Ligue 1 : Clermont Foot 63 – OM : Conf’ de presse : Harit : « Le Vélodrome, c’est notre force cette année ! »

Le milieu de terrain marseillais était en conférence de presse cette après-midi avant le déplacement à Clermont. Pour Amine Harit, son équipe est sur le bon chemin pour espérer une fin de saison réussie. Le joueur marocain a également évoqué ses performances en demi-teintes ces dernières semaines ainsi que la fermeture du virage Nord jeudi soir.

Une nouvelle dynamique depuis la semaine dernière, qualification européenne, victoire en championnat à domicile. Il y a ce match à Clermont demain, à l’extérieur où l’équipe galère depuis des mois. Est-ce que tu as une explication sur ces mauvais résultats à l’extérieur ? Et est-ce qu’avec l’arrivée de Jean-Louis Gasset et une nouvelle façon de travailler, il y a des solutions qui se dessinent ou pas ?

Harit : Déjà, par rapport à la mauvaise série à l’extérieur, je n’ai pas réellement d’explication. Je pense qu’on a eu un peu plus de mal, qu’on s’est beaucoup reposé sur notre force à domicile même si à domicile aussi on a laissé passer des points qu’on aurait pu prendre. Clermont a une saison compliqué. On les a joué au match aller, ils nous ont posé quelques problèmes, même si on a pu s’imposer. Je pense qu’il ne va pas falloir sous-estimer cette équipe. J’ai regardé leur match contre Nice la semaine dernière. Ils ont été très costauds, ils se sont procurés des occasions, ils auraient pu gagner. Il va vraiment falloir prendre ce match au sérieux. Pour revenir sur les deux dernières victoires, c’est clair que c’est un petit coup de boost pour nous dans cette période qui n’a pas été simple. Je pense que ça nous redonne un peu de hargne et peps pour aborder les prochains matchs qui vont être super importants pour la suite de notre saison.

« Je pense que c’était plus un problème mental que technique ou physique »

Amine Harit en accord aves les propos du groupe sur l’aspect mental comme principal problème cette saison

Tu sens qu’il s’est passé un petit truc mentalement ? Vous avez pu travailler enfin cette semaine aussi. Le coach vous a beaucoup parlé la semaine dernière, c’est ce qu’il nous a dit. Vous avez peut-être pu travailler d’autres choses cette semaine. On a l’impression que c’est les deux derniers jokers entre Clermont et Nantes. Après ce sera compliqué peut-être pour rêver notamment de Ligue des Champions…

Harit : C’est clair que les deux dernières victoires nous ont fait énormément de bien alors qu’on traversé une période assez compliqué notamment en championnat où on avait pas gagné depuis un moment. Mais le coach a eu des mots simples. Il nous a demandé à tous d’augmenter un peu le curseur, de faire chacun un petit peu plus pour pouvoir redresser la barre et repartir à zéro. Quand c’était compliqué, qu’il fallait reprendre à partir des bases. Les deux derniers matchs nous redonnent énormément d’espoir et de confiance en nous. Je pense que c’était plus un problème mental que technique ou physique. C’était dans les têtes qu’il fallait changer quelque chose. La sérénité et le calme du coach nous a apporté beaucoup de confiance. J’espère que les prochains matchs vont bien se passer, ça va être des matchs importants. Il y a des confrontations directes pour les clubs qui sont devant nous, donc à nous de profiter des prochains matchs pour grapiller les points qu’on a pu laisser en cour de route.

Certains supporters critiquent le fait que tu manques de stats, notamment en terme de buts, est-ce que tu es d’accord avec ça et est-ce que tu travailles dessus à l’entraînement ?

Harit : Oui. J’aurai bien aimé marquer plus mais il y a des toujours des choses à travailler. On ne peut pas être parfait sinon ça se saurait. C’est clair que j’y travaille énormément, je sais que c’est un axe de progression sur lequel je dois me concentrer, plus rentrer dans les seize mètres. Après je suis un milieu relayeur, je ne suis pas attaquant non plus. Mon premier job c’est de faire le lien entre l’attaque et la défense, c’est de récupérer des ballons, de courir pour les autres et si je peux ajouter à ça quelques buts, bien sûr je prend. Mais c’est clair que mon objectif premier quand je rentre dans un match c’est qu’on gagne, c’est la victoire collective et ça passe avant mes statistiques à moi.

Depuis que tu es revenu de la CAN on te sent peut-être un peu moins performant, est-ce que justement le fait de ne pas avoir beaucoup joué avec la sélection, ça t’a impacté au niveau physique ou tu as perdu un peu ton élan ?

Harit : Avant de partir à la Coupe d’Afrique je me sentais vraiment bien. Il y a eu cette coupure déjà, les deux semaines, dix jours de repos, après on a eu une préparation de deux semaines, ça faisait à peu prés un mois de coupure. Après j’ai pas énormément joué à la Coupe d’Afrique, entre le manque de temps de jeu, le climat, il fallait gérer un petit peu parce qu’on joue à peu près tout les trois, quatre jours. J’ai perdu énormément de rythme quand je suis rentré. Ce n’est pas une excuse mais je me sentais un peu plus fatigué, moins frais qu’avant de partir. Honnêtement, je sais faire mon auto-critique. J’ai été moins bon sur les quatre, cinq derniers matchs, mais depuis deux matchs, je me sens beaucoup mieux, je pense à l’image du collectif. Et j’espère que ces deux petites victoires vont me redonner confiance à moi aussi pour faire ce que j’ai pu faire pendant la première partie de la saison.

« Maintenant, je joue vraiment comme un milieu, un vrai milieu de terrain relayer avec plus de tâches défensives »

Harit sur son rôle cette saison

Quand on revient d’une blessure comme tu l’as vécu, on a l’impression que tu ne retrouve pas l’Harit virevoltant d’il y a un an, un an et demi. On le retrouve par moment mais pas sur la longueur d’un match. Est-ce que tu es d’accord avec ça et est-ce que tu as l’impression que la CAN t’a un peu coupé les jambes et un peu coupé ton élan ?

Harit : Je joue dans une position différente cette saison. L’année dernière, j’étais vraiment comme un vrai attaquant avec Alexis devant, ça me permettait d’être beaucoup plus haut, de beaucoup plus tenter parce que j’étais plus à même d’être proche du but adverse. Maintenant, je joue vraiment comme un milieu, un vrai milieu de terrain relayeur avec plus de tâches défensives. Ma blessure, je savais que j’allais mettre du temps pour retrouver les jambes que j’ai pu avoir l’année dernière. Mais honnêtement, il y a beaucoup de matchs cette saison sur lesquels je m’appuie où je me sentais vraiment très bien. Mais comme on l’a dit juste avant, je pense que la CAN et cette coupure m’a vraiment freiné. J’étais dans une bonne période avant la Coupe d’Afrique, je me sentais bien. En revenant d’une blessure comme ça, le manque de compétition, là où un joueur qui n’a pas été blessé récupère en une ou deux semaines, moi j’ai besoin de plus de temps si je m’arrête un peu plus longtemps. Là, je me sens beaucoup mieux, je me sens plus frais, je récupère beaucoup mieux et j’espère que sur la fin de saison je vais pouvoir repartir comme j’ai pu faire pendant quelques mois en début de saison.

« Pour un attaquant de faire plus d’appel en profondeur, pour un milieu d’aller chercher le ballon, de remonter, pour un défenseur, d’être plus solides dans les duels »

Le milieu de terrain marseillais sur les demandes du nouveau staff

Le coach vous a demandé de faire un peu plus. C’est quoi le « un peu plus » ?

Harit : Un peu plus de tout, un peu plus de course, un peu plus de dynamisme, un peu plus d’envie, d’impact dans les duels. On avait vraiment besoin d’augmenter le curseur sur toutes les choses que l’on peut augmenter. Pour un attaquant de faire plus d’appel en profondeur, pour un milieu d’aller chercher le ballon de remonter, pour un défenseur d’être plus solide dans les duels. Je pense qu’il attendait vraiment de nous qu’on reparte à la base. Quand c’est un peu plus difficile, il ne faut pas se prendre pour d’autres, vraiment repartir de zéro et construire petit à petit. Comme sur les deux derniers matchs où on a gagné, on a pu s’appuyer sur ça pour travailler surtout qu’on a eu une semaine complète pour bosser, ça faisait longtemps qu’on avait pas eu une semaine entière et ça nous a fait énormément de bien.

Pourquoi vous aviez perdu ces bases ? Qu’est ce qui fait que vous les aviez oubliées ?

Harit : Pour moi, c’était un problème mental. C’était dans la tête que c’était compliqué. Cette équipe a de la qualité, on le sait. On sait qu’il y a des très bons joueurs qui manquaient un peu de confiance. C’est les résultats qui amènent de la confiance. Une équipe, un joueur se nourrit de victoire pour performer et quand c’est un peu plus difficile ça se ressent, ça impacte notre vie quotidienne aussi. Dans notre vie quotidienne à chacun, on était pas épanoui. Aujourd’hui un peu de sérénité, un peu de calme de la part du coach et du staff, on a retrouvé beaucoup de joie et de bonne humeur à l’intérieur de l’équipe et du groupe.

Tes douze derniers moi à l’OM n’ont pas été évidents. Est-ce que tu as douté mentalement ? Est-ce que tu es passé par des phases de haut, de bas, est-ce que tu t’es fais aidé, quel rôle ont joué tes coéquipiers ou ton entourage dans cette période ?

Harit : C’est clair que j’ai passé les sept derniers mois un peu compliqué. J’aurai aimé revenir de blessure et que ce soit une saison facile où ça roule, où les résultats sont au rendez-vous. Je me sers de ça, je m’imprègne de ça pour mon futur. C’est des choses qui vont m’aider à grandir, à progresser. Mentalement, je sais que je suis prêt à tout épreuve. J’ai passé ces sept, huit derniers mois à beaucoup travailler sur moi-même, à beaucoup apprendre sur moi-même parce que ce n’était pas facile au quotidien. Mais je pense que l’appui du staff, du coach, du président, d’un peu tout le monde qui a été derrière moi m’a fait énormément de bien. Je pense que le fait que les résultats n’ont pas été très bons ces derniers temps, les gens avaient autres choses à faire que de me remonter le moral. J’ai dû par moment me le remonter un peu tout seul. C‘est ça un équipe, c’est ça un groupe et c’est dans la difficulté que naissent les grands champions.

Tu parlais de la dynamique récente. Avec ton expérience, à l’intérieur du groupe, tu arrives à percevoir qu’il y a quelque chose qui est en train de se passer. En dehors du terrain, à l’entrainement, dans le travail quotidien, dans la mentalité commune ?

Harit : C’est les victoires qui apportent le bonheur, qui apportent de l’enthousiasme de la confiance. Pour des joueurs, je pense à Ili (Ndiaye), qui a marqué, qui a fait un gros match, son meilleur match depuis qu’il est à l’Olympique de Marseille contre Montpellier. C’est des choses qui ne trompent pas, c’est des petits déclics qui font qu’un joueur tu sens qu’il va beaucoup mieux dans le quotidien, il va beaucoup mieux sur le terrain. C’est des choses qui sont importantes pour un footballeur. J’espère que cette confiance, cette sérénité, le calme que le coach nous a apporté vont nous faire du bien et dès demain.

« Après honnêtement, je ne vois pas où Aubameyang est cramé, j’aimerai bien être cramé comme lui à son âge et marqué autant de buts et être aussi décisif. »

Amine Harit sur son coéquipier en attaque Pierre-Emerick Aubameyang

Je voulais que tu nous parles d’Aubameyang. Il a connu un début de saison un peu compliqué notamment sur les chiffres, là on voit il marque régulièrement, meilleur buteur de l’équipe, il porte l’équipe par moment. Est-ce que tu as senti quelque chose, un déclic qui a pu se passer cette saison ? Et est-ce qu’il peut encore mieux faire ? On a dit Aubameyang et peut-être cramé, mais il montre qu’il est toujours là et vraiment décisif…

Harit : A l’image du collectif, il a eu un moment un peu compliqué quand ça n’allait pas au début de saison. Il a eu un très très bon moment après où il a marqué énormément que ce soit en coupe d’Europe ou en championnat où ça allait un peu mieux collectivement. C’est là où je reviens sur le collectif. Quand tout le monde tire dans le même sens, c’est plus facile pour tout le monde et on sait qu’Auba a besoin de ballon devant le but, d’être servi pour tuer, pour nous mettre des buts. Ces derniers matchs c’est ce qu’il a fait. Après honnêtement, je ne vois pas où Aubameyang est cramé, j’aimerai bien être cramé comme lui à son âge et marqué autant de buts et être aussi décisif. C’est un grand joueur, on a besoin de lui pour atteindre nos objectifs en cette fin de saison. Donc j’espère qu’il va continuer sur cette lancée là.

Justement, est-ce que tu peux me parler de lui ? On a l’impression que malgré sa carrière il est très simple. Quand on le voit en interview, il respire la sincérité, la simplicité, ce n’est pas quelqu’un qui se prend pour un autre.

Harit : Pour un joueur qui a fait autant de grands clubs, qui a une carrière qui est la sienne, honnêtement on dirait pas. C’est quelqu’un qui est très simple, qui rigole avec tout le monde. Il ne se prend vraiment pas la tête. Au quotidien il est toujours en train de rigoler avec que ce soit le cuistot, le jardinier ou le président, il est vraiment le même avec tout le monde. Et je pense que c’est ce qui fait la beauté de la personne. C’est quelqu’un de très humain qui est là pour tout le monde, qui est là dans les moments difficiles pour ceux qui en ont un peu plus besoin de part son expérience. Moi qui le connaissais un petit peu auparavant, vivre avec lui au quotidien c’est vraiment une très très belle surprise sur sa personne.

Par rapport au match de jeudi prochain, le fait que le Virage Nord soit fermé, concrètement sur le terrain qu’est-ce que ça peut changer ? Aujourd’hui le Vélodrome est une vraie force, vous y êtes invaincus, c’est un match important. Quand vous attaquez vers le Sud, est-ce que le fait qu’il n’y ait pas le Nord derrière, ou l’inverse en voyant le virage vide, qu’est ce que ça change concrètement sur le terrain ?

Harit : Honnêtement, c’est plus au niveau visuel et sonore où ça change un peu. Une fois qu’on est dans le match, qu’on joue on a pas ce truc de dire « oh mais c’est vide ». Pendant le match, on est vraiment concentré sur le match. Mais ça fait beaucoup moins de bruit, c’est une grosse tribune, une tribune qui est importante pour nous. Franchement, moi je suis dégoûté parce c’est ce qui fait la beauté de la coupe d’Europe. C’est les stades, c’est les stades remplis, c’est des ambiances de feu et être privé de nos supporters pour un match aussi important c’est dommage. Mais on va pas s’apitoyer sur notre sort. On va essayer de faire le meilleur match possible mais c’est clair que j’aurai préféré jouer avec un stade plein comme contre le Shakhtar. On sait que le Vélodrome c’est notre force cette année. Dans cette saison difficile, il y a quand même un point positif c’est qu’on est toujours invaincu à la maison et on va essayer de garder ça le plus longtemps possible.

Clermont dernier qui va jouer une partie sur ce match. Comment vous voyez ce match ?

Harit : On prend le match très au sérieux. On sait que ça ne va pas être un match facile contre une équipe qui joue son maintien en Ligue 1. Nous aussi on joue quelque chose donc on ne va pas faire de cadeau. On est pas là pour essayer de gérer avant le match de jeudi donc on va jouer le match à fond. C’est un match très important pour nous aux vues des confrontations directes qu’il y a entre les autres clubs. A nous de faire un gros match demain, beaucoup de sérieux, beaucoup de simplicité, d’humilité comme on a pu en faire preuve sur les deux derniers matchs pour aller chercher ses trois points qui vont nous faire énormément de bien et nous donner de la confiance. Il va falloir s’appuyer sur ce match et l’utiliser pour arriver à 100% de confiance jeudi.

Rudy Bourianne

Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné du club phocéen et du sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM, de la Voile et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.

X (ex-twitter) : @R_Bourianne