En conférence de presse avant le déplacement à Clermont, Jean-Louis Gasset a rappelé l’importance de prendre le temps avec son équipe et de confirmer à l’extérieur les bonnes performances à domicile. Pire équipe de Ligue 1 cette année loin du Vélodrome, le coach marseillais continue à travailler sur la prise de confiance de son équipe et sa montée en puissance.
Une semaine pour préparer un match c’est un luxe. Après avoir travaillé dans l’urgence, vous avez pu enfin prendre le temps de développer votre vision ?
Gasset : C’est vrai que c’est un luxe. Les quatre premiers jours avec deux matchs, c’était dans l’urgence. Là, on a pris d’abord un jour de repos parce qu’il y a eu beaucoup de pression et que les joueurs avaient bien répondu. Et après on a repris le travail dans bonne humeur, sous le soleil et on a pu mettre en place des choses un peu différentes.
Une nouvelle dynamique avec les victoires au Vélodrome. Vous allez aborder votre premier match comme entraineur de l’OM à l’extérieur. L’équipe jusqu’à présent a le pire bilan de Ligue 1 loin du Vélodrome. Est-ce que vous avez ciblé ce qui a peut-être manqué sur les derniers mois à votre équipe pour faire des meilleurs résultats à l’extérieur et est-ce que vous avez peut-être trouvé des solutions avant Clermont demain ?
Gasset : C’est un groupe avec lequel il faut aller doucement. Au départ, j’ai demandé juste un petit cran de technique, un peu plus dans l’investissement. Là on va mettre un cran de plus à l’extérieur. Il faut aller doucement mais surtout ne pas les lâcher. Toute la semaine on a travaillé dans la bonne humeur mais on était assez rigoureux. Un match à l’extérieur, il faut bien commencer. On a fait deux bons résultats chez nous, avec notre public. Donc maintenant il faut aller à l’extérieur. On regarde le classement de personne, même pas le nôtre, surtout pas. Match par match, étape par étape, on veut réussir une bonne fin de saison. C’est l’objectif mais toujours il faut monter d’un cran.
« On regarde le classement de personne, même pas le notre, surtout pas »
Jean-Louis Gasset lors de la conférence de presse avant le match à Clermont.
Quels joueurs sont absents ? Et est-ce qu’on a des nouvelles de Rongier et Murillo ?
Gasset : Rongier a passé une scintigraphie. Il a un rendez-vous avec le professeur lundi. Murillo, lui, on l’a perdu, je crois qu’il a été opéré, je l’ai vu ce matin en soin. Les choses un peu plus d’actualité. Gigot a une entorse acromio-claviculaire. Jordan Veretout a une petite image à l’IRM sur le psoas. Gigot forfait peut-être plus que pour demain parce que c’est quand même un truc important. Veretout on le protège.
Vous avez expliqué avoir pu travailler différemment. Vous expliquiez la semaine dernière avoir beaucoup travailler mentalement avec cette équipe, est-ce que cette semaine avec quatre séances, vous avez pu travailler tactiquement, et quoi concrètement pour monter d’un cran comme vous le dîtes ?
Gasset : Il faut tenir compte de beaucoup de choses. Un, les joueurs que vous allez avoir à disposition, deux, les joueurs qui sont capables d’enchaîner les matchs et trois, les joueurs qui sont qualifiés ou pas qualifiés pour la coupe d’Europe. C’est un truc qui est très important parce qu’en même temps que vous allez jouer la coupe d’Europe, il vous faut remplir physiquement les joueurs qui peuvent vous apporter en championnat. Et il faut arriver à mélanger tout ça et essayer de faire comprendre au groupe que tout le monde est important. Et tout le monde est important parce que vous avez pu le voir il y a cinq changements à tout les coups, ça veut dire qu’il y a seize joueurs concernés par matchs selon l’évolution du score. Et il faut arriver à rentrer ça dans la tête de tout le monde qu’il est important.
« Tout le monde est important parce que vous avez pu le voir il y a cinq changements à tout les coups, ça veut dire qu’il y a seize joueurs concernés par match »
Jean-Louis Gasset sur l’importance de tout son groupe
Amine était là il y a quelques minutes. Quels sont les conseils que vous lui donnez pour être meilleur ?
Gasset : On est parti de zéro. J’ai demandé petit. Je leur ai demandé petit. Il ne fallait pas demander compliqué. Et là on est en train de rentrer dans plus de détail. Mais il faut qu’ils aient toujours plus de détails. Pour Harit, personnellement, il faut qu’il soit plus efficace, qu’il lâche le ballon plus vite à des moments. C’est un joueur de très grande qualité techniquement, il est très fort. Il a un poste à trouver. C’est un milieu offensif qui vient travailler. Il faut qu’il s’affirme, il faut qu’il soit décisif. Quand on est un milieu offensif, on a un bilan à faire, on a des chiffres à avoir et il faut qu’il ait beaucoup plus. C’est le genre de garçon qu’il ne faut pas lâcher parce qu’il a une marge de progression énorme.
« Pour Harit, personnellement, il faut qu’il soit plus efficace, qu’il lâche le ballon plus vite à des moments »
Jean-Louis Gasset sur Amine Harit.
Par rapport à Jonathan Clauss. On a vu que Mbemba avait repris son poste sur le côté droit. Comment on réintègre aujourd’hui Jonathan dans la rotation et sur le plan tactique et humain ?
Gasset : Jonathan peut jouer à quatre, peut jouer à cinq. C’est à mon avis un des trois meilleurs latéraux français. C’est de bon soucis de savoir dans quel système on va jouer. Aujourd’hui avec l’absence de Samuel Gigot on pense à plusieurs possibilités. Comme je vous l’ai dit entre le 2 mars et le 17 mars on joue cinq matchs, ça fait un match tout les trois jours. Donc on ne peut pas partir avec une équipe type et dire on va jouer les cinq matchs, c’est impossible. Donc on a plusieurs petites astuces. Et se préparer à une éventualité qui peut arriver comme la suspension de Jonathan Clauss.
Depuis votre arrivée, on entend et on lit beaucoup que vous arrivez à rentrer dans les têtes des joueurs. Est-ce que vous comprenez qu’on dise ça de vous et est-ce que vous pouvez nous expliquer comment on fait pour rentrer dans la tête des joueurs ?
Gasset : Premièrement on a la connaissance. On a la connaissance des joueurs. Il y a un travail, il y en a qu’on connait véritablement. Connaître le joueur c’est une chose, connaître l’homme c’est autre chose donc là il faut passer suffisamment de temps. Il faut passer du temps et c’est ce qu’on a fait depuis qu’on est arrivé. Soit en parlant avec des joueurs soit en appelant des amis qui les ont côtoyer. Le temps c’est notre ennemi parce qu’on en a jamais assez. Mais dans la première semaine je peux vous dire que j’en ai perdu la voix.
« Connaître le joueur c’est une chose, connaître l’homme c’est autre chose, donc là il faut passer suffisamment de temps. »
Jean-Louis Gasset explique le travail de fond qu’il effectue avec son staff pour redonner confiance à son équipe
Depuis votre arrivée, votre équipe a toujours encaissé un but dans les quinze première minutes. Est-ce que c’est des fautes individuelles ou c’est un problème de concentration ?
Gasset : Moi je dirais que c’est un problème de confiance. Il a fallu chaque fois que l’on était dans la réaction. Contre Montpellier on a pris le but et le poteau derrière, on aurait pu être mené deux zéro. Après la réaction… Je ne pense pas que ce soit la concentration, je pense que c’est la confiance. On est en train de dire maintenant on a le ballon. Quan je suis arrivé j’ai dis on ne va pas essayer de sortir le ballon parce qu’il y a beaucoup de pression, il faut beaucoup de confiance et on en avait pas. Donc il faut adopter une tactique qui aille bien avec les têtes. Aujourd’hui je pense qu’on est mieux. On monte notre niveau. On a quand même des bons joueurs de football. Il faut qu’on affirme notre jeu en gardant toujours l’état d’esprit. Si ça, ça chute ça ne va pas le faire.
« On est en train de dire maintenant, on a le ballon ! »
Gasset sur le prise de confiance de son équipe
Actuellement la priorité reste le championnat mais il y a des échéances européennes très importantes. Comment vous faîtes quand tout les trois jours un match va arriver ? Est-ce que vous allez faire tourner ou est-ce qu’il faut garder une équipe performantes comme lors des deux derniers match avec à peu près les mêmes acteurs et tourner plus tard ?
Gasset : J’ai une vingtaine de joueurs à l’OM, les vingt sont capables de jouer. Je vous l’ai expliqué tout à l’heure, les problèmes des joueurs qui ne peuvent pas enchaîner trois matchs d’affilé. Et c’est là le travail et du staff médical et du staff technique, c’est de bien connaître ses joueurs. Avoir beaucoup de discussion avec eux pour savoir quand est-ce qu’ils vont être dans le rouge, quand est-ce qu’ils vont être à la limite. Et là il faut changer. Je le fais souvent, je coupe le match en deux de gens qui ne peuvent pas enchaîner. 60 minutes ils sortent ou alors ils finissent le match, au bout d’une heure c’est eux qui rentrent et ça c’est un espèce de roulement mais pour ça il faut avoir deux joueurs de la même valeur. Ca veut dire que quand le joueur rentre, il faut pas que l’équipe s’affaiblisse au contraire, il faut qu’il amène un plus. Et c’est quand on parle individuellement de rentrer dans la tête, après il faut rentrer dans le groupe pour expliquer au gens que c’est tout le monde qui va amener et ramener l’OM là où il doit être.
Justement coach, là où doit être l’OM c’est jouer les places qualificatives pour la Ligue des Champions. Est-ce que vous le dites, il faut y aller petit à petit avec cette équipe, on ne regarde pas le classement, mais là il y a deux matchs qui arrivent qui sont largement à votre portée, Clermont et Nantes, après ce sera un peu compliqué. On a l’impression que c’est peut-être maintenant que l’espoir peut rester et demeurer. Si jamais vous ne faîtes pas le plein, ca sera peut-être très compliqué pour aller chercher les 4 premières places. Est-ce que vous partagez cette avis ?
« Demain, je demande confirmation de ce qu’on a fait les deux premiers matchs »
L’OM doit confirmer à l’extérieur ses bonnes performances à domicile
Gasset : Je vais pas si loin. Je vais à demain. Etape par étape. Demain, je demande confirmation de ce qu’on a fait les deux premiers matchs. Et après on voit, et après ce sera la coupe d’Europe et après ce sera un match à domicile. Il faut aller doucement. Commencez pas à regarder si on fait une série ou le classement… Petit à petit. Je dis au joueurs on se focalise sur match de Clermont à l’extérieur et après on avance petit à petit.
Vous nous disiez encore dimanche, j’ai trouvé des joueurs au fond du trou en arrivant. On sait que ça peut aller vite en quelques jours justement dans le réservoir de la confiance, est-ce que vous sentez qu’il y a un peu plus de carburant ?
Gasset : On le voit. On a gagné les deux matchs, on a marqué sept buts. Bien sûr on fait des entames timides, c’est tout ce qu’il nous faut améliorer, mais on a plein de choses à améliorer, individuellement et collectivement. Il faut que chacun maintenant monte encore plus d’un cran et ils sentent que c’est possible puisqu’ils l’ont fait. Mais au niveau de la mentalité, au niveau de l’état d’esprit, au niveau de l’agressivité pour garder le ballon, il faut garder le même cap. Demain c’est un test, on va jouer à l’extérieur.
Comment-vous vous sentez vous à Marseille ?
Gasset : Pour le moment ? Cava (rires). Il y a beaucoup de travail, on sait que quand on change d’entraîneur ça veut dire qu’il y a quelque chose qui va pas. J’ai été de l’autre côté de la barrière et il y avait deux matchs en quatre jours, il fallait faire dans l’urgence. Mais je vois le travail qu’il reste à faire, je vois l’ambition des gens, je vois la confiance, les sourires revenir et je n’ai pas envie que ça retombe. Il faut que je dise aux joueurs, il faut qu’on reste en mode commando ! Qu’on continue notre route. C’est tout mon travail.
Rudy Bourianne
Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné du club phocéen et du sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM, de la Voile et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.
X (ex-twitter) : @R_Bourianne