Le tribunal de commerce d’Aix-en-Provence a placé en redressement judiciaire une entité du campus d’innovation thecamp, installé sur le plateau de l’Arbois, près d’Aix-en-Provence.
La décision est tombée une semaine après l’audience tenue devant le tribunal de commerce d’Aix-en-Provence. Sollicitée par la direction actuelle de thecamp, la juridiction a ouvert une procédure de redressement judiciaire ciblant la société chargée des activités liées aux startups, distincte de la structure immobilière. Un administrateur judiciaire a été nommé afin d’examiner les perspectives de redressement et de préserver les emplois, estimés à une trentaine, selon les précisions du président du tribunal, Philippe Verdun, cité par La Provence.
À l’origine du recours au tribunal, un passif pharaonique de 28 millions d’euros, contracté par l’équipe fondatrice avant la reprise de theamp en juillet 2022 par Kevin Polizzi, président de Unitel Group. Ce dernier avait injecté environ 50 millions d’euros pour relancer ce site atypique, imaginé par l’entrepreneur Frédéric Chevalier, disparu tragiquement peu avant son ouverture en 2017.
Des débuts prometteurs aux difficultés structurelles
Pensé comme un campus d’innovation de rang mondial, à la croisée des chemins entre formation, recherche, nouvelles technologies et prospective, thecamp a longtemps peiné à trouver un équilibre. Une partie de ce modèle reposait sur des activités spécifiques désormais abandonnées. « La seule société de l’univers de thecamp touchée par cette mise en redressement judiciaire est celle portant les activités historiques du site, activités que nous avons stoppées depuis », nous précise Stéphane Soto, PDG de thecamp.
Déjà placé une première fois en redressement judiciaire en 2021, thecamp avait alors cumulé plusieurs millions d’euros de dettes, dont une large part auprès des collectivités publiques : 5 M€ pour la Région Sud, 5 M€ pour le Département des Bouches-du-Rhône, 5 M€ pour les territoires d’Aix et de Marseille, et 1 M€ pour la CCI Aix-Marseille Provence. S’y ajoutent 7 M€ de dettes liées aux prêts garantis par l’État (PGE) et à des créances fiscales et sociales.
La direction avait demandé la liquidation de la société concernée, mais le tribunal a opté pour un redressement judiciaire, « considérant que d’autres pistes pourraient être explorées », ajoute Stéphane Soto.
Une activité relancée mais un héritage trop lourd
Depuis sa reprise, thecamp a engagé un repositionnement stratégique, recentré sur l’événementiel et l’accueil de formations ou de séminaires d’entreprises. En 2024, le campus a accueilli plus de 120 000 visiteurs et organisé près de 800 événements. Son chiffre d’affaires atteint 10 millions d’euros, avec un objectif de 12 M€ en 2025. Deux millions d’euros de travaux ont également été budgétés pour remettre les infrastructures en état.
Kevin Polizzi, qui porte plusieurs projets dans les domaines du numérique et de la transition, continue d’afficher sa confiance dans le potentiel du lieu. « Thecamp se porte bien et sera à l’équilibre d’exploitation cette année, ce qui est une première ! » souligne Stéphane Soto. Mais il tempère : « En l’état de ses infrastructures, elle ne pourra pas générer beaucoup de chiffre d’affaires, et donc de marge, supplémentaire. » D’où la nécessité de rationaliser les structures juridiques et d’anticiper les prochaines étapes.
Cette procédure vise à offrir un cadre permettant de protéger les emplois et de structurer un rebond sur des bases assainies. « Thecamp tourne à plein régime et les perspectives sont très encourageantes », insiste Stéphane Soto. Reste à traduire cette dynamique en modèle économique durable, dégagé du poids des errements passés.
N.K.