Comme chaque année depuis 60 ans maintenant, est organisé le Mondial La Marseillaise à Pétanque. Un événement qui rassemble petits et grands autour d’une même passion pour le jeu provençal. Véritable tradition des grandes fêtes sportives de la ville, le Mondial revient pour une 61ème édition, qui s’annonce exceptionnelle, du 3 au 6 juillet. De nombreuses festivités sont attendues pour célébrer ce concours dédié au sport bouliste. L’occasion d’en savoir plus sur cette compétition avec le président délégué du Mondial La Marseillaise, Pierre Guille.
Le Méridional : Pierre Guille, cette année aura lieu le 60ème anniversaire du Mondial la Marseillaise à Pétanque. Pouvez-vous rappeler en quelques mots l’historique du Mondial ?
Pierre Guille : L’histoire du Mondial naît de la volonté partagée de la direction du journal la Marseillaise et de Paul Ricard, en 1962, de créer un grand événement populaire, qui correspond aux valeurs de partage, de fraternité et de convivialité que véhiculent ces deux institutions.
De cette histoire sont nées de solides amitiés, comme avec la société Obut, présente depuis 1962 à nos côtés, ou d’autres arrivées en cours de route, toujours avec cet état d’esprit chevillé au corps.
14 000 joueurs
L.M : Comment expliquez-vous un tel succès dans le temps ?
P.G : Les valeurs partagées par les fondateurs sont toujours intactes. Elles se ressentent jusque sur chaque terrain de pétanque utilisé par les 14 000 joueurs. C’est LE moment de convivialité, et on ressent le plaisir de se retrouver autour du sport patrimonial par excellence. Il est aussi important de rappeler que même pendant la pandémie et au plus fort de la crise sanitaire, le Mondial a su tenir bon, et se dérouler dans des conditions si exemplaires qu’elles nous ont valu les remerciements des autorités locales et nationales.
L.M : Quel type de public participe au Mondial ? Quelle place occupe la transmission de ce qui est, davantage qu’un sport, une tradition culturelle, auprès des jeunes générations ?
P.G : Là est la magie de notre événement ! Tout le monde peut participer, sans aucune distinction d’âge, de sexe, de condition sociale ou même de niveau sportif. Car le tirage au sort aléatoire permet aux joueurs du dimanche de rencontrer un champion du Monde. Aucune tête de série : tout le monde est logé à la même enseigne. Les grands champions le savent et respectent cet engagement fort que nous faisons perdurer depuis 1962.
Rappelons aussi que c’est la manifestation sportive d’envergure la moins onéreuse pour le coût de participation, avec de jolis cadeaux (sac, tee-shirt, chapeau, bouchon et superbe savon de Marseille). Soit un coût de participation de 9€ si on n’est pas licencié et 8 € pour les licenciés, et plus de 22€ de cadeaux, ça n’existe pas ailleurs.
L.M : Y aura-t-il des festivités ou des événements particuliers pour cette édition anniversaire ?
P.G : Cette année, bien qu’anniversaire, est malheureusement marquée par le décès du Président historique du Mondial, Michel Montana, qui nous a quittés il y a quelques mois. Des hommages lui seront rendus à la mesure de ce qu’il a pu apporter à notre événement. Il nous a rejoints quatre ans après sa création et il en est devenu président en 1989, jusqu’en 2016. Michel a fait passer le Mondial d’un grand concours de pétanque à l’événement sportif numéro 1 du Sud-Est. A nous de continuer à œuvrer comme il nous l’a montré ! Pour lui, pour ses prédécesseurs, et tous ceux qui ont écrit la grande histoire du Mondial et qui nous ont quittés.
Des hommages à michel montana
Nous prévoyons quand même – car il l’aurait souhaité – , de la fête, un village avec des expositions, un grand jeu pour tous avec le mur digital qui permet à toutes et tous de s’amuser gratuitement. Le Mondial reste et restera pour toujours la grande fête du Sud.
L.M : Comment la ville de Marseille est-elle transformée pendant la durée du Mondial ?
P.G : C’est une vraie responsabilité pour nous, organisateurs. Les 160 000 spectateurs attendus arrivent d’un peu plus de 20 pays et 96 départements. Les retombées économiques pour le territoire sont exceptionnelles (un peu plus de 19 millions d’euros).
A cela s’ajoutent les retombées médiatiques grâce aux nombreuses retransmissions télés, web, presse, magazines, et autres. Plus de 150 journalistes ou travaillant pour des médias accrédités, c’est énorme : Marseille devient pendant une semaine la capitale mondiale de la pétanque, de la convivialité et du bien vivre ensemble.
marseille devient la capitale mondiale de la pétanque
C’est pour notre ville, notre territoire, souvent injustement décriés, l’occasion de faire découvrir la Cité phocéenne et ses alentours d’une manière plus juste au regard de la réalité. Nous en sommes très fiers.
L.M : Depuis plusieurs années maintenant se déroule un Handi Mondial : quelles sont les valeurs attachées à l’organisation de ces épreuves aménagées ?
P.G : Né de la volonté du comité d’organisation et de l’association AJCM, qui Å“uvre pour l’inclusion du handicap par le sport, mais surtout pour la mixité handi/valides, le Handi-Mondial est aujourd’hui reconnu comme un moment important de notre manifestation. Il permet aux personnes en situation de handicap, quel qu’il soit, de jouer avec les aidants, permettant un peu plus de liens entre eux. C’est très fort émotionnellement, avec un engagement de chaque personne de notre équipe et du parrain Hector Milesi, un grand nom de la pétanque, en fauteuil qui joue en pétanque hors handi et qui a gagné plusieurs tournois dont un championnat départemental et France contre des valides. Un bel exemple.
la pétanque a été inventé par un handicapé, en 1907, à la ciotat
C’est aussi parce que la pétanque a été inventée par et pour un handicapé, en 1907 à La Ciotat : Jules Lenoir, perclus de rhumatismes et ne pouvant plus jouer à son sport favori, alors Jeu Provençal, a créé la pétanque, qui depuis est l’un des sports les plus pratiqués en France et à l’international avec 119 fédérations.
Notons aussi l’opération « les carreaux du cÅ“ur » qui chaque année depuis que j’ai pris la responsabilité du Mondial, soutient 3 ou 4 associations avec un engagement sociétal fort, comme le Point Rose, Enfance sans cancer, Espoir au Sommet, Femmes Solidaires, la Ligue contre le Cancer, les Cuistots du CÅ“ur, et bien d’autres. Cette année, les associations FARE 13 (reconstruction après cancer), LSR (asso qui Å“uvre pour la culture chez les retraités), Electricien sans Frontières (qui apporte de l’électricité dans des territoires en difficulté, notamment pour aller chercher de l’eau en Afrique), et la Fondation Frédéric Gaillane (chiens guides d’aveugles et autistes) qui fait un travail remarquable de formation des chiens guides et école pour enfants aveugles ou autistes.
Propos recueillis par Cyriane VIALA