Aujourd’hui se tient le 92e congrès des départements français. À cette occasion, Martine Vassal, vice-présidente de l’Assemblée des départements de France, tire la sonnette d’alarme concernant la prise en charge des mineurs non accompagnés (MNA). Face une situation inédite, Martine Vassal n’écarte pas l’idée d’une désobéissance civile pour protéger les missions impérative de sa collectivité départementale.
Les départements français font face à une réalité alarmante. Martine Vassal alerte sur la situation nationale : « à la fin de l’été, la France avait accueilli autant de mineurs non accompagnés que sur toute l’année 2022« . Elle prévoit un nombre de 40 000 MNA d’ici à la fin de l’année 2023. La prise en charge de ces mineurs avoisine les 2 milliards d’euros, une charge financière et logistique lourde pour les départements Français. La vice-présidente a déclaré à nos confrères du Figaro : « Nos dispositifs d’aide sociale à l’enfance sont complètement thrombosés par cet afflux « . Elle pointe du doigt la difficulté croissante pour les institutions de trouver des familles d’accueil et de recruter des éducateurs pour ces missions exigeantes.
La présidente du département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole d’Aix-Marseille rapporte que, en 2015, il y avait 200 jeunes migrants pris en charge dans le département des Bouches-du-Rhône, à la fin de cette année, il y en aura 2 000. Lors de son entretien avec Emmanuel Galiero, Martine Vassal a exprimé sans détour l’impossibilité de financer une telle charge sur le long terme, notamment à cause de l’essoufflement des ressources financière des collectivités. « Je suis prête à me mettre hors la loi« , affirme-t-elle, pour sauvegarder les missions impératives sur le territoire.
Entre l’urgence et la controverse
Les associations qui accompagnent ces jeunes sont également dans le viseur de la vice-présidente de l’assemblée des départements. Elle les accuse de « pousser ces jeunes à se déclarer mineurs » et les qualifie de » marchandes de faux espoirs « . Pour Martine Vassal, cette bienveillance associative s’oppose à la réalité des capacités réelles d’accueil françaises.
La question de l’évaluation de l’âge des MNA reste tout aussi épineuse. Martine Vassal pointe du doigt l’imprécision des méthodes radiologiques, révélant que » 90 % des jeunes migrants se déclarent mineurs, alors qu’en réalité près de 70 % sont évalués majeurs « . La présidente du département 13 souligne l’urgence de revoir les modalités d’évaluation, mais aussi la loi Taquet, qui étend la prise en charge de ces migrants jusqu’à leur 21e année. Face à cette situation, la réponse du gouvernement est vivement attendue. Martine Vassal insiste : » Nous demandons à l’État d’assumer la responsabilité et le coût de l’accueil des jeunes migrants durant toute la phase d’évaluation. «
Les enjeux sont désormais sur la table des discussions, notamment dans ce moment politique de la loi sur l’immigration.
Léopold Aubin