Avec un investissement de 80 millions d’euros, la Ville de Marseille va se doter d’un réseau de chaleur urbain unique en France, déployé dans les quartiers Nord.
Marseille, les tuyaux ne charrient plus seulement l’eau. Désormais, ils porteront une promesse : celle d’une chaleur renouvelable, respectueuse de l’environnement et des habitants. Et les quartiers Nord sont le théâtre de cette petite révolution énergétique.
Ce jeudi 12 décembre, le conseil municipal a voté un projet unique en France : le Réseau de chaleur urbain Nord (RCU Nord), qui repose sur 70 % d’énergies renouvelables.
Avec un budget de 80 millions d’euros, la Ville espère prouver qu’une transition énergétique est non seulement nécessaire, mais possible.
Le réseau, long de 28 kilomètres, doit connecter, d’ici à 2032, 17 000 équivalents logements : des habitations, des écoles, des établissements publics comme l’hôpital Nord.
Trois sources d’énergie, au mix soigneusement pensé, alimenteront l’ensemble : la biomasse, le solaire thermique et la thalassothermie – autrement dit, la chaleur de l’eau de mer. Un procédé déjà éprouvé dans la zone Euroméditerranée, où la boucle d’eau de mer Thassalia assure chauffage et climatisation depuis plusieurs années.
Ce réseau devrait permettre de réduire de 80 % les émissions de gaz à effet de serre des bâtiments raccordés. Autre promesse : des économies sur les factures énergétiques, estimées entre 9 et 15 % pour les ménages concernés, avec des tarifs garantis sur vingt ans.
Objectif : 50 000 logements d’ici 2030
« Ce réseau, c’est une réponse à l’urgence climatique, mais aussi un outil de justice sociale. Aujourd’hui, on parle de quartiers où le chauffage coûte cher, où l’électrique ou le fioul dominent encore. Demain, ce sera de l’énergie propre et abordable », justifie Sébastien Barles, élu EELV, dans l’hémicycle municipal.
L’élu écologiste voit aussi dans ce chantier une manière de réaffirmer les ambitions du plan « Marseille 2030 objectif climat », qui vise une réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre de la ville d’ici six ans. « Nous changeons le paradigme énergétique de la ville », a-t-il martelé, non sans souligner les deux autres projets similaires à l’étude à La Rose et dans les quartiers Sud.
• Un réseau autour de La Rose, dans les quartiers nord-est, qui viserait à desservir des copropriétés et des équipements publics pour étendre les bénéfices des énergies renouvelables à d’autres secteurs populaires.
• Un réseau dans les quartiers Sud, centré sur les hôpitaux Sud et la future ZAC Vallon de Rémy, combinant desserte résidentielle et soutien aux infrastructures hospitalières.
Ces initiatives visent à connecter 50 000 (équivalents) logements d’ici 2030.
Un déploiement progressif
Le RCU Nord sera déployé en trois étapes clés :
• 2028 : 10 800 logements équivalents seront raccordés dans le 15ᵉ arrondissement (autour des quartiers La Solidarité, Kallisté et La Savine).
• 2030 : une extension vers La Castellane et La Bricarde, pour atteindre 15 200 logements équivalents.
• 2032 : connexion au 16ᵉ arrondissement et au littoral, avec une centrale thalassothermique au port Saumaty.
Avec ces projets, Marseille veut affirmer son ambition de devenir un modèle en matière de transition énergétique. Une initiative qui, si elle tient ses promesses, pourrait redéfinir le rapport des habitants à l’énergie.