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Recruté en prêt de l’AC Milan juste avant la clôture du mercato lundi, le milieu international algérien Ismaël Bennacer a été séduit par le projet de l’OM. Le natif d’Arles (27 ans) se dit « très pressé » de porter le maillot olympien. Ce devrait être le cas dès dimanche, à Angers.
À l’instar de Luiz Felipe Ramos (passé par la Lazio Rome) et d’Amar Dedic (Bosnien comme Miralem Pjanic, l’ancien Juventini), les dirigeants de l’OM – en premier lieu Medhi Benatia, ex-joueur de la Juve) ont fait jouer leurs nombreuses connexions en Italie pour attirer dans leurs filets Ismaël Bennacer. Quatrième et dernière recrue du mercato hivernal, le milieu de terrain de 27 ans, international algérien aux 50 sélections avec les Fennecs, est prêté par l’AC Milan avec option d’achat pour la fin de saison.
Né à Arles et formé à l’ACA, il a fait ses premiers pas en professionnel sous le maillot du feu Arles-Avignon, en janvier 2015, pour un match de coupe de France perdu face au Red Star (2-1) inscrivant le seul but de l’équipe alors dirigée par Victor Zvunka.
Il découvre la Ligue 2, puis file à Arsenal parfaire sa panoplie, à seulement 17 ans. Empoli puis surtout l’AC Milan, depuis 2019, l’ont fait passer dans une autre dimension. Vainqueur de la coupe d’Afrique (2019), champion d’Italie (2022) et tout récemment lauréat de la Supercoupe d’Italie, Ismaël Bennacer débarque à l’OM bardé de titres et d’expérience sur la scène internationale.
Ravanelli : « Il va apporter beaucoup, sur le terrain et dans le vestiaire »
Ce que n’a pas manqué de saluer Fabrizio Ravanelli, le conseiller institutionnel et sportif de l’OM, ce mercredi : l’ancien attaquant italien était particulièrement enthousiaste au moment de présenter aux médias le nouveau numéro 22 olympien.
« Pour s’imposer au Milan, ça veut dire qu’il est costaud mentalement, car ce n’est pas chose aisée. Il a montré son caractère, son état d’esprit, apprécie Ravanelli. Sa qualité principale c’est le physique. Il est aussi très fort à la récupération du ballon, dans la passe. Il va apporter beaucoup de choses, non seulement sur le terrain mais aussi dans le vestiaire. On croit énormément en lui. »
Dans les embouteillages entre l’aéroport de Marignane et Marseille mardi, « Penna Bianca » a pu sonder plus personnellement Ismaël Bennacer. Et là non plus, il ne tarit pas d’éloges : « Je me suis vraiment amusé à découvrir une personnalité extraordinaire, avec beaucoup d’humilité, comme tous les champions. Sa mentalité m’a touché. Je suis vraiment fier d’avoir un tel joueur dans l’effectif ».
D’un ton posé, calme, l’intéressé a parsemé ses propos de sourires face à la presse. Comme s’il profitait de chaque instant. Lui qui a « toujours été supporter de l’OM », sa joie d’être enfin, à 27 ans, un Olympien pouvait se ressentir et se lire dans ses yeux. Interview.
Vous avez été accueilli dans une ambiance de folie mardi à l’aéroport de Marignane, comment l’avez-vous vécu ?
C’était une journée riche en émotions, ça m’a beaucoup touché. C’était même trop ! Ça correspond à la mentalité du club, les supporters donnent envie de faire de grandes choses.
En tant qu’Arlésien de naissance, était-ce important pour vous de porter un jour ses couleurs ?
J’ai toujours été supporter de l’OM étant petit. Quand on habite près de Marseille, il n’y a pas d’autres clubs que l’OM. On m’a proposé un projet vraiment intéressant, on peut le voir avec ce que fait la direction et sur le terrain. Medhi (Benatia, le directeur du football) m’a appelé, on avait déjà eu des contacts l’été dernier, ça ne s’est pas fait à la dernière seconde. J’ai eu du temps pour réfléchir. J’ai toujours voulu jouer ici durant ma carrière, ça a toujours été dans un coin de ma tête. Aujourd’hui, je l’ai fait et je suis très, très, très pressé de porter le maillot.
Le milieu de terrain est un secteur très fourni, avec Hojbjerg, Rongier et Rabiot. Comment allez-vous vous insérer ? Que vous a dit Roberto De Zerbi ?
En effet, il y a des très bons joueurs au milieu de terrain dans l’équipe ; le coach m’a parlé du projet, de sa philosophie, comment il voulait m’utiliser aussi. On n’est pas entré dans les détails, parce qu’on attendait l’officialisation. J’ai toujours apprécié De Zerbi, je voulais jouer sous ses ordres dans ma carrière et c’est magnifique que ça se concrétise ici.
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Vous aviez eu des contacts avec l’OM, pourquoi votre venue ne s’était pas concrétisée à ce moment-là ?
Je revenais d’une blessure importante (opération du genou en mai 2023), je voulais me concentrer sur mon retour en forme. Un nouveau coach aussi est arrivé à Milan (Paulo Fonseca en juillet, débarqué fin décembre), il comptait sur moi, le club aussi. C’était compliqué de partir. On n’a pas approfondi les discussions, tout simplement.
Vous avez aussi subi une opération au mollet droit en septembre. Dans quelle forme êtes-vous ? Pourrez-vous être dans le groupe dès dimanche pour le déplacement à Angers ?
Au niveau de ma santé, ça va très bien. Ça fait à peu près un mois et demi que je suis revenu. Je suis à 100% maintenant. Si je suis disponible pour un match, c’est que je suis prêt à tout donner. Je n’ai pas encore disputer 90 minutes et je ne les ai peut-être pas encore dans les jambes. Mais je me sens très bien physiquement.
J’ai joué dimanche (1-1 contre l’Inter, sorti à la mi-temps), je vais m’entraîner aujourd’hui et je serai dans le groupe dimanche. Une chose est sûre, je ne suis pas venu ici pour faire autre chose que gagner, d’essayer de performer.
« Les objectifs sont clairs. Ce ne sera pas facile mais ce sera encore plus savoureux quand ce sera atteint »
Comme vous le rappeliez, le projet de l’OM est ambitieux ; pensez-vous pouvoir concurrencer le PSG et à terme lutter pour le titre ?
Bien sûr ! Moi j’ai déjà gagné des titres. J’espère apporter mon expérience dans ce domaine. Et si je suis là , c’est pour des objectifs clairs, pas pour être deuxième ou troisième. Quand on est un joueur de Marseille, la mentalité c’est d’essayer de gagner tous les matchs.
Paris est une bonne équipe mais on est en train de construire quelque chose de nouveau et de fort. Les objectifs sont clairs. Ce ne sera pas facile mais ce sera encore plus savoureux quand ce sera atteint.
Selon Zlatan Ibrahimovic, le directeur sportif de l’AC Milan, vous avez bien fait comprendre au club que vous vouliez vraiment partir. Confirmez-vous ?
Oui, personne ne m’a dit de venir. Si je suis là , ce n’est pas parce que le Milan ne me voulait plus. Bien au contraire. C’est vraiment ma volonté. J’ai fait part à la direction de mon envie de venir à l’OM et pas un autre club. Je suis très content d’être là .
En tant que provençal, il est parfois compliqué d’assumer et de s’imposer à l’OM. Ce fut le cas récemment avec Iliman Ndiaye. Comment vous préparez-vous à gérer l’entourage, les sollicitations ?
Je suis très clair avec mon entourage : mon travail est très important, il y a des sacrifices à faire et j’en fais tous les jours. Je ma famille quand je dois la voir, on a des vacances pour cela aussi. Je suis quelqu’un de très rigoureux, très ambitieux, très sérieux dans mon travail et le fait que je sois à côté de ma famille ne me perturbera pas. Au contraire parce que de temps en temps, voir mes parents ne pourra me faire que du bien. Je suis vraiment focalisé sur mes objectifs.
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Avez-vous passé des essais à l’OM étant jeune pour intégrer le centre de formation ?
À Arles, je n’ai pas eu forcément de formation parce qu’il n’y a pas de centre. Du coup, je suis allé à Arsenal pour finir ma formation ; j’ai eu envie d’évoluer en équipe première, je suis parti à Empoli. Je ne suis venu à Marseille qu’à l’époque de Bielsa, il me voulait, avec un beau projet aussi, avant que j’aille à Arsenal.
« C’est le club de mon cÅ“ur. L’OM a toujours été quelque chose d’exceptionnel »
Quels souvenirs avez-vous du Vélodrome ?
Je devais avoir 8-9 ans, avec un collègue et son père on était venu voir un Marseille – Nantes. Sinon, je regardais tous les matchs à la télé, c’est le club de mon cÅ“ur. L’OM a toujours été quelque chose d’exceptionnel.
J’ai joué ici il y a deux ans en amical (31 juillet 2022, 0-2 pour Milan), j’étais de l’autre côté, c’était quelque chose d’exceptionnel. Je n’imagine pas comment ce sera si je suis du bon côté.
Mardi, pour votre arrivée à l’aéroport, il y avait beaucoup de drapeaux algériens. Venir dans une ville où il y a une grosse communauté algérienne a pu compter dans votre choix ? Est-ce que ça peut ajouter de la pression aussi ?
Non, ça n’a pas forcément compté dans mon choix. Et tant mieux. Mon choix s’est porté sur le projet, sur le club en lui-même, la présence du coach aussi. Niveau pression, vous savez, quand on joue en Algérie… On parle du Vélodrome, mais l’Algérie aussi, c’est pas mal en termes de pression.
Amine Gouiri est lui aussi arrivé durant ce mercato, vous allez retrouver un coéquipier en équipe nationale…
C’est important en termes d’intégration. Amine est un très bon garçon, très respectueux, très talentueux, un bon joueur. Je connais pas mal d’autres joueurs dans le groupe ; c’est important, j’espère que mon intégration se fera du mieux possible.
L’hiver prochain, la Coupe d’Afrique des nations se disputera au Maroc. Venir à Marseille était une opportunité pour mieux la préparer ?
Non, chaque chose en son temps. Peu importe où je suis, la Coupe d’Afrique concerne l’équipe nationale. Mais bien sûr que Marseille va m’aider pour performer en équipe nationale. Ça me fait plaisir parce qu’on sait le lien qu’il y a entre Marseille et les Algériens et l’Afrique en général.
Qu’attendez-vous de votre collaboration avec Roberto De Zerbi ?
Je sais que de par sa philosophie, il recherche des joueurs qui ont mon profil : avoir la possession, garder le ballon, gagner aussi. Ce n’est pas forcément vraiment ce que j’ai connu à Milan ; en Italie, ce sont beaucoup de tacticiens, pas forcément portés sur la possession, ni sur le rôle des milieux.
La présence De Zerbi et de Medhi a été très importante dans mon choix. Il faut savoir convaincre et Medhi l’a bien fait, même s’il y avait une grande volonté de ma part.
Avez-vous conscience que vous pouvez représenter un produit d’appel pour le club ? Votre pedigree, à l’instar de Rabiot, peut faire en sorte que d’autres grands joueurs soient attirés et renforce la solidité du projet ?
Je m’en rends compte et j’espère même que ça permettra d’attirer des plus grands joueurs encore. Marseille est une grande équipe. Et qui dit grande équipe, qui dit grands joueurs. Moi je ne me considère pas comme un grand joueur, mais il y a une belle, une très belle équipe ; si d’autres arrivent par la suite, ce ne sera que bénéfique.
Recueilli par B.G.
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