Economie – Face à la liquidation de l’INPP, des plongeurs professionnels risquent de perdre les acomptes versés pour participer aux formations

Crédit photo pour illustration : Rudy Bourianne

Au moins une trentaine de plongeurs ont versé des acomptes pour réserver des stages à l’INPP. Avec la liquidation de l’association marseillaise, ces derniers risquent de perdre tout ou partie de leurs créances.

Les formations en hyperbare sont coûteuses. On parle de dizaine de milliers d’euros investis par les plongeurs professionnels ou aspirants plongeurs, et souvent à leur frais, afin d’obtenir le précieux sésame leur donnant accès au marché du travail. L’INPP par exemple proposait ses formations classe III à 19 000 euros (plongée en sécurité et travaux sous-marins au delà de 50 mètres), comme indiqué sur le site internet de l’Institut national de plongée professionnelle.

Les places étant limitées, notamment sur la classe III où les écoles proposant la formation sont rares et l’INPP le seul en France jusqu’à ce jour, les stagiaires réservent leur place des mois voir une année à l’avance. C’est le cas pour une trentaine d’entre eux venus des quatre coins du globe (France, Royaume-Uni, Inde, Philippines etc…) identifiés à ce jour et qui ont donné mandat à la société Marine Recoveries Limited, agence anglaise « spécialisée dans les recours au titre des dommages aux marchandises, des dommages aux infrastructures portuaires, des pollutions et des enlèvements d’épaves » pour les représenter et faire les démarches nécessaires afin de sauver ce qui peut l’être ou la totalité de leur créance. Pour la plupart, cette créance s’élève à 5700 euros mais ce montant peut être dépassé dans certains cas.

De plus, alors que l’INPP n’avait plus le droit de travailler après un nouveau retrait de sa certification par BCS, organisme certificateur délivrant le droit à pouvoir former des plongeurs professionnels, l’Institut a continué à encaisser des acomptes pour des montants pouvant aller jusqu’à 14700 euros au total malgré son incapacité à effectuer des stages. C’est le cas d’un plongeur italien qui le 15 mai, le jour même durant lequel l’INPP déclarait cessation de paiement, s’est vu encaissé un chèque de 9000 euros.

 Selon Marine Recoveries qui intervient pour près de trente plongeurs : «le plan de sauvegarde pose question. La bonne foi des plongeurs semble avoir été abusée dès lors que des acomptes substantiels étaient perçus par l’INPP jusqu’à la mi-mai 2024, tandis que son état de santé financier et ses accréditations étaient en péril et qu’il était évident que les formations des plongeurs n’auraient jamais lieu.»

Au total, c’est 158,062.70 euros déclarés à cette heure, d’après les chiffres de Marine Recoveries Limited et pour les seuls plaignants auprès de la société anglaise, qui risquent d’être perdus aux détriments de plongeurs qui avaient accordé pleine confiance à l’INPP et dont les créances ont été enregistrées auprès du liquidateur. Motif d’inquiétude pour la société de recours : que les biens soient bien vendus à leur juste valeur au moment de la liquidation et que les mesures nécessaires soient prises pour le stockage et la sécurité du matériel concerné. L’INPP est aussi sous avis d’expulsion du site historique de la Pointe Rouge après que la Métropole ait obtenue gain de cause de son assignation par voie judiciaire.

D’après le jugement rendu le 18 juin dernier, le passif de l’INPP est évalué à 2 089 045,80 euros. L’actif lui, est en attente d’estimation par le commissaire priseur en charge de faire l’inventaire.

Quid du montant qui en ressortira ? Permettra-t-il à ces ouvriers des profondeurs de retrouver les sommes qu’ils ont versé en avance pour obtenir un diplôme qui leur donne le droit à travailler ?

Rudy Bourianne

Rudy Bourianne est journaliste.