Législatives 2024 : La gauche triomphe partiellement à Marseille, le RN s’affirme dans le département

Les résultats des élections législatives dans les Bouches-du-Rhône révèlent un paysage politique contrasté. Tandis que la gauche célèbre des succès notables à Marseille, l’extrême droite fortifie son emprise sur le reste du département.

Les élections législatives du 7 juillet ont surpris par un classement inattendu des trois blocs majeurs. L’alliance de gauche du Nouveau Front Populaire (NFP) est arrivée en tête avec 25,33 %, surpassant largement le Rassemblement National (RN), ce qui lui permet d’obtenir 174 élus, dont 32 qui avaient été élus dès dimanche dernier, ont été confirmés.

La coalition présidentielle, menée par Gabriel Attal, a perdu une centaine de sièges, mais conserve 156 députés grâce à un solide soutien des électeurs de gauche (24,07 %).

Pendant la campagne de l’entre-deux-tours, 210 candidats de la majorité présidentielle ou du Nouveau Front populaire (NFP) se sont désistés pour former un barrage républicain contre la possible victoire du Rassemblement national.

Malgré une progression de 50 sièges, le RN et ses alliés, n’obtiennent que 143 députés, bien en deçà de leurs ambitions d’obtenir la majorité absolue. Enfin, Les Républicains et leurs alliés divers droite obtiennent 8,60 % des suffrages et 66 élus dans la nouvelle Assemblée nationale.

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La gauche résiste à Marseille

Dimanche soir, des milliers de Marseillais ont envahi les rues du Vieux-Port et du centre-ville pour manifester leur allégresse après l’annonce des résultats favorables au Nouveau Front Populaire (NFP) au niveau national. 

Selon la préfecture, près de 5 000 personnes se sont rassemblées à la Plaine pour fêter cette victoire.

À Marseille, bien que le Rassemblement National (RN) ait progressé en passant d’un à trois sièges, la gauche a enregistré des victoires significatives. Le socialiste Laurent Lhardit, adjoint à l’Économie et proche de l’ex-Premier ministre Lionel Jospin, a remporté la 2e circonscription avec 53,64 % des voix sous la bannière du NFP, battant largement le candidat RN-LR (46,36%).

Hendrik Davi, malgré une campagne controversée en raison de sa candidature dissidente (LFI), a triomphé dans la 5e circonscription avec 65,95 % des voix.

Ces résultats reflètent une adhésion locale aux valeurs progressistes et sociales. La réussite de ces candidats indique une consolidation des forces de gauche dans la cité phocéenne, où les préoccupations sociales et environnementales résonnent fortement avec l’électorat.

Paradoxalement, le RN a également enregistré des gains significatifs à Marseille. Monique Griseti a fait basculer la 1ère circonscription, succédant à Sabrina Agresti-Roubache (Renaissance). La secrétaire d’Etat à la Ville et à la Citoyenneté s’était désistée après le premier tour. 

Olivier Fayssat, novice en politique, a triomphé dans la 6e circonscription, malgré le retrait de Lionel Royer-Perreaut (Renaissance). Dans la 3e circonscription, Gisèle Lelouis a conservé son siège de justesse (50,93 %) face à l’écologiste Amine Kessaci (49,1%).

La percée du RN dans certaines circonscriptions met en lumière une tendance préoccupante pour les partis traditionnels. L’attrait du discours sécuritaire et identitaire du RN, combiné à une désillusion croissante envers les politiques centristes et de gauche, a permis à l’extrême droite de faire des avancées significatives, dans le reste du département.

Domination du RN dans les Bouches-du-Rhône

En dehors de Marseille, les résultats ont été nettement moins favorables pour la gauche. Sur les huit circonscriptions hors Marseille en jeu ce dimanche (la 12e ayant déjà été remportée par Franck Allisio du RN la semaine précédente), le RN a non seulement conservé ses quatre sièges de 2022, mais en a gagné trois supplémentaires.

Dans la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône, comprenant Salon et Plan-de-Cuques, l’élection législative a été particulièrement disputée. Jean-Marc Zulesi, député sortant de Renaissance, a été battu de justesse (49,8%) par le candidat du RN, Romain Tonussi (50,2%) marquant un tournant pour cette circonscription traditionnellement ancrée au centre. 

La campagne de Zulesi, axée sur la continuité et le progrès économique, n’a pas suffi à convaincre les électeurs face à une montée en puissance du discours sécuritaire et identitaire du RN.

Dans la 13e circonscription, couvrant Martigues, Pierre Dharréville, député sortant communiste, a perdu son siège (47,1%) au profit d’Emmanuel Fouquart du RN. Avec 52,87 % des voix, le candidat frontiste a su capitaliser sur un contexte de désillusion envers les partis traditionnels et une forte demande de changement.

Dans la 14e circonscription, couvrant Aix-en-Provence, le paysage politique a été bouleversé par la victoire de Gérault Verny, candidat du RN-LR, avec 37,26 % des voix. Anne-Laurence Petel, la candidate de Renaissance, a terminé troisième (26,7%), marquant une défaite sévère pour le parti présidentiel dans cette région clé.

Son maintien au second tour, malgré les appels à l’union pour faire barrage au RN, a fragmenté le vote anti-RN, facilitant ainsi la victoire de Gérault Verny (37,3%), fruit d’une alliance stratégique entre le RN et une frange dissidente des Républicains.

Ainsi, le RN contrôle désormais huit des neuf circonscriptions du département, marquant une progression significative et redéfinissant le paysage politique local.

À souligner toutefois, la remontada inattendue de Marc Pena, candidat du Nouveau Front Populaire (NFP) dans la 11e circonscription d’Aix. Le conseiller municipal d’opposition de gauche aixois a remporté l’élection de justesse, avec une avance de seulement 272 voix face à Hervé Fabre-Aubrespy, ancien maire de Cabriès et candidat du Rassemblement National (RN). Ce résultat constitue une exception rare dans le département.

Les réactions des leaders politiques

Face à ce nouveau paysage politique Martine Vassal, présidente (DVD) de la Métropole Aix-Marseille-Provence, s’inquiète d’une Assemblée nationale sans majorité claire. Elle appelle le Président de la République à définir un cap précis et s’engage à œuvrer pour la Provence, plaidant pour l’union des forces de droite et du centre.

Renaud Muselier, président (Renaissance) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, s’est réjoui du rejet d’un gouvernement RN par les Français, saluant la forte participation électorale et critiquant les sondages erronés. Il appelle à traiter les enjeux de gouvernance, pouvoir d’achat, immigration et sécurité.

Le maire socialiste de Marseille, Benoît Payan, a exprimé, quant à lui, sa fierté face aux résultats obtenus par l’union des gauches, tout en reconnaissant la responsabilité accrue dans une Assemblée nationale fracturée. Dans une tribune récente publiée dans le journal Libération, Benoît Payan a appelé à une refonte des institutions via un référendum constitutionnel pour répondre à la crise politique et sociale illustrée par cette séquence électorale.

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