Tout savoir sur l’OM – Aux origines de la rivalité du Classico

OM-PSG en Finale de la coupe de France en 2006 © WKMC

C’est une rivalité qui a marqué et qui continue de marquer les générations, c’est une rencontre à part dans le championnat où une simple victoire peut pardonner bien des échecs. Une guerre qui se poursuit jusque dans le mercato avec plus d’une cinquantaine de joueurs ayant porté les deux maillots.

Comment l’OM et le PSG, qui ne sont pourtant pas rivaux d’origine, en sont-ils arrivés à une telle inimitié, sans doute l’une des plus célèbres – et médiatiques – du championnat de France ?

OM-PSG : l’un des matchs les plus attendus chaque saison en Ligue 1. La province contre la capitale, le Sud contre le Nord, une écurie centenaire face à un jeune club. Une rencontre clivante et une rivalité qui semblent indiscutables aujourd’hui dans l’esprit de chacun, mais qui n’a pourtant pas toujours existé.

Prémices d’une rivalité

Les deux écuries n’ont pas vu le jour à la même époque. L’Olympique de Marseille est né le 31 août 1899, tandis que l’on considère que le Paris Saint-Germain existe depuis le 12 août 1970, après la fusion entre le Stade Saint-Germain et le Paris FC. Pendant 71 ans donc, cette légendaire rivalité n’était pas à l’ordre du jour.

les deux écuries n’ont pas vu le jour à la même époque

Citons au passage quelques rivalités entretenues par l’OM antérieures à celle avec le PSG : avec le FC Sète dans les années 1920, avec l’AS Saint-Etienne dans les années 1970, ou encore avec les Girondins de Bordeaux, qui dominaient la scène nationale dans les années 1980.

Les premiers matchs entre l’OM et le tout nouveau PSG se disputent sans réelles tensions. La première rencontre se joue le 12 décembre 1971, pour une victoire marseillaise 4-2 sans véritable engouement.

une rivalité prend forme en 1975

Mais une rivalité prend forme en 1975 : l’OM reçoit alors le PSG pour un quart de finale de Coupe de France. Les premiers incidents surviennent quand une partie du Vélodrome tente de s’introduire dans le vestiaire parisien. Pour le match retour, quelques jours plus tard, les Parisiens déclenchent des altercations dans les tribunes et pour la première fois, le Parc des Princes joue à guichet fermé… Cependant le conflit ne déchaîne pas encore les passions, le club phocéen possédant des concurrents sportifs plus importants que le PSG, alors encore novice.

Sous l’ère Tapie

En 1986, Bernard Tapie rachète l’Olympique de Marseille, qui végétait alors dans les bas-fond du championnat et n’avait plus remporté de trophée depuis 10 ans… Le club est en grosse difficulté financière, et l’homme d’affaire reprend l’écurie pour 1 franc symbolique. Tapie a pour ambition de ramener la Coupe d’Europe à Marseille et investit beaucoup dans le club.

Petit à petit l’OM retrouve de sa superbe et domine le championnat de France pendant que ses rivaux historiques sombrent dans les profondeurs du classement. Une situation qui ne plaît que moyennement à Canal +, diffuseur officiel du championnat, qui veut augmenter le nombre d’abonnés et créer un engouement sur une compétition serrée pour la rendre plus attractive.

canal + veut créer un engouement

Bernard Tapie, de son côté, a tout intérêt à ce que l’équipe retrouve un nouveau rival de taille afin de relancer le championnat et de réaliser son rêve de gagner la Coupe d’Europe.

Paris est alors le club parfait pour jouer à fond sur la rivalité Nord-Sud, celle de la capitale contre la deuxième ville de France. Canal + investit donc dans l’image autour du Paris Saint-Germain ; en 1991, il faut dire que le club a en effet un énorme potentiel de développement, peu mis en avant.

La rivalité n’est pas longue à s’instaurer ; la presse prend sa part, rapportant les moindres faits de jeu entre les équipes et les supporters.

Une inimitié qui s’installe au fil des rencontres

L’animosité entre les deux équipes atteint son apogée le 18 décembre 1992. Ce soir-là a lieu le match le plus violent du championnat de France, avec pas moins de 50 fautes sifflées.

La tension est à son comble, et la rivalité entre des deux clubs est maintenant – si elle devait l’être – entièrement démontrée.

Cette période voit éclore une « supériorité psychologique » des Marseillais : qu’on pense à la crainte inspirée par Boli, Di Meco, Deschamps ou même Angloma.

en 1993, la rivalité change de visage

En 1993, la rivalité change de visage. L’OM bat le PSG 3-1, trois jours seulement après sa victoire en Coupe d’Europe, et les supporters parisiens en colère vont aller jusqu’à tirer des fusées de détresse dans la tribune Ganay, faisant plusieurs blessés.

Par la suite, le club phocéen se voit retirer son titre de champion 93 après l’affaire VA-OM. Le PSG, deuxième lors de cet exercice, est sorti de cette saison avec un goût d’injustice, ce qui ne fait que contribuer à exacerber l’opposition.

La rivalité revient sur le devant de la scène en 1997… avec l’inoubliable victoire olympienne 2-1 au Parc des Princes, grâce à un penalty obtenu par Ravanelli – source de débat aujourd’hui encore.

l’inoubliable victoire olympienne de 97 au parc des princes

Trois ans plus tard, l’OM doit se sauver de la relégation et vient à bout du PSG, 4-1 – avec les fameuses exclusions de Jérôme Leroy pour l’OM et de Laurent Leroy pour le PSG.

Dans les années 2000, les victoires s’enchaînent pour Paris, qui va jusqu’à remporter huit matchs d’affilée. Une série qui cesse en 2006, lors de l’un des Classicos les plus mémorables. Lors de ce match, le quota de places au Parc des Princes n’est pas respecté et les mesures de sécurité insuffisantes. Pape Diouf envoie une équipe de joueurs de la réserve pour protester, qui vont repartir de la capitale avec le nul.

Une rivalité sportive presque disparue

Les matchs continuent d’être incertains jusqu’au rachat du Paris Saint-Germain par les Qataris de QSI en 2011. La dernière victoire de l’OM remonte à 2020 (1-0) avec un but de Florian Thauvin.

Il ne faut pas oublier que le Classico est un match à part, où la place en championnat des deux équipes importe peu, le but étant de gagner l’opposition actuelle. Malgré les différences de projet, la rivalité est bien ancrée dans la culture footballistique française.

Cyriane VIALA