L’Olympique de Marseille contre le Paris Saint-Germain : un match pas comme les autres, une rencontre à part dans le championnat où une simple victoire peut pardonner bien des échecs. Une rivalité qui atteint son paroxysme lors de cette 19ème journée de championnat en 1992. Entre tacles violents, invectives et accrochages incessants, ce match de 92 a offert un spectacle peu reluisant, provoquant la consternation des supporters. Retour sur cette rencontre tristement surnommée « La Boucherie ».
Un contexte lourd
Le 18 décembre 1992, le Paris Saint-Germain reçoit l’Olympique de Marseille au Parc des Princes pour un match au sommet de la Ligue 1. Paris est alors 3ème à 2 points du leader nantais, l’OM est 5ème à seulement 3 points de Nantes – mais avec un match en moins.
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Depuis quelques années désormais, une haine s’installe petit à petit entre les 2 clubs; mais toutes ces tensions vont atteindre leur apogée lors de cette fameuse soirée de décembre 92. Si certains matchs sont restés gravés dans l’esprit des spectateurs grâce à des gestes de grandes classes, des joueurs hors-normes, des scénarios incroyables, celui-ci va marquer et choquer par sa violence.
Tout débute une semaine avant le match : les Parisiens font monter la pression via les médias à l’approche du choc. Arthur Georges, entraîneur du PSG à cette époque, annonce dans « l’Equipe » que ses joueurs vont « marcher » sur l’OM, tandis que David Ginola promet « la guerre » aux Marseillais. Bernard Tapie, alors président du club olympien, se sert de ces provocations parisiennes pour motiver ses joueurs, en les affichant en grand dans les vestiaires.
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Un match transformé en boucherie
C’est donc dans ce contexte électrique que le sommet du championnat se déroule. Les compositions d’équipes promettent un match âpre, avec des joueurs connus pour leur agressivité et leur hargne, comme Di Meco et Sauzée côté marseillais, ou encore Colleter et Le Guen chez les Parisiens.
Les compos marseillaise et parisienne :
Paris : Lama – Llacer (Bravo 63ème), Roche, Ricardo, Colleter – Fournier, Le Guen, Guérin (Simba, 75ème), Valdo – Calderaro, Ginola. Entraîneur : Arthur Jorge.
Marseille : Barthez – Angloma, Desailly, Casoni, Boli, Di Meco (Amoros, 65ème) – Eydelie, Sauzée, Deschamps, Pele – Boksic (Voller 78ème). Entraîneur : Raymond Goethals
Dès l’entame du match, les fautes se multiplient et c’est le duel Fournier/Di Meco qui va mettre le feu au poudre. Première faute de Fournier, après un tacle très appuyé sur le Marseillais… qui se venge quelques minutes plus tard d’un coup de tête qui met KO le joueur parisien. Par la suite, les attaques se multiplient sur le terrain : tacles avec les 2 pieds décollés, duels engagés avec pour seul but de faire mal à l’adversaire… La 1ère mi-temps est totalement hachée, ne laissant aucune place aux artistes pour s’exprimer.
La rencontre est une parodie de football avec des arrêts de jeu constants, des joueurs blessés, des tacles tous plus violents les uns que les autres. Pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, aucun rouge n’est sorti et seulement 6 jaunes sont distribués par l’arbitre – alors même que certains joueurs, comme Di Meco par exemple, ont à plusieurs reprises commis des fautes qui auraient largement pu valoir un carton rouge direct.
Il n’y a pas que les joueurs qui ont souffert ce soir-là… l’arbitre de la soirée, Michel Gérard, dira quelques années plus tard que c’était « le pire match qu’il ait eu a arbitrer. »
Bilan de ce match : 55 fautes, dont 33 en première période, un total complètement fou. Malgré ce triste record, l’OM s’impose sur le score de 1-0, grâce à un but d’Alen Boksic de la tête à la 28ème minute. Une victoire qui permet au club phocéen de prendre la tête du championnat avant d’aller chercher son 9ème titre de champion de France en fin de saison.
Un match mythique
Au-delà de cette violence, ce match reste surtout mythique car il est le point de départ de cette célèbre rivalité; celui qui a fait basculer les deux rivaux du statut d’adversaires à celui de véritables ennemis. La rencontre a donné une saveur particulière à cette confrontation. La rivalité présente à cette époque dans les deux camps se poursuit aujourd’hui, à une moindre échelle heureusement. Les joueurs quittant un club pour rallier l’autre sont considérés comme des « traîtres » et les supporters se chambrent pendant toute la saison.
Du côté du terrain, les matchs OM-PSG se déroulent quasiment toujours sous haute tension, avec des accrochages et parfois même des bagarres.
Cyriane VIALA