« Vous m’avez enlevé une grosse épine du pied », quand Jean-Claude Gaudin remerciait Gérard Gili

En 1995, alors que l'OM est au bord du précipice, Jean-Claude Gaudin deveint président de l'OM. Crédit photo : WIkimedia

Retour sur la saison 1995 – 1996. L’OM remonte enfin en D1 après deux années au purgatoire de la deuxième division suite aux affaires économico-judiciaires qui ont fait trembler le club. Jean-Claude Gaudin, élu maire un peu plus tôt, en était alors le président. Nommé entraîneur en cours de saison, Gérard Gili se souvient de l’homme affable, étranger au football.

C’est une époque que l’on évoque moins à Marseille que la victoire à peine deux ans plus tôt en Ligue des Champions. Alors que l’OM s’embourbe ave l’affaire OM/VA et se retrouve relégué en deuxième division, Bernard Tapie quitte son poste en 1994 et laisse son fauteuil à Pierre Cangioni, relayé un mois plus tard par Bernard Caïazzo puis Jean-Michel Ripa. Une agitation en interne alors que sur le terrain l’OM de Marcel Dib se démène pour aller chercher la remontée. Premier de D2 à la fin de la saison, le club phocéen est alors contraint d’y rester à cause de dettes trop lourdes. L’OM est tout proche de déposer le bilan.

Jean-Claude Gaudin, alors élu maire de Marseille en 1995, va prendre les rennes du club en tant que président de l’institution. Pour lui, il n’y a qu’un seul objectif, remettre l’OM à sa place. Peu connaisseur du football, il va nommer Jean-Michel Roussier au poste de président délégué. Après un début de saison compliqué, Henri Stambouli est remplacé par Gérard Gili au poste d’entraîneur au bout de neuf journées.

« Je me souviens d’un homme affable, d’un grand conteur qui incarnait vraiment Marseille et la Provence. »

Gérard Gili se rappelle de Jean-Claude Gaudin, président de l’OM en 1995.

Au lendemain de la cérémonie funéraire de Jean-Claude Gaudin à la Major, l’ancien entraîneur de l’OM se souvient de cette époque et de son importance vitale pour l’OM. « C’était absolument vital pour le club de remonter, de retrouver un repreneur et de repartir sur un nouveau projet. Il fallait réussir cette montée, ce qu’on avait réussi à faire avec Marcel Dib, Cascarino, Ferrer, Alonzo, les vieux grognards quoi. Ca a permis au club ensuite de repartir avec le projet Dreyfus. » Le Marseillais qui a connu une demi-finale de coupe d’Europe avec l’OM face au Benfica quelques années plus tôt, récupère l’équipe à la douzième place du classement. 2e de D2 à la fin de la saison, les Olympiens ont réussi à remonter et sauver une nouvelle fois le club d’une très mauvaise passe.

Si l’ancien maire de Marseille n’était pas passionné de football, il avait bien compris l’importance du club pour la ville et ses habitants. « En tant que président, on ne l’a pas vu. Il ne venait même pas au stade, s’il est venu une fois ou deux au stade assister à un match, c’est le grand maximum. Il était là un peu par obligation », raconte Gérard Gili. Un acte de lucidité en soi. Peu présent, il va déléguer les responsabilités de l’OM à ceux qui savent s’en occuper et à la fin de la saison, Gérard Gili remontera le club au sein de l’élite. Reçu à la mairie, le coach marseillais se souvient d’une anecdote comme seul Jean-Claude Gaudin savait les faire vivre à ses interlocuteurs, surtout lorsqu’on l’imagine s’exprimer avec son accent pagnolesque qui a en parti fait sa réputation : « On avait été reçu à la mairie, ensuite on été allé à Pastré pour déjeuner avec toute l’équipe. Et là, j’avais pris la même voiture que lui (Jean-Claude Gaudin) et il m’avait dit : « Vous m’avez enlevez une grosse épine du pied » car le fait de monter lui permettait de retrouver un repreneur et lui de s’effacer. Je me souviens d’un homme affable, d’un grand conteur qui incarnait vraiment Marseille et la Provence. Quand il commençait à parler, il prenait la parole à 14 heures, la laissait à 16 heures et tout le monde était béat à l’écouter parce qu’il avait des intonations, des anecdotes… », se remémore Gérard Gili, presque 30 ans plus tard.

Bête politique, Jean-Claude Gaudin, étranger au football, aura été un temps à la tête de l’institution la plus populaire de Marseille. Après la remontée, il laissera les clés du club à Robert-Louis Dreyfus qu’il qualifiera de « sauveur de l’OM » grâce à ses investissements.

Lundi 20 mai 2024, le maire emblématique de Marseille pendant 25 ans, Jean-Claude Gaudin s’est éteint dans sa demeure de Saint-Zacharie.

Rudy Bourianne

Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné par le club phocéen et le sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM, de la Voile et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.