A la veille du lancement du Delta Festival, qui se déroulera sur 5 jours et qui verra se produire pas moins de 250 artistes, le Méridional s’est entretenu avec Lucas Kasprzak Directeur de la communication de l’événement, afin de mieux comprendre son actualité et le déroulement du Delta Festival.
Le Méridional – Afin de mieux comprendre l’histoire du Delta Festival, quand se déroule sa première édition ?
Lucas Kasprzak : L’association qui organise le festival s’est créée en 2014, et la première édition officielle a eu lieu en 2015. Cette année il s’agit donc de la 9e édition, et l’année prochaine nous fêterons les 10 ans du festival.
Le Méridional – Le festival s’est toujours déroulé à Marseille ?
Lucas Kasprzak : Oui, le festival s’est toujours déroulé à Marseille, et je pense qu’il se déroulera toujours à Marseille puisque ça fait partie de l’ADN du projet.
Le Méridional – Mais ça ne s’est pas toujours fait sur la plage de Prado ?
Lucas Kasprzak : Depuis 2018 ça s’est toujours fait sur les plages du Prado, mais effectivement ça n’a pas toujours été le cas. La première édition s’est déroulée sur la plage de la vieille chapelle à la Pointe Rouge. En 2016, il me semble, l’évènement s’est déroulé sur l’esplanade du J4. Mais depuis 2018 nous sommes installés sur les plages du Prado.
Le Méridional – Combien de festivaliers attendez-vous cette année ?
Lucas Kasprzak : On attend quasiment 30 000 festivaliers par jour, sur 5 jours. Ce qui fait 150 000 sur l’ensemble du festival, du mercredi au dimanche minuit.
Le Méridional – Y a-t ‘il une différence de fréquentations par rapport à l’année dernière ?
Lucas Kasprzak : Oui, en termes de format on est quasiment sur les mêmes dimensions que l’an dernier. Pour nous cette année l’enjeu était d’assoir le côté professionnel du festival, et d’améliorer ce qui pouvait l’être. En termes de volume et de configuration du site il y a quelques modifications, mais sinon on est quasiment sur même capacité d’accueil.
Le Méridional – Vous parliez de modifications, de quoi s’agit-il ?
Lucas Kasprzak : Il s’agit juste de différences de placement des scènes ou de certains espaces au sein du festival. Une des scènes qui était positionnée plus proche du petit canal de l’Huveaune, a été déplacé devant la statue du David… Mais globalement les habitués du festival ne seront pas perdus dans l’évènement.
Le Méridional – Est-ce que vous savez d’où viennent les personnes qui viennent au Delta Festival ?
Lucas Kasprzak : On a, à peu près 40% des festivaliers qui viennent de la région sud et alentours. Donc le festival est très bien implanté au niveau régional. Après nous avons des festivaliers qui viennent de la France entière. Ils viennent de façon équivalente de Paris, de Lyon, de Bordeaux, de Lille ou de la Bretagne. C’est étonnamment bien réparti. Et nous avons aussi un public qui vient d’Europe, et plus particulièrement des pays frontaliers : Italie, Espagne, Angleterre, des Belges, des Suisses, des Allemands. Ce qui profite aussi à la région puisqu’ils ne viennent pas uniquement pour le Festival mais aussi ils viennent faire du tourisme dans la région.
Le Méridional – Dans votre programmation d’artistes il y a de tout : de la musique urbaine, de la pop mais aussi de l’électro… Comment définirez-vous la ligne artistique du festival ?
Lucas Kasprzak : Chez nous il y a toujours eu une envie au Delta d’être le plus universel pour nos spectateurs, parce que notre cœur de cible reste les 18-30 ans, donc il faut qu’il y en ait pour tous les goûts. Avec 5 scènes on peut vraiment proposer plein d’esthétique différente, même si il y a une prédominance pour la musique éléctro/techno. Mais on a très envie, et c’est l’enjeu pour les années à venir de proposer encore plus de têtes d’affiches pop ou urbaines, et de faire venir des artistes internationaux.
Le Méridional – Comment avez-vous réussi à construire la réputation du Delta Festival ?
Lucas Kasprzak : La genèse du Delta s’est construite pour les étudiants, surtout pour ceux de l’université d’Aix-Marseille, puisque le festival s’est lancé en même temps que la fusion des universités. L’idée était de créer un temps fort pour les étudiants de la région. L’ADN du festival c’est aussi le fait d’accueillir, 300 associations étudiantes françaises, et ces associations sont pleinement partenaires du festival. Le festival est coconstruit avec elles, notamment sur ce qu’ils aimeraient trouver sur le festival, et naturellement d’année en année la capacité d’accueil à augmenter avec elle le budget dédié à la programmation artistique, qui permet d’attirer les têtes d’affiche et cela crée un cercle vertueux.
En parallèle de cette construction, on a voulu montrer que le festival n’est pas juste un festival de musique. C’est aussi un grand forum de la jeunesse. Actuellement on est le plus grand forum jeunesse de France puisque qu’au sein du festival il y a 10 villages thématiques dédiés par exemple à la culture, à la santé, à l’environnement, et à l’économie avec un village start-up, mais aussi un village sur le vivre ensemble… L’idée c’est de couvrir tout ce qui peut intéresser les jeunes et les étudiants. Cette année y aura pas moins de 700 exposants et acteurs, donc des associations, des instituts publics, des ONG, des entreprises privées, des start-up, des structures d’incubations de projets. De cette manière on arrive a joindre l’utile à l’agréable pour nos festivaliers : profiter d’un concert et après ils peuvent rencontrer une association comme Clean my calanque, ou Amnesty international ou la ligue contre le cancer. C’est aussi ce qui a permis de construire la réputation du Delta Festival, parce que je ne crois pas qu’il existe des évènements similaires en France sur des formats aussi gros.
Le Méridional – Mais pourquoi faire ça en particulier à Marseille et pas dans les villes ou villages qui sont aux alentours ?
Lucas Kasprzak : Déjà les deux fondateurs, Olivier Ledot et Matthieu Predal sont Marseillais, et étaient en fin d’études sur Marseille au moment où ils ont lancé le projet, donc il y avait l’envie de construire un projet à domicile. La seconde raison est que il y a 10 ans Marseille souffrait d’une réputation qui s’est bien amélioré depuis, mais l’idée était de vouloir montrer que la jeunesse de Marseille est engagée fortement, elle est festive, bienveillante et solidaire. Cela permis de créer une vitrine pour dire aux jeunes en France et en Europe, que Marseille est une véritable destination de voyage, de plaisir et de rencontre.
Le Méridional – Le monde économique marseillais parle beaucoup de votre festival, comment l’expliquez-vous ?
Lucas Kasprzak : À mon avis, cela tient beaucoup à la construction des villages. Depuis des années nous avons des villages, comme celui de la start-up, celui de l’innovation et des opportunités professionnelles. L’idée c’est de travailler avec beaucoup d’acteurs, et beaucoup avec les régionaux parce qu’on a envie de mettre en avant les structures locales, notamment avec les associations pépites France ou pépites PACA. On a voulu attirer tout l’écosystème professionnel de la région sur l’évènement, et ça se voit depuis l’année dernière avec le développement des rendez-vous professionnels au sein du festival, avec un annuaire qui répertorie tous les professionnels présents sur le festival pour qu’ils puissent échanger avec les jeunes mais aussi les acteurs économiques de la région. En gros, Clean my calanque peut discuter avec le Crédit mutuelle pour monter des projets.
Le Méridional : Vous avez des retours chiffrés de ce rendez-vous économique ?
Lucas Kasprzak : Oui, par exemple l’année dernière il y a eu 2000 rendez-vous professionnels sur le festival, justement grâce à la plateforme et aux espaces dédiés. On voit des fois après coup des structures qui sont rentrées en contact et qui ont discuté… Un peu de la même manière on a créé le village de l’opportunité qui est un village dédié aux embauches et à la formation professionnelle ou aux voyages internationaux et des jeunes qui sont passés par là on les retrouve l’année d’après dans un autre village, avec une start-up parce qu’ils ont fait un « job-dating » l’année d’avant.
Le Méridional : Comment se passent les relations avec les riverains et les institutions politiques marseillaises ?
Lucas Kasprzak : Évidemment, vu la taille et l’ampleur du festival, on est en lien toute l’année avec les collectivités territoriales. Elles sont toutes partenaires du festival, qu’il s’agisse de la région, la métropole et la ville de Marseille qui met à disposition les plages du Prado. On a conscience aussi de la taille du festival et ses conséquences sur la circulation sur les nuisances sonores ou autres, donc on travaille beaucoup avec les comités de quartiers notamment celui du 6-8e arrondissements. Typiquement pour limiter les nuisances sonores on a installé des capteurs sonores chez les riverains pour mesurer en temps réel le son du festival et adapter les volumes sonores.
Le travail avec les comités de quartiers ne s’arrête pas là, puisqu’on donne l’opportunité à ces personnes de venir visiter le festival pour qu’ils puissent voir que c’est un atout pour le territoire. L’année dernière on a réalisé une étude d’impact économique sur le territoire, et on a estimé à peu près à 10 millions d’euros les retombées pour la région et la ville.
Propos recueillis par Léopold Aubin