Sauvage Méditerranée trop indomptable pour le business show de M6

Contactée par Qui veut être mon associé ?, Sauvage Méditerranée pensait avoir sa place sous les projecteurs. Mais sans promesse de rentabilité, l’intérêt s’est envolé. Sur LinkedIn, l’association raconte son histoire avec humour et rappelle que l’impact ne se mesure pas toujours en dividendes.

Un message privé, une invitation à pitcher. Sauvage Méditerranée a cru, un instant, que la lumière allait se braquer sur son combat. Celui des déchets qui deviennent bijoux, des plages qui se nettoient à la force des citoyens, des commerçants qui troquent des achats contre des sacs de plastique ramassés. Mais visiblement, sur M6, l’impact écologique ne fait pas recette s’il ne fait pas de chiffre.

L’histoire, c’est l’association, basée à Aix-en-Provence, qui l’a racontée sur LinkedIn. Elle commence par une surprise : un message d’un membre de la production de Qui veut être mon associé ?.

L’émission de M6, où des entrepreneurs ont 1 minute 30 pour convaincre des investisseurs d’ouvrir leur portefeuille, s’intéresse à Sauvage Méditerranée. « Bonjour, je travaille pour l’émission Qui veut être mon associé ? et je suis à la recherche de projets inspirants et porteurs de causes fortes comme Sauvage Méditerranée. »

« Qui veut être mon mécène »

L’opportunité semble belle. Sauvage Méditerranée, c’est une tonne de déchets recyclés par an, une monnaie locale qui transforme chaque kilo de plastique ramassé en moyen de paiement, un atelier où des filets de pêche deviennent des bijoux. Mais il y a un hic. « En apprenant qu’on était une association et qu’il n’y avait pas de bénéfice à faire avec Sauvage (en dehors de protéger l’environnement qui nous entoure of course), la rédaction a freiné aussi sec. »

À M6, on s’intéresse aux modèles économiques qui rapportent. Pas aux monnaies locales adossées à la préservation de l’environnement. Alors, Sauvage Méditerranée tente une proposition. « Transformer leur émission en Qui veut être mon mécène, juste le temps de notre passage, pour surprendre et voir la réaction du jury. »

L’idée : tester si un investisseur serait prêt à financer un projet sans en attendre un centime. Silence en régie. « En investissant pour l’environnement et sans demande de contrepartie, ils auraient pu envoyer un message très fort aux millions de téléspectateurs qui auraient été devant leur poste de télé ce soir ! Mais que nenni, pas de rentabilité financière pour les actionnaires, pas de passage chez QVEMA. »

Pas de prime-time, donc. Mais Sauvage Méditerranée ne semble pas en faire un drame. « On est quand même flatté d’avoir retenu leur attention et on ne désespère pas que les règles de l’émission évoluent dans les prochaines années. »

Une histoire qui s’écrit sur le terrain

En attendant, l’association continue de faire ce qu’elle sait faire : transformer les déchets en ressources et prouver qu’une autre manière de créer de la valeur est possible.

Fondée en 2018 par Emmanuel Laurin, Sauvage Méditerranée s’est donnée pour mission de revaloriser les déchets sauvages collectés sur le littoral méditerranéen. Son atelier d’Aix-en-Provence fonctionne comme un laboratoire où plastiques, filets de pêche et autres résidus marins sont transformés en objets du quotidien, du bijou à la médaille en passant par le porte-savon.

Le projet repose sur un réseau d’associations partenaires, qui alimentent l’atelier en matières premières, évitant ainsi que ces déchets ne finissent à l’incinération.

Mais Sauvage Méditerranée ne s’arrête pas là. Avec la Monnaie Sauvage, elle pousse encore plus loin son idée d’un cercle vertueux : un kilo de déchets ramassé donne droit à une pièce à échanger contre des produits ou services dans des commerces responsables.

Une alternative économique qui, testée lors d’événements, a déjà permis de convertir des centaines de kilos de plastique en pouvoir d’achat durable.

Chaque été, l’association installe ses créations sur les marchés de La Ciotat et d’ailleurs, prouvant que l’économie circulaire peut exister en dehors des circuits classiques. Ses bijoux fabriqués à partir de déchets marins trouvent leur public, tout comme ses collaborations avec des entreprises souhaitant donner du sens à leurs objets promotionnels. Trop sauvage pour la télé, assez libre pour continuer.

N.K.