Les Alpes françaises décrochent l’organisation des Jeux olympiques d’hiver 2030 « sous condition ». Une annonce qui vient clore un long feuilleton où se sont mêlés ambitions locales et enjeux nationaux.
Les Alpes françaises, terre de Jeux ! Le Comité international olympique (CIO) a tranché ce 24 juillet depuis le Palais des Congrès de Paris, à l’occasion de la 142e session du CIO.
Le président Thomas Bach a annoncé que l’instance olympique a validé l’attribution des Jeux olympiques d’hiver 2030, demandant à la France de fournir des « garanties financières » d’ici cette date.
Plus tôt, Emmanuel Macron était monté à la tribune pour soutenir la candidature française unique après les retraits de la Suède et de la Suisse, confirmant son engagement « total et l’engagement total de la nation française ». Le président de la République a ensuite précisé en anglais qu’il demanderait au prochain Premier ministre de « non seulement inclure cette garantie, mais aussi de promulguer une loi olympique (…) Vous pouvez nous faire confiance, nous serons là et nous sommes fiers de porter cette candidature pour les Jeux d’hiver Olympiques et Paralympiques de 2030 ».
Renaud Muselier, président de la Région Sud, a également défendu la candidature avec cette question : « Peut-on et doit-on encore organiser des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver ? Pas de surprise, notre candidature est une réponse claire. Oui, un grand, oui. (…) 30 mois de combat, pour l’obtention des Jeux la plus rapide de l’histoire. Nous allons montrer au monde que le XXIe siècle aura ses Jeux d’hiver : réinventés, plus sobres, moins coûteux. Des Jeux exemplaires et durables, neige et chalets ! Qui profiteront à tous nos territoires, à tous nos concitoyens. Vive les Alpes Françaises, vive les Jeux ! »
Juste avant, Laurent Wauquiez, président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, déclarait : « Notre ambition, c’est d’écrire une nouvelle page des Jeux olympiques d’hiver, de renouveler l’image des Jeux olympiques et de donner la forme aux sports d’hiver de demain dans les montagnes qui seront respectées tout comme l’environnement.«Â
Des alliances locales pour une candidature commune
Unis dans cette quête olympique, Renaud Muselier et Laurent Wauquiez ont, en effet, misé sur une candidature commune, mêlant sport et environnement. Il y a quelques mois, les deux présidents rêvaient déjà à haute voix : « Les Alpes françaises peuvent être le plus bel écrin pour faire revivre l’esprit de l’olympisme. » Tandis que pour Renaud Muselier, « depuis que je suis petit, je rêve d’avoir les Jeux. »
Il y a quelques jours, il confiait au Méridional son mélange d’espoir et de crainte à l’approche de l’annonce : « Confiant, car des engagements ont été pris par l’État français, les deux régions, le Comité national olympique, et toutes les fédérations sportives pour soutenir notre candidature. » Mais il pointait aussi une absence de taille : « Sans une lettre d’engagement du gouvernement, nous ne pourrons pas avancer. »
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Une approche durable et respectueuse de l’environnement
Ces JO de 2030 se veulent exemplaires, avec une promesse de sobriété écologique. 95% des infrastructures sont déjà en place, évitant ainsi une gabegie financière et environnementale. Par exemple, à Albertville, les équipements des Jeux olympiques de 1992 seront réutilisés pour les épreuves de saut à ski et de bobsleigh.
« Depuis plusieurs mois, nous portons collectivement, aux côtés des athlètes, une véritable ambition pour proposer des Jeux sobres, responsables, inclusifs, en accord avec les défis de notre temps et l’Agenda 2020+5 du CIO, a exprimé pour sa part David Lappartient, Président du CNOSF. Le défi est immense et nous sommes prêts à le relever ! »
Le budget prévisionnel s’élève à 1,9 milliard d’euros pour l’organisation et 600 millions pour les infrastructures. L’État et les régions se partageront la facture. Les épreuves seront réparties sur tout le massif alpin, avec des pôles à Nice Côte d’Azur, Briançonnais, Savoie et Haute-Savoie.
Nice sera le théâtre des sports de glace, tandis que les Hautes-Alpes accueilleront le snowboard et le ski freestyle. Un équilibre territorial qui vise à tirer le meilleur parti des infrastructures existantes tout en limitant l’empreinte carbone.
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur voit dans cette organisation une chance de dynamiser les Hautes-Alpes, notamment en termes de mobilité.
Les prochaines étapes
Dès l’annonce faite, un compte à rebours s’enclenche : cinq mois pour établir le Comité d’organisation des JO et transformer ce rêve olympique en réalité. La gouvernance du projet reste toutefois encore floue, Tony Estanguet et Martin Fourcade ayant refusé la présidence du comité d’organisation.
Cédric Dufoix, directeur des sites Sud pour les JO 2024, laissait entrevoir la semaine dernière qu’il pourrait être tenté par cette nouvelle aventure : « Quand on aime ce secteur, qu’on aime y travailler, on ne peut pas ne pas penser qu’on va essayer de faire une petite pige sur les Alpes 2030. »
Les Alpes françaises ont déjà été le théâtre des JO à trois reprises – Chamonix 1924, Grenoble 1968, Albertville 1992 – et s’apprêtent à revivre cette épopée olympique en 2030.
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