K1. Ange Fernandez : « C’est ma dernière année en junior, il faut que je parte bien ! »

Crédit photo : Rudy Bourianne

Titré aux championnats méditerranéen et sacré numéro 1 mondial junior – 91kg en K1, Ange Fernandez se prépare désormais pour son objectif ultime en tant que junior : les championnats du monde. Après ça, il fera son entrée l’année prochaine dans la cour des grands en catégorie sénior. Une nouvelle étape dans la carrière du jeune homme. Interview.

Une semaine après sa victoire aux championnats méditerranéen en Turquie et son accession à la place de numéro 1 mondial junior – de 91kg en K1, Ange Fernandez est de retour sur les tatamis dans sa salle d’entraînement Marseille Boxe Pied Poing tenue par Cédric Castagna, son entraîneur et véritable figure de la discipline. Au coeur du 14e arrondissement de Marseille, nous le retrouvons avec Le Méridional pour sa séance de reprise avec son ami de toujours, combattant K1 lui aussi en – de 67 kg et – de 70 kg, Alessandro Piemonte, de retour après une fracture du tibia à l’entraînement. Une séance allégée pour les deux jeunes hommes sur des airs de rap et de variétés françaises, un cocktail étonnant et agréable entre Lacrim et Dalida. « Histoire de reprendre le rythme » avant les séances de préparation plus lourdes. En août, Ange Fernandez ira à Budapest pour les championnats du monde, son objectif ultime en junior. En 2028, le K1 fera son apparition aux Jeux Olympiques. De quoi nourrir les ambitions du jeune marseillais qui se prépare à passer en senior dès l’an prochain.

Ange Fernandez en sparring avec Alessandro Piemonte dans la salle Marseille Boxe Pied Poing (13014). Crédit photo : Rudy Bourianne

Depuis quand fais-tu des sports de combats ? Tu as toujours pratiqué du K1 ?

Ange Fernandez (AF) : J’ai commencé par le MMA à 4 ans et le K1 à six ans. Je faisais les deux très tôt.

Tu as remporté les championnats méditerranéen en Turquie, et tu es devenu numéro un mondial junior dans ta catégorie, qu’est-ce que ça représente pour toi ?

AF : Ça fait plaisir, mais pour moi, il faut que je gagne les championnats du monde pour pouvoir me dire je suis champion du monde. Aujourd’hui le fait d’être numéro 1 veut juste dire que j’ai gagné plus de médailles que les autres, je ne suis pas encore champion du monde. Il me manque que ça pour être vraiment le numéro 1. C’est le graal.

Qu’est ce qui t’as amené au K1 plutôt qu’au MMA qui est plus exposé ? Qu’est-ce qui fait que tu aies fais ce choix là ?

AF : J’ai plus d’opportunité avec le K1. Je suis en équipe de France, je boxe plus, je pars plus. Avant le MMA, c’était plus compliqué. C’est pour ça que je m’y suis pas trop concentré. Et j’aime beaucoup le K1.

« C’est un coach qui est comme un mentor, un exemple »

Ange Fernandez au sujet de son entraîneur, Cédric Castagna.

D’autant que tu es entraîné par un coach qui a une grosse carrière dans la discipline, Cédric Castagna. Qu’est-ce qu’il t’apporte en tant qu’entraîneur dans ta carrière qui est en train de se créer ? Quels sont ces clés pour te mener à ce niveau-là ?

AF : Déjà Cédric (Castagna) n’est pas qu’un simple entraîneur. C’est vraiment le tonton, il me connait depuis que j’ai 6 ans, j’en ai 17 aujourd’hui. C’est plus qu’un entraîneur aussi dans sa façon de voir les choses, dans sa boxe. Il me rassure quand je suis dans le coin. Il n’y a vraiment que lui qui sait comment me motiver. D’être derrière, me crier, c’est un coach qui est comme un mentor, c’est un exemple.

Il y eu la Turquie, tout tes titres précédents, les France, l’Europe, l’objectif aujourd’hui c’est le titre à Budapest pour les Mondiaux ? Il n’y a pas d’alternative ?

AF : Oui, vraiment. Je veux que ça, c’est le seul titre qui me manque. C’est ma dernière année en junior, il faut que je parte bien !

Pour sa dernière année en junior, Ange Fernandez n’a qu’un seul objectif : le titre de champion du monde. Crédit photo : Rudy Bourianne

Une fois en senior, la marche sera plus haute ?

AF : Bien sûr, je vais prendre des « papas », des mecs qui vont avoir la trentaine. Moi j’aurai 18 ans, je vais me confronter à la force d’hommes tout simplement. Mais à part la force, je pense que techniquement, je serai au-dessus d’eux. C’est la force et le physique où j’aurai un vrai travail à faire.

« en senior, c’est la force et le physique qu’il faudra travailler »

Le jeune homme de 17 ans est conscient de sa marge de progression avant son entrée dans la catégorie senior.

Après les Mondiaux, tu focaliseras alors ta préparation sur l’aspect physique plus que technique ?

AF : Exactement, déjà je vais baisser de catégorie parce que là je suis en -91 kg. Et pour être en -91 kg en senior, je ne suis pas assez musclé pour y aller. Je vais aller sûr en -86kg. -81kg serait le top !

Quels sont tes ambitions pour ce passage en senior ? Comment te projettes-tu à long terme ?

AF : En senior, j’espère faire beaucoup de gala et des titres avec l’équipe de France. Les galas, c’est le meilleur moyen pour être ensuite mieux en pro. Je pourrais y faire des erreurs, peut-être perdre, je ne sais pas, je ne suis pas surhumain. Je pourrais faire mes erreurs là, au moins en pro, je serai prêt. Pour l’heure, je n’ai boxé que deux fois en gala, c’est pas simple de trouver des adversaires.

Par ce que tu es trop fort, tu as un nom qui peut faire peur aux adversaires aujourd’hui ?

AF : (Rires) Non, je ne dirais pas ça. Je me vanterais pas comme ça. Mais j’ai plus de titre et peut-être que ça fait reculer ceux qui ont moins d’expérience. Ce type de combat devient un challenge. Mais dans ces cas là, c’est celui qui n’est pas connu, qui veut t’arracher la tête. Ce n’est pas celui qui est en haut.

A ton niveau, il y a un aspect préparation mentale ?

AF : Bien sûr, moins qu’en pro mais bien sûr. Si tu n’as pas la tête pour monter dans un ring… Il faut savoir gérer la pression. Pour ma part, j’ai fais beaucoup de combats donc je suis habitué. Et à chaque fois, Cédric me parle, comme mes amis. Ils me rassurent, fais ça, fais ça. Je suis à l’aise avec eux et je suis habitué au ring.

Après une semaine de off, Ange Fernandez démarre sa préparation estivale en vue des Monde en août à Budapest. Crédit photo : Rudy Bourianne

Quels sont tes points forts et points faibles en tant que combattant ? Il y a ce fameux coup de pied retourné que l’on retrouve au fil de tes victoires…

AF : C’est drôle parce que je ne le travaille pas à l’entraînement et ils sort en combat. Tant mieux j’ai envie de dire. Après les points faibles, je pense qu’il me manque encore du physique. Surtout pour le passage en sénior, je peux pas me permettre mon physique actuel. En junior, le petit plus de gras ça passe mais en sénior, il va falloir sécher et prendre du muscle.

Comment se passe ton expérience avec l’équipe de France ?

AF : J’y suis depuis deux ans. Tout se passe très bien. Je m’entend très bien avec les entraîneurs. J’ai fais quatre sorties avec eux, j’ai fais trois médailles d’or et une d’argent. Et puis, l’ambiance est bonne, on est soudé. Je connais la plupart des combattants, beaucoup sont de Marseille.

Et qu’est ce que ça fait en tant que Marseillais d’être numéro 1 mondial ?

AF : Ça fait très plaisir ! Mais je ne m’arrête pas à ça. Loin de là.

« j’aimerai renverser tout ça ! »

Ange Fernandez sur le manque d’exposition du K1 par rapport à d’autres sports de combat, notamment le MMA qu’il pratique.

Le K1 a moins de visibilité que certains sports de combat, est-ce que ça peut être une frustration pour toi quand on est à ton niveau ? Ou c’est plutôt une motivation supplémentaire ?

AF: C’est vrai que c’est moins vu, c’est vrai que « ça fait chier… » On a pas la même visibilité que dans les autres disciplines et notamment le MMA, l’UFC. A part Cédric Doumbé qui sort un peu de là, mais les grands champions sont moins vus… J’aimerai renverser tout ça mais c’est compliqué…

En fonction de l’évolution de ta carrière, tu pourrais imaginer un jour aller vers le MMA, pour les raisons financières que l’on connait par rapport à l’attrait du sport et aller vers une carrière un peu plus exposées ?

AF : Je viens du MMA, je m’entraîne en MMA, je fais les deux. Je ferai des combats en MMA. Mais là c’est compliqué avec tout les rendez-vous en K1, les championnats du monde qui arrivent. Après j’ai beaucoup d’opportunités en K1 que je ne pourrai pas avoir en MMA. Après c’est sur qu’en pro, les paies sont bien plus importantes qu’en K1. En K1, c’est difficile d’en vivre. Quand on voit Aymeric Lazizi qui a 20 victoires en K1, il n’en vit pas encore. 20 victoires à l’UFC, tu roules en grosses voitures.

Propos recueillis par Rudy Bourianne

Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné par le club phocéen et le sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM, de la Voile et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.