2021/03/04/les-trophees-du-meridional-kevin-polizzi-entrepreneur-de-lannee-2020/). Une offre résolument tournée vers l’innovation et qui veut accompagner les projets des entreprises et des professionnels: un coup de canon de plus dans la révolution Free ?

Jeanne RIVIERE

La vente du stade : un ballon d’enfumage signé Benoît Payan

Le Vélodrome de Marseille (© Pixabay)

La vente du stade est au cœur des préoccupations de la majorité actuelle. Benoît Payan,  maire socialiste de Marseille, clame haut et fort qu’il veut vendre le stade Vélodrome. C’était une promesse de campagne. Pour lui, le stade coûte trop cher au contribuable marseillais. Il cherche à vendre à tout prix, mais assure qu’il ne vendra qu’à la SAS OM. Pourtant, Franck McCourt, l’actuel actionnaire majoritaire de l’OM, n’a pas d’intérêt immédiat à le racheter et même s’il le souhaitait, il n’a pas les finances disponibles pour le faire. Aujourd’hui le stade coûterait selon une estimation 370 millions d’euros. Difficile pour le maire dans ces conditions de respecter sa promesse en l’état actuel des choses. A moins qu’il ne le sache déjà et se contente d’effets d’annonce.

Remontons le temps pour commencer. Nous sommes le 21 juin 2010, la majorité de la mairie de Marseille alors de droite annonce son plan de rénovation du stade Vélodrome en vue de l’Euro 2016 qui aura lieu en France. Il faut pour avoir le droit d’être une ville candidate disposer d’un stade qui réponde aux exigences de l’UEFA. Plusieurs options s’offrent alors à la mairie : financer entièrement les rénovations, emprunter aux banques ou passer par un partenariat public-privé.

 C’est la troisième option qui sera retenue. Et c’est Bouygues Construction via sa filiale Arema qui gagne l’appel d’offre. Cent millions d’euros seront déboursés par Bouygues Construction qui lui seront remboursés sur trente ans par la mairie de Marseille. La mairie à travers ce partenariat s’engage donc sur le long terme avec Bouygues Construction. De plus, par sa filiale Arema, Bouygues sera chargé de la gestion du stade (aujourd’hui récupérée par l’OM). Mais le projet ne s’arrête pas à la seule rénovation du stade, il englobe également la construction d’un complexe hôtelier, d’un centre commercial, d’une clinique du sport, de logements, de bureaux et la restructuration du stade Pierre-Delort. Ce projet global a permis de dynamiser tout un quartier. On ne peut pas forcément évaluer de façon financière les retombées positives qui en découlent. Mais assurément elles sont immenses et ne peuvent en aucune manière être passées par pertes et profits.

Aujourd’hui, ce choix de financement est porté comme un fardeau par la nouvelle majorité dans sa quête de vente du stade. Pourtant sur le papier le partenariat public-privé paraît séduisant. En effet, les collectivités ayant de plus de plus de mal à financer de gros projets en raison de la disette budgétaire et des restrictions financières qu’elle engendre, elles se voient contraintes d’avoir recours à d’autres modes de financement. Le partenariat public-privé qui naît en 2004 semble alors une bonne alternative. Il permet à la collectivité de financer des projets importants en étalant son remboursement sur plusieurs années. Ainsi la collectivité n’a pas à supporter le lourd investissement que cela représente. Le partenariat public-privé présente donc bien des avantages, mais il reste un outil complexe et cet échange entre le public et le privé ne peut masquer les carences de la personne publique.

J’ai contacté M. Richard Miron, ancien adjoint au sport à la mairie de Marseille, qui se remet à peine d’une sévère maladie : « A l’époque, confie-t-il au Méridional, lorsqu’on avait présenté le projet, la majorité actuelle n’avait rien trouvé à redire et M. Payan faisait partie de ceux qui ont avalisé ce mode de financement si décrié par lui aujourd’hui !».

« Il se permet de critiquer aujourd’hui ce choix car sa municipalité de bric et de broc est à la recherche d’actions politiquement symboliques et la vente du stade en fait partie ». A l’époque, en effet, comme le rappelle justement M.Miron, M. Payan ne s’était pas opposé à ce contrat de partenariat. Il n’était donc pas contre un engagement sur le long terme. Ce désir de vouloir à tout prix vendre le stade résulte plus d’un calcul politique que d’une réelle conviction. M.Payan semble dans la forme plus que dans le fond. En témoigne son déplacement à Paris pour réclamer de l’argent au président de la République, une simple action de communication de plus. Cette majorité est habituée à l’enfumage. Ses soutiens nous ont gratifiés d’un rocambolesque changement à la tête de la mairie en permutant les places entre Michèle Rubirola et Benoît Payan. La vente du stade vient s’inscrire dans la même stratégie de communication et semble parfaitement en adéquation avec son électorat.

Au-delà de la réelle pertinence de vouloir vendre le stade, il est toujours plus facile de dire que de faire. Comme évoqué plus haut le partenariat public-privé lie la mairie sur le long terme ce qui rend difficile une vente. Est-ce que la ville vend le stade et continue de payer ses échéances ? Est-ce que l’acheteur rachète le contrat municipal en même temps  ? De plus, la volonté de Benoît Payan de ne vendre qu’à la SASP OM rend impossible la vente sans changement de propriétaire à la tête du club. Soit M.Payan ne pourra pas tenir sa promesse de vendre le stade, soit il ment et il vendra à n’importe qui, soit il est dans le secret des dieux sur la possible vente du club à de mystérieux investisseurs.

Quoiqu’il en soit, ce dossier ne risque pas d’être réglé du jour au lendemain. Le stade qui appartient aux Marseillais ne doit pas être bradé. Le stade et la ville sont indissociables. Dans une société où l’argent est roi, il est important de garder des repères et des symboles. Pour construire l’avenir il faut s’appuyer sur les fondations du passé. Alors pour nos amis les comptables qui ne voient dans le stade qu’une ligne de plus dans la colonne des charges je laisserai M. Miron leur répondre : « le stade est le deuxième monument le plus visité à Marseille après Notre-Dame-de-la-garde. C’est un symbole de notre ville. Demain s’il est vendu à X ou Y rien ne nous dit qu’un projet immobilier ne verra pas le jour à sa place et qu’un nouveau stade ne sera pas construit à l’extérieur de la ville ». A bon entendeur…

Mayeul LABORDE

Christophe Longo, patron de « La Joïa » à Aix: « Nous sommes devenus les discos du cœur »

Joia Club

Comment peut-on survivre treize mois sans le moindre revenu ? Telle est la question que pose Christophe Longo, patron de la discothèque « La Joïa » à Aix-en-Provence et président d’un collectif qui regroupe une centaine de gérants de discothèques de la région Sud et de la Corse. « On meurt les uns après les autres dans l’indifférence générale », s’indigne M. Longo qui déplore 300 dépôts de bilan en un an en France. Les patrons de boîtes n’ont pas le sentiment d’être entendus par les pouvoirs publics et ne voient pas le bout du tunnel. Ce désintérêt est-il lié à la suspicion du gouvernement à l’égard des professionnels de la nuit ? En tout cas, Christophe Longo se bat comme un lion et espère une réouverture rapide des établissements. Il a bien voulu répondre aux questions du Méridional.

– M. Longo, comment pouvez-vous tenir le coup sans la moindre recette ?

Nous bénéficions de prêts garantis par l’Etat pour compenser notre absence de chiffre d’affaires et nous avons droit également au chômage partiel pour nos employés. La Joïa a été indemnisée normalement l’an dernier, mais depuis le mois de décembre je n’ai pas perçu le moindre euro de l’Etat. Je suis obligé de jongler avec le peu de trésorerie qui me reste. Moi, si je perds ma boîte, je perds aussi ma maison et une vie d’économies consacrée à ma passion de la nuit.

Pourquoi ce blocage des aides du gouvernement ?

Je pense que je subis les conséquences d’un contrôle fiscal pour lequel j’ai fait appel et cette procédure bloque l’octroi des prêts. Tant et si bien que je ne pourrai bientôt plus payer ma dette fiscale ni rembourser les prêts qu’on m’a attribués l’an passé. Pour moi, c’est une double galère.

Vous avez été reçu à plusieurs reprises par M. Alain Griset, le ministre chargé des petites et moyennes entreprises. Pourquoi ne comprend-il pas votre détresse financière ?

– Pas du tout, il la comprend très bien. Nous avons engagé le dialogue avec lui car c’est un homme de bonne volonté. Mais comme la plus belle femme du monde, il ne peut donner que ce qu’il a et pour l’instant, on se contente de remplacer de la dette par de la dette.

Comment faites-vous pour payer le loyer de La Joïa alors que vous n’avez aucun moyen autorisé de rentabiliser votre affaire ?

J’ai beaucoup de chance : comme j’ai toujours payé mon loyer rubis sur l’ongle, la propriétaire m’a offert deux mois de loyer. D’autres gérants, eux, sont pris à la gorge et 400 d’entre eux sont sur le point de mettre la clef sous la porte car ils ne peuvent plus payer ni leur loyer, ni les charges patronales, ni l’Urssaf.

Pourquoi ne proposez-vous pas un protocole sanitaire strict pour être en mesure de rouvrir vos établissements ?

Mais c’est exactement ce qu’on a fait. Nous avons proposé de supprimer les pistes de danse pour éviter toute promiscuité, nous renouvelons l’air de la discothèque toutes les sept minutes grâce à un système d’extraction, notre service d’ordre est capable de faire respecter le port du masque pour toute circulation à l’intérieur de la boîte, nous sommes même prêts à accepter la moitié moins de clients pour respecter les distances nécessaires entre les tables, mais rien n’y fait. Le gouvernement semble oublier que nous représentons 40 000 emplois en France et que de nombreux professionnels tels que les brasseurs ou les alcooliers sont touchés par ricochet. Notre collectif de professionnels revendique désormais un protocole sanitaire allégé tenant compte des progrès quotidiens de la couverture vaccinale.

Comment expliquez-vous ce mépris des autorités à votre égard ?

Nous souffrons depuis longtemps d’une prévention négative et d’une réputation sulfureuse, sinon on permettrait aux clubs comme le mien qui disposent d’un extérieur de rouvrir sans le moindre risque. Cette stigmatisation des lieux de fête n’est pas nouvelle alors que la gestion de nos clubs est désormais transparente. Le gouvernement doit comprendre que personne n’empêchera les gens de faire la fête cet été dans des soirées clandestines où les risques de propagation du virus sont énormes. Il devrait faire confiance aux professionnels ainsi qu’aux parents des étudiants qui œuvrent de concert pour sécuriser au maximum le déroulement des soirées. Je comprends d’autant moins cet ostracisme que nous sommes très contrôlés, très surveillés, très responsables et, chez nous, les risques de foyers de contamination sont quasiment nuls.

Votre opération « escargot » sur l’autoroute A 51 en octobre 2020 n’a  pas abouti à grand-chose. Pourquoi n’imitez-vous pas les taxis marseillais qui ont bloqué la gare Saint-Charles à l’aide de 800 voitures pour protester contre la concurrence déloyale des Uber ?

Une telle manifestation de force est impensable pour nous car nous sommes moins nombreux et très légalistes. On vend du plaisir, on vend de la fête et nous sommes considérés comme une activité peu sérieuse. En réalité, les jeunes sont en sécurité chez nous et nous voulons simplement savoir avec précision quand nous pourrons rouvrir et dans quelles conditions sanitaires.

N’êtes-vous pas les victimes collatérales acceptables du Coronavirus ?

Oui, c’est vrai. Le syndicat national des discothèques et des lieux de loisir a mis en garde le gouvernement contre la multiplication des débordements festifs cet été dans des lieux clandestins. Nous nous insurgeons contre une fermeture arbitraire qui pénalise des centaines de professionnels passionnés par leur métier et des milliers d’étudiants qui n’ont plus nulle part où aller et sont guettés par le syndrome de la claustration obligatoire. Nous sommes effectivement les victimes collatérales acceptables de la crise sanitaire.

Est-il exact que vous organisez des distributions de repas gratuits pour les étudiants dans le besoin ?

– Oui. Nous sommes devenus les « discos du cœur ».  A force de fréquenter les étudiants nous avons noué avec eux des relations amicales et nous nous sommes rendu compte qu’ils ne mangeaient pas tous les jours à leur faim. Voilà pourquoi avec notre généreux collègue d’Avignon Bokaos, Christian Bandikian et tous les membres de notre collectif, nous avons organisé en mars de grandes distributions de repas gratuits à proximité de la cité universitaire à Aix.

Propos recueillis par José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional

En attendant la réouverture de La Joïa, retrouvez chaque semaine les vidéos de « Joïa le jour » sur Facebook et Youtube.

Automobile: comment bien préparer l’achat d’une voiture d’occasion?

Les conseils de Revelauto – Ep.2

Pour préparer l’achat de votre véhicule d’occasion, suivez les conseils de notre partenaire Revelauto.

Conseil n°2 : la vérification de la carrosserie.

Décryptons les cryptos: blockchain, un nouveau jeu face aux économies traditionnelles

L’interview de Julien Bouteloup, cryptologue – Ep.2

Julien Bouteloup, entrepreneur français, est à la tête de plusieurs fonds d’investissement liés à la finance décentralisée (Stake Dao, Rekt, BlackPool…). Il prête son œil de cryptologue pour analyser la façon dont le secteur blockchain est en train de s’imposer face aux économies traditionnelles.

Marianne COURTECUISSE