A la fin de l’exercice 2014-2015, quatre titulaires importants quittent le club sous forme d’agents libres : Rod Fanni, André Ayew, André-Pierre Gignac et Jérémy Morel. Le problème est que la situation financière du club est vraiment catastrophique et la DNCG exige des ventes avant début juillet. D’autres joueurs moins importants font leurs valises Brice Samba, Julien Fabri, Laurent Abergel, Modou Sougou, Wesley Jobello, sans que cela ait un réel incident sur l’effectif.
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Les premières ventes arrivent donc très vite : Dimitri Payet signe à West Ham pour 15 millions d’euros et derrière, Vincent Labrune se rapproche du fonds d’investissement Doyen Sport dirigé par Nelio Lucas pour trouver une porte de sortie à Giannelli Imbula. Le FC Porto ne peut pas payer son transfert alors que les dirigeants marseillais demandent 20 millions d’euros. Après un montage financier instable, Imbula devient le joueur le plus cher de l’histoire du FC Porto.
Un deal est conclu entre Doyen Sport et le club portugais : le fonds d’investissement s’engage à trouver une offre supérieure au prix d’achat pour que les Dragões obtiennent rapidement une plus-value sur le transfert. C’est la première brique posée pour l’implantation de Doyen Sport au sein de l’Olympique de Marseille.
Ce mercato estival de 2015 est source de problèmes. Marcelo Bielsa attendait d’autres joueurs, que Labrune ne pouvait pas lui offrir, ce qui entraîne le départ du coach argentin après le premier match de la saison contre Caen. C’est Michel qui reprend les rênes sur les conseils de Nelio Lucas – encore lui.
Après des résultats catastrophiques, Michel est remplacé par Franck Passi, qui assure un bon intérim avec le maintien à la clef. A travers une analyse des recrues, retour sur ce que beaucoup considèrent comme l’un des mercatos les plus ratés de ces deux dernières décennies.
• Georges-Kévin Nkoudou
Arrivée : 1,5 million d’euros
Il fait partie des rares satisfactions. Un gros début de saison pour l’international Espoir ; sa deuxième partie est un peu moins bonne en raison d’une blessure qui gâche sa fin de saison. Globalement, son premier exercice sous le maillot olympien est une réussite et va convaincre Tottenham de dépenser 11 millions d’euros pour le signer à l’été 2016.
• Yohann Pelé
Arrivée : libre
Le portier arrive pour être la doublure de Mandanda alors que Gennaro Bracigliano et Brice Samba n’ont pas convaincu. A l’époque, son recrutement est assez anecdotique mais se montrera payant la saison suivante avec le départ d’ « El Fenomeno ». L’ancien Lorientais fera une saison pleine et réussie avec de nombreux clean-sheet. Au retour de Mandanda, il retrouve un statut de doublure très fiable.Â
• Lucas Ocampos
Arrivée : recruté définitivement pour 7 millions d’euros après avoir été prêté par l’AS Monaco
Remplaçant de luxe, avec des coups d’éclats trop rares mais mémorables qui ne suffisent pas à masquer son irrégularité. Un niveau très loin de ce qu’on a vu de lui sous les ordres de Rudi Garcia. L’Argentin sera finalement prêté à l’été 2016, après une saison loin d’être convaincante. A son retour de prêt, il va s’imposer et laisser de bons souvenirs grâce à sa grinta et des prestations beaucoup plus abouties.
• Karim Rekik
Arrivée : 5 millions d’euros
Il est l’une des demandes de Marcelo Bielsa et la direction n’hésite pas à lâcher une somme conséquente par rapport à ses finances pour satisfaire le coach. A ce moment-là , le Néerlandais est un prometteur défenseur qui est passé par City et qui cherche à confirmer les espoirs après deux saisons au PSV Eindhoven. Malheureusement, il ne joue qu’un seul petit match sous les ordres de l’entraîneur qui l’a fait venir et n’arrive pas à s’imposer dans le 11 de départ par la suite, avec des prestations toujours irrégulières. Rekik quitte le club 2 ans après son arrivée sans laisser une vraie trace.
• Lassana Diarra
Arrivée : libre
Il est l’une des rares satisfactions parmi les recrues. Libre depuis son départ du Lokomotiv Moscou, il n’avait plus joué depuis environ 1 an. Il effectue une très grosse saison qui lui permet de retrouver l’Équipe de France, en étant même sélectionné à l’Euro 2016 – une sélection qu’il ne pourra pas honorer en raison d’une blessure au genou. Devenu capitaine à l’OM, à partir de sa condamnation officielle à payer 10 millions d’euros à son ancien club, il ne sera plus jamais le même joueur. Lassana Diarra quitte le club en février 2017, d’un commun accord.
• Javier Manquillo
Arrivée : prêt sans option d’achat
Sur le côté droit de la défense, Bielsa demande le prêt de Javier Manquillo, lui qui était déjà convoité l’été précédent. Malgré le départ du coach, l’Espagnol est titulaire et effectue des prestations plutôt bonnes dans l’ensemble. L’été suivant, l’OM souhaite obtenir un nouveau prêt mais le joueur prend la direction de Sunderland.
• Abou Diaby
Arrivée : libre
L’opération Diarra donne des idées à Labrune qui tente le pari de relancer Abou Diaby, totalement plombé par les blessures. Un pari sans réel risque financier, avec un salaire raisonnable et de primes assorties selon le nombre de matchs joués. Malheureusement, il ne retrouvera jamais son niveau de ses débuts à Arsenal. Au total, il ne dispute que 6 matchs en 2 saisons, toujours avec ce corps de cristal qui l’handicape largement et l’oblige à prendre sa retraite en 2019.
• André-Frank Zambo Anguissa
Arrivée : libre
Décidément très impliqué dans le mercato, « El Loco » souffle le nom de André-Frank Zambo Anguissa, qui rejoint l’OM en provenance de Reims. Le joueur peine à s’imposer pour ses débuts en professionnel avec un faible temps de jeu. C’est sous l’ère Garcia qu’il s’impose et gagne sa place de titulaire dans l’entre-jeu olympien. L’international camerounais signe à Fulham à l’été 2018 pour plus de 30 millions d’euros. Â
• Rémy Cabella
Arrivée : prêt avec option d’achat
Avec une enveloppe mercato insuffisante, le club phocéen se montre inventif : Florian Thauvin est vendu à Newcastle pour 17 millions d’euros en échange du prêt avec option d’achat de Rémy Cabella. Le joueur ne réussit pas à convaincre tout de suite mais à partir du mois de décembre, il revient à un bon niveau avec des buts importants. Il fait partie des satisfactions de ce mercato, en gagnant une place de titulaire jusqu’au départ de Michel. Définitivement Marseillais à la fin de la saison, il est transféré deux ans plus tard à Saint-Etienne.
• Lucas Silva
Arrivée : prêt
L’influence de Doyen Sport se montre à nouveau avec l’arrivée de Lucas Silva, prêté par le Real Madrid sans option d’achat. Le Brésilien est un véritable flop malgré des débuts prometteurs. Il n’a jamais réussi à convaincre et à confirmer son potentiel, qui avait poussé le Real Madrid à le recruter à Cruzeiro, en 2015.
• Rolando
Arrivée : 1,5 million d’euros
Dans un premier temps, le Portugais a déçu : pas assez fiable défensivement et surtout ne possédant pas la stature d’un titulaire indiscutable, il finit même placardisé à l’arrivée de Passi. Il doit attendre l’arrivée de Garcia pour être relancé contre le PSG, en étant même nommé homme du match. C’est à partir de ce match qu’il devient titulaire ; le défenseur inscrit même le but victorieux, qui qualifie l’OM en finale de l’Europa League. Il est récompensé par une prolongation malgré sa blessure avant de partir en 2019.
• Mauricio Isla
Arrivée : prêt avec option d’achat
Arrivé en provenance de la Juventus, il est un joueur intéressant, qui apporte beaucoup de caractère à l’OM. Il était globalement apprécié par les supporters qui auraient aimé le voir rester plus longtemps au club. A la fin de son prêt avec Marseille, Isla signe avec Cagliari.
• Paolo De Ceglie
Arrivée : prêt
L’un des pire latéraux gauches passés par l’OM. Arrivé de la Juventus en prêt, le joueur ne dispute que 12 matchs avec les Bleus et Blancs. Lent, dépassé, et peu habile techniquement, il n’a jamais su briller sur la Canebière et a même hérité du surnom de « Paolo de Sanglier ». Son passage a été tellement catastrophique que le défenseur met 22 mois avant de retrouver un club : le Servette de Genève.
• Bouna Sarr
Arrivée : 1,5 million d’euros
Demandé par Bielsa, à cette époque Sarr jouait ailier droit et ses performances ne sont vraiment pas satisfaisantes, avec un manque d’impact dans ses matchs. C’est une grande déception pour un joueur qui sortait d’une grosse saison à Metz. A l’OM, il a un vrai déficits de statistiques, il est ensuite replacé en tant que latéral droit et commence à faire décoller sa carrière. Il quitte le club en 2020 pour le Bayern Munich.Â
• Florian Thauvin
Arrivée : prêt
Six mois après son départ pour l’Angleterre, Thauvin revient sous la forme d’un prêt sec. Il joue un rôle très important dans la course au maintien. Ses débuts sont compliqués, mais peu à peu il monte en puissance et aide grandement l’équipe. L’ancien Bastiais est transféré par la suite définitivement à Marseille et effectue une saison 2017 tonitruante. Thauvin quitte le club en 2021 pour rejoindre les Tigres de Monterrey.Â
• Steven Fletcher
Arrivée : prêt
L’OM ne possédait toujours pas d’attaquant de métier dans l’effectif afin épauler Michy Batshuayi : Steven Fletcher est prêté pour 6 mois après que l’OM a tenté la piste Milik. L’attaquant britannique ne sera pas le joueur espéré par le club, avec seulement 3 buts et 4 passes décisives dont presque la moitié en Coupe de France. Il quitte le club dans l’indifférence la plus totale.
L’Olympique de Marseille termine cet exercice 2015-2016 à la 13ème place en se maintenant à la 36ème journée. La seule compétition qui sauve la saison, c’est la Coupe de France – avec une finale perdue face à Paris.
Un contexte délicat
Globalement, le recrutement a été très peu satisfaisant à quelques exceptions près. Des joueurs comme Rolando, Sarr, Ocampos ou Pelé seront par la suite de grands artisans du parcours de l’Olympique de Marseille en Europa League. Mais cette saison-là , ils étaient loin du niveau qu’on leur a connu à partir de l’arrivée de Rudi Garcia.
Une des raisons qui explique un tel fiasco est le contexte : entre le départ de Marcelo Bielsa, le passage raté de Michel, l’influence grandissante et trop influente de Doyen Sport sur le mercato phocéen.
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L’effectif était loin d’être désastreux mais l’ensemble n’était pas harmonieux. Ce mercato était placé sous le signe des agents et des mandataires, tout cela surveillé par la DNCG. Il était alors compliqué, pour les dirigeants olympiens, de mettre en place un mercato de grande qualité avec toutes ces considérations-là …
Cyriane VIALA