Un an après sa création, Une Génération pour Marseille se structure encore un peu plus. Le collectif, qui rassemble des élus de droite et du centre, se pose en alternative au Printemps marseillais et affiche clairement sa volonté de changer la donne en 2026.
C’est un collectif qui ne craint pas le poids des mythes. Une Génération pour Marseille se rêve en Hercule moderne, prêt à nettoyer les écuries d’Augias de la deuxième ville de France. Douze travaux pour tourner la page du Printemps marseillais et renvoyer Benoît Payan, maire (DVG) à ses oripeaux de la gauche éparse.
2607 signatures pour l’acte fondateur, 4100 participants aux événements, 12 composantes (Horizons, Renaissance, LR…) rassemblées dans leur bureau politique. Un an après sa création, le collectif rassemble ses forces, affûte ses thèmes et revendique haut et fort son ambition : changer la donne en 2026. La droite marseillaise, éclatée après 2020, veut reprendre du terrain.
Et c’est à Une Table au Sud, l’écrin gastronomique de Ludovic Turac, que le collectif a choisi de muscler son discours devant la presse. Une adresse de choix pour un menu au goût d’alternative : sécurité, propreté, urbanisme, développement économique… Pour Une Génération pour Marseille, la majorité municipale a failli sur tous les plans.
Six visages pour impulser une dynamique
Le diagnostic est sévère. La liste des griefs avancée par les six porte-paroles du collectif, six figures aux parcours différents, réunies par une même volonté de rupture, est longue.
Les co-fondateurs, Romain Simmarano, directeur de cabinet de Renaud Muselier et président d’Une Génération pour Marseille, et Sandra Blanchard, avocate et secrétaire générale, portent la dynamique. À leurs côtés, Sylvain Souvestre, maire (LR) des 11e et 12e arrondissements, Marion Bareille, maire des 13e et 14e et conseillère régionale, Sylvain Di Giovanni, conseiller départemental (LR) et président de Marseille Provence Unie, et Marine Pustorino, conseillère municipale, départementale et métropolitaine.
Un collectif qui se veut offensif face à une municipalité qu’ils jugent dépassée. « L’insécurité a explosé et la mairie refuse d’exercer ses prérogatives en matière de tranquillité publique », dénoncent-ils.
Vidéoprotection sous-exploitée, police municipale mal coordonnée, incivilités non sanctionnées : Marseille serait livrée à elle-même. « 250 amendes dressées pour incivilités liées aux déchets à Marseille chaque année, contre 2 300 à Nice », pointe Romain Simmarano. Un écart qui illustre, selon eux, l’absence de volonté politique.
Conséquence directe sur l’état de la ville et son centre particulièrement : « Marseille est la ville la plus sale de France, alors même que la Métropole dépense plus que toutes les autres grandes villes », martèlent-ils. Trop facile, selon eux, de rejeter la faute sur la Métropole, dont c’est la compétence, lorsque la mairie refuse de faire respecter les règles.
Quant aux plans d’urgence lancés ces derniers jours, avec les opérations anti-vente à la sauvette à Noailles à un peu plus d’un an des élections, ils y voient moins une prise de conscience qu’un réveil tardif dicté par l’échéance électorale.
Pour porter la voix de @GenerationMRS : six porte-paroles entrent dans la bataille ! ⚡️
— Une Génération pour Marseille (@GenerationMRS) January 31, 2025
Engagés depuis le premier jour, prêts à porter nos idées, une vision pour Marseille. Pour un vrai changement !#Cadoitchanger pic.twitter.com/xm5SXUDDzk
« Ça doit changer ! » Plus qu’un credo, un label militantiste
L’urbanisme ? Des projets structurants gelés pendant cinq ans, avant des volte-face jugées tardives, notamment sur le tramway. « Il a vu la Vierge », raille Marine Pustorino, sur les revirements de la mairie sur certaines infrastructures. « Le commissariat des 13e et 14e arrondissements ne verra le jour que grâce au Département et aux financements conjoints de l’État et de la Région », appuie la maire de secteur Marion Bareille.
À cela s’ajoute le retard pris sur le Plan Marseille en Grand et la passivité supposée de la municipalité face à la désertification commerciale du centre-ville. « Ils ont regardé partir les Galeries Lafayette sans plan de sauvetage », déplorent-ils. La Ville, accusée d’être absente face à la crise économique et sociale, se contenterait de slogans et d’événements festifs. « Nous aussi on aime les fêtes, mais Marseille mérite mieux qu’un simple organisateur d’événements. »
« Des annonces, toujours des annonces », raille Sylvain Souvestre, qui fustige l’absence de dialogue avec la Ville malgré les courriers, les mails, les tentatives de contact et les pigeons voyageurs, ironise-t-il.
Tous dénoncent un immense gâchis. « Par simple idéologie, le Printemps marseillais n’a fait que casser ce qui fonctionnait avant », fustige encore Marine Pustorino. Un « amateurisme » pointé du doigt par Sylvain Souvestre, qui dit avoir espéré malgré son étiquette politique « qu’un maire jeune ferait de la politique autrement ». Mais pour eux, Marseille ne s’est pas seulement enlisée. Elle a reculé.
Alors « ça doit changer ! » Plus qu’un credo, un label militantiste sous lequel ils entendent structurer une opposition offensive au Printemps marseillais.
Douze travaux, douze défis pour redresser la ville
Critiquer, d’accord. Proposer, c’est mieux. Une Génération pour Marseille veut imposer des solutions. Douze travaux, douze défis pour « redresser la ville ». La sécurité est un thème qu’ils refusent de laisser préempter par l’extrême droite.
Le collectif plaide pour une vidéoprotection renforcée avec reconnaissance faciale dans les zones sensibles, un déploiement de drones pour une couverture plus large, pour lutter contre l’insécurité, quitte à bousculer le cadre législatif ou encore des des sanctions drastiques contre les incivilités.
Dans ses douze travaux, le collectif décline aussi ses ambitions sur d’autres secteurs-clés. Le port de Marseille doit, selon eux, retrouver un rôle central dans l’économie de la ville. Le commerce, notamment en centre-ville, doit être redynamisé. La culture ? « Retrouver nos racines, créer pour rayonner ». Le sport avec une meilleure structuration et un soutien aux clubs amateurs…
Au-delà des étiquettes
Loin d’être une simple alliance de circonstance, le collectif se veut une force politique à part entière. « Nous faisons de la politique ensemble, mais nous ne sommes pas des ‘béni-oui-oui’ », tranche Marine Pustorino. Une indépendance assumée, renforcée par la diversité des parcours et des sensibilités au sein du groupe. « Nous ne sommes pas toujours d’accord », reconnaît Marion Bareille, avant que Sylvain Di Giovanni ne conclue : « C’est notre force : des parcours différents, des expériences variées, mais une même ambition pour Marseille. »
Ils rappellent à qui veut l’entendre que les deux présidents d’institution auxquels ils sont sans cesse associés ont remporté deux élections en leur nom propre. Eux revendiquent une dynamique indépendante et rejettent l’étiquette d’héritiers.
Quant aux rumeurs d’un rapprochement entre la présidente de la Métropole et Benoît Payan, alimentées par la candidature de Renaud Muselier dans le 6-8, ils les balayent : « Il ne faut pas confondre dynamiques institutionnelles et dynamiques politiques », assène Romain Simmarano. « Jusqu’à la dernière seconde de leur mandat, Martine Vassal et Renaud Muselier chercheront des solutions avec le maire de Marseille, c’est leur rôle. Mais la bienveillance institutionnelle n’exclut pas la lucidité politique. »
La règle d’or !
Pour structurer son projet, le collectif mise sur une grande consultation des Marseillais. Elle sera menée par Najat Akodad (ex-LaRem), ancienne candidate aux législatives face à Manuel Bompard (LFI), Pierre Robin, élu du groupe Une Volonté pour Marseille et et Gérard Blanc. « Nous voulons associer les Marseillais à la construction du projet, avec une méthode innovante, qui sort des consultations traditionnelles et impersonnelles. »
Objectif ? Faire émerger un programme pensé pour être appliqué dès le lendemain des élections, quitte à arriver avec des délibérations déjà prêtes. Histoire d’éviter les écueils du tribunal administratif auxquels fait face la Ville. Leur règle d’or ? « Celui qui propose doit dire où il trouvera l’argent », martèlent-ils. Car les Marseillais, eux, ne se satisferont plus d’un simple catalogue de promesses.
Reste une inconnue majeure : qui portera le projet en 2026 ? Ils assurent ne pas être là « pour jouer des coudes », mais pour bâtir une alternative crédible, en rassemblant leurs différentes composantes avant de désigner un leader. Un choix qui devra se faire au bon moment, dans un contexte politique mouvant où l’équilibre est clé.
Le collectif sait qu’il va « prendre des coups ». « On n’est pas des enfants de chœur, on est rodés à ça. » À 400 jours des municipales, Une Génération pour Marseille va renouer avec le terrain, aller au contact, retrouver le goût pour l’affichage.
Dès ce mois février, des affiches viendront marteler leurs messages dans les rues à l’instar de ce « 85% des Marseillais déclarent vivre l’insécurité au quotidien. » Et au final, c’est une question simple qu’ils posent aux Marseillais : « Qui peut dire qu’il vit mieux à Marseille en 2025 qu’en 2020 ? »
Narjasse Kerboua
Les six porte-paroles du collectif Une Génération pour Marseille
Romain Simmarano, président du collectif Une Génération pour Marseille (36 ans)
Sandra Blanchard, secrétaire générale du collectif Une Génération pour Marseille (38 ans)
Sylvain Souvestre, maire des 11e et 12e arrondissements de Marseille, référent de Cap Marseille (43 ans)
Marion Bareille, maire des 13e et 14e arrondissements de Marseille, conseillère régionale (42 ans)
Sylvain Di Giovanni, conseiller départemental, président de Marseille Provence Unie (40 ans)
Marine Pustorino, conseillère métropolitaine, conseillère départementale, conseillère municipale de Marseille (36 ans)