À un an des municipales, François Bayrou relance la réforme du mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille. Objectif affiché : garantir un suffrage direct du maire. Une refonte qui divise, suscite l’opposition de nombreux élus et risque d’enflammer le débat politique.
Le Premier ministre veut aller vite. Très vite. Ce lundi 3 février, à l’heure du déjeuner, François Bayrou a reçu Sylvain Maillard et David Amiel, les deux députés parisiens auteurs de la proposition de loi qui chamboulerait le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille (PLM).
Un projet dans les tuyaux depuis des mois, déjà repoussé plusieurs fois, et que le chef du gouvernement veut cette fois imposer dans l’agenda parlementaire. Objectif : un examen à l’Assemblée nationale dès la troisième semaine de mars, puis un passage au Sénat avant l’été.
Le calendrier est serré. Les élections municipales sont fixées en mars 2026, et la tradition veut que toute modification du mode de scrutin intervienne au plus tard un an avant l’échéance. « Le processus aura été lancé un an avant », tente de rassurer un acteur du dossier cité par Le Parisien. Mais dans l’opposition, on dénonce une manœuvre à la hussarde.
Pour Bayrou, lui-même maire de Pau, le système actuel est un archaïsme. Il juge aberrant que Paris, Lyon et Marseille échappent à la règle nationale du « un habitant = une voix ». Aujourd’hui, dans ces villes, le maire est élu indirectement par les conseils municipaux, eux-mêmes issus d’un système où les majorités d’arrondissement influencent lourdement l’issue finale.
Le remède avancé ? Un double scrutin : une urne pour choisir son maire d’arrondissement, une autre pour désigner directement le maire de la commune. Une révolution.
Une fracture jusque dans la majorité
Le projet suscite des tensions autant chez les opposants que dans la majorité. Certains considèrent cette réforme comme une avancée vers une meilleure représentativité, tandis que d’autres y voient une mesure précipitée à quelques mois des municipales.
L’absence de concertation approfondie inquiète et plusieurs voix alertent sur les conséquences possibles d’une telle refonte sur le paysage électoral local. Malgré ces résistances, François Bayrou affiche sa détermination et entend mener à bien son projet, quitte à provoquer un bras de fer au Parlement.
L’opposition de Renaud Muselier et d’autres élus
Parmi les détracteurs de cette réforme, Renaud Muselier, président (Renaissance) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, dénonce dans La Provence, un « tripatouillage » et un « mépris pour la province ». Il estime que modifier le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille reviendrait à ignorer les autres grandes villes du pays et renforcer le poids des états-majors parisiens.
Le maire de Marseille, Benoît Payan, s’est toujours déclaré favorable à une réforme du mode de scrutin, estimant que les trois plus grandes villes françaises ne devraient pas être traitées différemment des autres communes. D’autres élus comme Franck Allisio, du Rassemblement national, y voient une opportunité pour une meilleure représentativité des électeurs.
La droite, notamment à Marseille, redoute que cette réforme serve à arranger les découpages électoraux et modifie les dynamiques locales en faveur des partis au pouvoir. L’opposition s’organise donc pour contrer cette réforme, qui risque de cristalliser encore davantage les tensions politiques à un an du scrutin municipal.
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