Philippe Korcia (UPE13) : PGE, dette, fracture sociale… l’urgence d’unir nos forces

Lors de la conférence de presse précédant le Forum des entrepreneurs, Philippe Korcia, président de l’UPE13, a abordé les défis économiques majeurs du pays. Entre le remboursement des PGE, une dette publique écrasante et une fracture sociale qui s’aggrave, l’appel à l’action est urgent.

Intelligences. C’est la grande thématique du prochain Forum des entrepreneurs organisé comme chaque année par l’UPE13 (et nous y reviendrons plus en détails).

Car la présentation de cette 24e édition, qui se tient le 10 octobre au stade Orange Vélodrome, est intervenue par hasard au lendemain du discours de politique générale du Premier ministre à l’Assemblée nationale.

Et il y a tant à dire des mots de Michel Barnier face aux maux – nombreux – des entreprises. Alors, l’occasion était bien sûr prétexte à prendre de la hauteur.

PGE à quel prix ?

Philippe Korcia a dressé un état des lieux sans concession de la situation économique et sociale du pays, avec des conséquences locales évidentes. Impossible pour le patron de l’UPE13 d’aborder la situation des entreprises sans parler des PGE.

Ces Prêts Garantis par l’État, qui ont permis de sauver des milliers d’entreprises pendant la crise sanitaire, représentent aujourd’hui une véritable épée de Damoclès. « Il y a cinq ans, j’avais prévenu que la dernière année du PGE serait la plus difficile à rembourser, et nous y sommes », affirme-t-il. Les trésoreries se tendent, les entreprises peinent à suivre et les perspectives d’investissement s’amenuisent.

Selon lui, près de 90 % des entreprises remboursent déjà leurs PGE, mais à quel prix ? « Cela se fait au détriment de l’investissement, des augmentations salariales et de la capacité des entreprises à se développer à l’international », alerte-t-il.

Une dette publique écrasante

Autre défi majeur : la dette publique. « Quand la première dépense d’un État, c’est le remboursement des intérêts de sa dette, c’est mort », souligne-t-il avec gravité.

Avec 3 000 milliards d’euros d’endettement, la France est dans une situation dangereuse. Il s’étonne d’ailleurs de l’absence de réponse claire lorsqu’il demande comment l’État compte rembourser cette dette abyssale. « Une dette, ça se rembourse, que ce soit pour une entreprise ou pour un État », insiste-t-il, rappelant ses 14 années à la tête de la chambre commerciale du tribunal de commerce.

Philippe Korcia s’interroge également sur les mesures récentes annoncées par Michel Barnier dans son discours de politique générale, notamment la volonté de faire contribuer davantage les grandes entreprises à la réduction du déficit public.

Sur le principe, il n’est pas opposé à l’idée, mais il se demande où le gouvernement fixera la limite : « Parle-t-on des entreprises qui réalisent plus d’un milliard d’euros de chiffre d’affaires ou ce seuil sera-t-il abaissé ? ».

Sa crainte : que des entreprises (locales), qui ne font pas partie des géants de l’économie, soient concernées par ce nouveau tour de vis fiscal. « Est-ce que cette mesure va vraiment rester provisoire ? », s’interroge-t-il, faisant allusion aux réformes fiscales qui, souvent, ne sont jamais annulées.

Il rappelle que ces entreprises subissent déjà de lourdes charges et une hausse des coûts de production, et qu’il serait contre-productif de les pénaliser davantage.

Infrastructures et développement économique

L’un des dossiers majeurs soulevés par Philippe Korcia lors de cette conférence concerne les infrastructures, et plus particulièrement le projet de ligne à haute tension de 400 000 volts.

L’avenir de cette ligne entre le Gard et Fos-sur-Mer crée des tensions, notamment dans le pays d’Arles, et reste suspendu à de nouvelles études.

Ces retards risquent de pousser les entreprises à délocaliser leurs projets vers d’autres territoires, avec des conséquences potentiellement désastreuses pour l’économie locale. « Sans cette ligne, on bloque l’implantation de grandes entreprises et on freine la création de milliers d’emplois », déplore le chef d’entreprise.

Il appelle à des décisions rapides pour débloquer ces dossiers et ne pas laisser les territoires passer à côté d’opportunités économiques majeures. L’occasion de rappeler que les élus locaux doivent faire preuve de pragmatisme « et mettre de côté les intérêts électoraux pour penser à l’intérêt général ».

Quatre leviers pour soutenir les entreprises et l’économie

Philippe Korcia a dégagé plusieurs priorités, qu’il considère comme essentielles pour relancer l’économie. Il plaide d’abord pour le maintien des exonérations de charges sur les bas salaires, couplé à une augmentation directe des rémunérations, permettant ainsi de redonner du pouvoir d’achat aux salariés sans étouffer les entreprises.

Il appelle également à une rationalisation des structures administratives de l’État, pointant du doigt les 438 agences publiques qu’il juge redondantes et coûteuses. Selon lui, fusionner ces agences serait une façon concrète d’alléger la machine bureaucratique.

Autre cheval de bataille : la lutte contre la fraude fiscale et sociale, qui pénalise les entreprises respectueuses de la loi en faussant la concurrence. Enfin, l’urgence de la transformation digitale des services publics. Une modernisation qui permettrait de générer des économies substantielles et de simplifier la relation entre l’État et les entreprises.

Philippe Korcia ne s’arrête pas là. Il évoque également la fracture sociale, qu’il perçoit comme une menace croissante. « Il y a un étudiant sur trois qui ne mange pas à sa faim », alerte-t-il.

Cette situation, exacerbée par les crises successives, ne concerne pas seulement les grandes villes comme Marseille où les dispositifs d’urgence sont saturés. « Le 115 ne répond plus. Il n’y a plus aucune place », déplore-t-il, illustrant un malaise social bien plus large.

La résilience des entreprises locales, une force indéniable

Malgré les difficultés, le président de l’UPE 13 salue la résilience des entreprises du territoire. « Elles prennent coup sur coup, mais elles sont toujours là, prêtes à se battre et à avancer », souligne-t-il avec optimisme.

Cet esprit de combativité, il le partage lui-même. « Je suis un optimiste combatif », conclut-il, convaincu que la France, et plus particulièrement le territoire, possède toutes les ressources pour rebondir à condition de « jouer collectif ».

Un appel à la mobilisation de tous, pouvoirs publics et entreprises pour agir face à ces crises économiques et sociales. Le Forum des entrepreneurs doit être, selon lui, l’occasion de réunir toutes les forces vives afin de trouver des solutions concrètes. Histoire aussi (parce qu’il est peut-être temps) de faire preuve … d’intelligence collective au service du territoire !

N.K.

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