L’OM, terre des éléphants…

Les scènes d’émotions de Sebastien Haller, vainqueur de la CAN 2024, dans les bras de Basile Boli rappellent le lien entre l’OM et la Côte d’Ivoire. L’arrivée de Jean-Gasset, ancien sélectionneur du pays, est l’occasion de revenir sur les joueurs ivoiriens qui ont marqué l’histoire du club. Rétro.

Avec Haller, à jamais les premiers !

Si les larmes de Sebastien Haller sont des larmes de joie et de soulagement après les épreuves traversées, sa lutte contre un cancer des testicules en juillet 2022 l’avait éloigné des terrains jusqu’en février 2023, elles rappellent, celles plus terribles de l’ancien défenseur de l’OM un soir de finale de coupe d’Europe à Bari en 1991. Basile Boli, venu réconforté le héros de la première CAN de l’histoire ivoirienne, n’a pour sa part jamais porté le maillot orange des éléphants mais est né en Côte d’Ivoire, à Abidjan et a été lui aussi héros un soir de finale. Fort des liens qu’il a su garder avec son pays natal, le franco-ivoirien, ambassadeur de l’OM a été au coeur du partenariat entre le club et Sublime Côte d’Ivoire, dont le but est de promouvoir le tourisme dans le pays hôte de cette CAN 2024. Ses larmes, il les effacera. Dans la nuit munichoise, le joueur ivre de joie fait le geste, devant la tribune des supporters olympiens, qu’il ne pleurera plus. 26 mai 1993, Basile Boli vient de remporter la Ligue des Champions avec l’OM.

Les larmes de Bari, effacées à Munich

26 mai 1993. L’OM remporte la Ligue des Champions.

Didier Drogba, la la la la la…

Une autre légende, qui a porté le maillot des éléphants pour sa part, a versé des larmes pour l’OM. Alors qu’il sort d’une saison monstrueuse, Didier Drogba, conduit vers la sortie par les dirigeants pour un transfert record à l’époque (37 millions d’euros), laisse couler des larmes alors qu’il signe pour Chelsea. Le joueur ivoirien ne veut pas partir et fait tout pour rester, comme il s’en confiera en interview. Lui qui est pressenti pour un jour reprendre la tête de la sélection ivoirienne, inscrit 32 buts lors de l’exercice 2003-2004 et mène l’OM en finale de la coupe UEFA. La saison suivante, sous le maillot des Blues, il scande « Allez l’OM » au Parc des Princes après un but exceptionnel sur coup franc face au PSG. Une légende. Avec Chelsea, Drogba va tout gagner. En 2006 et 2009, il est élu Joueur Africain de l’année (anciennement Ballon d’or Africain). L’une des seules lignes manquantes à son palmarès est la Coupe d’Afrique des Nations. L’attaquant en atteindra par deux fois la finale en 2006 et 2012. Véritable idole dans son pays, Didier Drogba s’est particulièrement illustré en dehors pour sa prise de position pour apaiser les tensions alors que la guerre civile faisait rage en Côte d’Ivoire.

Rétro sur la saison hors-normes de Didier Drogba à l’OM.

Coup de tête

En 2003-2004, Drogba n’est pas le seul ivoirien à porter le maillot bleu et blanc, ni à inscrire un but contre Liverpool. Solide défenseur, Abdoulaye Méïté propulse l’OM au tour suivant lors des 1/8e de finale de coupe d’UEFA face au club anglais. Son coup de tête rageur résonne encore. Rugueux et dur sur l’adversaire, le défenseur passe six années au club, de 2000 à 2006, pour 156 matchs sous le maillot olympien. Avec Didier Drogba, ils sont impuissants à Göteborg. L’OM s’incline 3-0 face à Valence en finale de la coupe UEFA. C’était il y a 20 ans.

OM – Liverpool, 2-1, 1/8e de finale coupe UEFA.

Domoraud, si près du but…

Quand on cite les joueurs ivoiriens passés par l’OM, c’est rarement le premier, ni même le dernier. Généralement, même on l’oublie. Pourtant, Cyril Domoraud a vécu l’une des plus grosses saison du club. L’une des plus tragiques aussi sur son dénouement. En 1998-1999, l’OM est entraîné par Rolland Courbis qui a sous ses ordres ce qu’on peut appeler « une grosse équipe ». Dans les rangs aux côtés de Domoraud, il y a Laurent Blanc, Pierre Issa, Fabrizio Ravanelli ou encore Robert Pirès pour ne citer qu’eux. Soit quasiment que des internationaux à toutes les lignes. Et forcément, ça paye ! L’OM dans la lutte jusqu’au dernier match avec Bordeaux, voit le titre lui échapper dans les dernières secondes du championnat dans un scénario comme le football aime les inventer. Alors que les Olympiens font le travail en s’imposant à Nantes, au Parc des Princes, la défense du PSG à la douce idée de laisser partir Pascal Feindouno qui n’en demandait pas tant à deux partout pour inscrire le troisième but bordelais significatif de titre pour son équipe à la 89ème minute de jeu… À deux minutes près, l’OM était champion. Et cette année là, c’est la double peine pour les supporters marseillais. Quinze jours plus tôt déjà, le 12 mai 1999, l’OM s’inclinait en finale de coupe UEFA à Moscou contre Parme, 3-0. Il y a des printemps qui chantent, et d’autres qui pleurent.

« Baky » !

Les trois compatriotes ne connaîtrons donc pas la joie qu’à connu leur aîné d’un titre avec l’OM. A l’inverse de Bakari Koné, champion de France 2009-2010. L’attaquant de poche, 1 mètre 63, va jouer deux saisons à l’OM et inscrire 16 buts pour 80 apparitions sous le maillot olympiens. Face à Lyon, c’est lui qui inscrit le troisième but de son équipe dans l’un des matchs les plus beaux de l’histoire de la Ligue 1. L’affrontement entre les deux Olympiques est un véritable spectacle qui va se conclure dans les derniers instants de la rencontre sur un 5-5 incroyable. Sous les couleurs ivoirienne, Bakari Koné participe à la finale de la CAN en 2006 aux côtés de Didier Drogba. En 2016, il fait son retour à l’ASEC Mimosas d’Abidjan, son tout premier club. Il y devient conseiller sportif puis président délégué jusqu’en 2021.

OM – Lyon 5-5, saison 2009-2010.

Bakayoko, pas vraiment le grand attaquant

Arrivé à l’été 99 à l’OM, l’ancien capitaine de la Côte d’Ivoire laisse un drôle de souvenir aux supporters marseillais. Il se fait remarquer au stade Vélodrome lors de la remontée légendaire de l’équipe de Rolland Courbis 5-4 face à Montpellier. Avec le MHSC, il inscrit un doublé contre l’OM avant que son équipe, après avoir menée 4-0 à la fin de la première période, se fasse remonter puis passer devant au score à la 90ème sur un penalty de Laurent Blanc. Recruté la saison suivante, il va sous le maillot olympien réaliser le meilleur comme le pire. Et « Baka » énerve autant qu’il régale le stade avec des ratés improbables et des buts venu d’ailleurs. Les supporters iront même jusqu’à appeler ses loupés des « Bakayokades », clin d’oeil rieur et analogie aux « Papinades » du grand attaquant de l’OM, Jean-Pierre Papin. L’ivoirien reste quatre ans au club et y inscrit 34 buts en 136 matchs. En 2000 et 2001, ses réalisations permettront tout de même à un OM en grande difficulté d’éviter la relégation.

Compilation réalisée par Foot Mercato des pires et meilleurs moment de Bakayoko à l’OM.

Jean-Désiré Sikély, premier des éléphants

Il est le premier parmi les 17 joueurs ivoiriens passés au club à en avoir porté le maillot. Jean-Désiré Sikely arrive en 1973. L’OM sort alors de saisons historiques et le joueur ivoirien va faire ses premiers pas auprès de véritables légendes. Pour sa première rencontre avec l’OM, il est en ballotage avec Albert Emon pour remplacer Josip Skoblar suspendu pour jouer face à Sedan. Finalement choisi, après un premier quart d’heure difficile, le joueur prend ses responsabilités et commence à trouver ses repères. Il inscrit deux buts lors de la rencontre, dont le premier de son mauvais pied, le gauche, sur un centre du magicien Roger Magnusson. Au sortir de la saison, il attend sa naturalisation pour signer son premier contrat pro avec l’OM. Envoyé à Toulon car toujours en attente, il rejoue pour l’OM trois saisons plus tard. Son plus grand fait d’arme ne se fera pas sous le couleurs olympiennes, mais avec celles de Montpellier. Très convoité par Louis Nicollin, l’ancien attaquant de l’OM rejoint Montpellier en 1980. Là-bas, il sera l’un des grands artisans de la première montée du club en première division et va devenir une vraie star. Quelques années plus tard, en 2003, il fonde et devient président du Mouvement écologique ivoirien.

Bamo Méîté, pour l’avenir ?

Recruté en prêt avec option d’achat du côté de Lorient lors du mercato estival saison 2023-2024, le jeune ivoirien est peut-être l’un des plus gros potentiels de l’effectif. A 21 ans, Bamo Méîté a déjà fait 17 apparitions sous le maillot olympien, dont la plupart satisfaisantes. Solide et technique balle au pied, le joueur, si il est conservé la saison prochaine, peut devenir l’une des valeurs sûrs de l’OM en cas de confirmation. En sélection nationale, il a été jusqu’au dernier moment pressenti pour jouer la CAN, mais Jean-Louis Gasset a finalement décidé de ne pas sélectionner le jeune international U23.

Rudy Bourianne

Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné du club phocéen et du sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.