Neuf défis, des lauréats innovants et une mission commune : réinventer le port de Marseille Fos. Entre IA, énergies vertes et solutions écologiques, les start-up s’attaquent à la transformation durable du port.
Le Smart Port Challenge #5, c’est un peu comme une grande réunion de famille, version high-tech et décarbonée. Marseille, ce 23 octobre 2024, voit défiler des start-up et des grands comptes de l’industrie, prêts à s’attaquer à des défis aussi complexes qu’ambitieux.
Leur terrain de jeu, c’est le port Marseille Fos. Et pour la cinquième fois, tout ce petit monde se retrousse les manches pour réinventer la façon dont on gère le trafic maritime, l’énergie des vagues ou encore la biodiversité en zone portuaire.
Derrière cet événement, une organisation bien rodée : la CCI Aix-Marseille-Provence, le Grand Port Maritime de Marseille (GPMM) et Aix-Marseille Université (AMU). Ensemble, ils pilotent ce programme d’innovation pour faire émerger des solutions concrètes au service de la transition écologique et numérique.
Le Smart Port Challenge s’appuie aussi sur l’implication de grands acteurs industriels locaux, et le soutien de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, tous déterminés à faire de Marseille-Fos un modèle de port intelligent et durable.
Le principe du Smart Port Challenge ? Assembler de grands groupes et des petites pousses innovantes, leur soumettre des problématiques costauds à résoudre, et voir ce qui en sort.
Cette année encore, 9 défis ont été lancés, et ils sont taillés sur mesure pour repousser les limites de l’innovation. Le but ? Transformer le port, le rendre plus écolo, plus connecté, et surtout plus résilient face aux enjeux climatiques et économiques.
Intelligence artificielle et optimisation du trafic
Parmi les lauréats, Himydata, une start-up de Sophia-Antipolis, s’est attaquée à la modernisation de Neptune, le logiciel vieillissant du port. Sa mission : injecter de l’IA pour que ce vieux loup de mer devienne le capitaine 2.0 de la gestion portuaire, rendant chaque escale plus rapide et fluide.
Pharaday, eux, jouent dans la cour des grands avec leur expertise en IA appliquée au transport maritime. Leur défi ? Optimiser les opérations de navigation en prévoyant les besoins en ressources (lamaneurs, remorqueurs…) pour chaque navire. L’objectif : une arrivée et un départ des cargos sans accroc, en parfaite symphonie.
Dans cette partition orchestrée par les données, DMSLOG.Ai propose une symphonie verte avec CMA CGM en copilote. Basée à Marseille, la start-up veut transformer les routes encombrées de camions en corridors intermodaux « verts », où train, barge et camions décarbonés cohabitent pour réduire l’empreinte carbone des flux de marchandises.
Logistique écologique et gestion des eaux
Le challenge ne s’arrête pas là. Pour le défi de la cyclo-logistique fluviale, deux lauréats se partagent la scène : River Connect et Synchronicity, aidés par Voies Navigables de France.
River Connect réinvente le transport fluvial avec des petites barges automatisées qui glissent sur les canaux jusqu’au cœur des villes. Synchronicity, de son côté, mise sur des solutions de cyclo-logistique pour livrer les derniers kilomètres, toujours en mode zéro émission.
Et quand il s’agit de verdir les infrastructures portuaires, Source Urbaine répond présent, épaulé par Colas & Bouygues. Leur concept ? Transformer l’eau de pluie en ressource pour rafraîchir les espaces bétonnés du port, avec des solutions végétalisées qui transforment les zones chaudes en véritables poumons verts.
Dépollution et énergie renouvelable
Avec la Compagnie Nationale du Rhône à leurs côtés, Envisol, pour sa part, préfère creuser le sujet, au sens propre. Leur spécialité : l’analyse rapide et fiable des sols pollués, un travail de fourmi pour aider à la reconversion des friches industrielles. Le but ? Redonner vie à des terrains délaissés, tout en maîtrisant les coûts et les délais de dépollution.
Dans la catégorie « transition énergétique », Re.Sol et INEO Tinea se font les avocats des énergies renouvelables avec CVE en allié. Ensemble, ils planchent sur un parc solaire adapté aux zones humides, un défi de taille pour allier panneaux photovoltaïques et respect de la biodiversité locale. L’idée ? Préserver les écosystèmes tout en produisant de l’énergie propre.
Et dans cette course à l’innovation, il y a HACE, qui surfe littéralement sur les vagues. Leur technologie houlomotrice promet de transformer les mouvements de la mer en électricité renouvelable, une solution idéale pour alimenter les infrastructures du port sans intermittence. Après 20 ans de recherches, ils comptent bien faire plus que des remous dans le secteur, mais le révolutionner, poussés par Bouygues Énergies & Services.
Améliorer l’expérience des passagers
Enfin, Mktxdatos Europe SAS s’attaque au défi de l’expérience passager au port de Marseille Fos, avec le GPMM et les compagnies Corsica Linea et La Méridionale. L’objectif : fluidifier les flux de passagers grâce à une solution numérique qui optimise les parcours et améliore le suivi des voyageurs. Le but ? Offrir aux passagers un passage sans stress et aux autorités une gestion optimale.
Le Smart Port Challenge, c’est aussi un marathon : 5 sprints pour chaque tandem start-up/grand groupe, sur six mois, histoire de transformer les idées en prototypes concrets. La ligne d’arrivée ? Juin 2025, avec la présentation des solutions lors du Smart Port Day #5.
À la clé, 15 000 euros pour chaque projet lauréat, mais surtout, la promesse de faire partie de la transformation écologique et digitale d’un port qui, à Marseille, n’a jamais cessé d’être au centre des échanges.