Une vision cauchemardesque proposée par Jean-Luc Mélenchon le soir du premier tour des élections législatives 2022 : « Déferlez avec vos bulletins de vote pour ouvrir tout grand les portes du futur ! », a-t-il lancé aux électeurs de la Nupes. « Ce futur d’harmonie, débarrassé des dominations sociales, culturelles et de genre » ; rien que cela. Il faut dire que si quelqu’un a joué stratégiquement dans ce « troisième tour » de l’élection présidentielle, c’est bien Mélenchon. La coalition de gauche arrive presque en tête du premier tour (25,66%) à deux pas de la coalition présidentielle, qui rassemble 25,75% des votes ; le chef de file des Insoumis a d’ailleurs accusé le gouvernement de « manipuler les résultats ».
« Pour la première fois, un président nouvellement élu ne parvient pas à réunir une majorité à l’élection législative », a déjà conclu (un peu hâtivement peut-être), la tête de la Nupes. Dans ce jeu de tarot, Mélenchon possède les meilleurs atouts. Son premier bon coup est, au-delà de la formule, d’avoir fait ne serait-ce qu’imaginer aux Français qu’il pourrait se substituer à Elisabeth Borne tout nouvellement nommée. A force de répéter qu’il serait Premier ministre, Jean-Luc Mélenchon a même réussi à faire peur au camp d’Emmanuel Macron…
Des socialistes dociles comme des moutons
En 2022, les extrêmes mènent la danse des élections. Qui aurait imaginé il y a quelques années une alliance entre l’extrême gauche et le Parti socialiste ? Et si les Insoumis étaient un certain nombre à se montrer rétifs à un tel contrat, ils ont vite pu constater que les socialistes se montraient dociles comme des moutons.
Le torrent Nupes
Ces derniers ont compris que la condition de leur survie passait par cette alliance plus ou moins « contre-nature ». Et l’hégémonie de Mélenchon a libre cours. Les Insoumis pourraient fort bien représenter le principal groupe d’opposition à l’Assemblée – alors même que les Mélenchonistes avaient obtenus moins de 20 sièges en 2017.
Le « torrent Nupes » permet en tous les cas à la gauche de se maintenir dans la course en force, ce qui n’est pas le cas des Républicains, écartelés entre le clan LREM et le clan RN.
Qui sera l’opposition ?
Quand Mélenchon a choisi d’axer sa campagne sur une future place de Premier ministre, Marine Le Pen s’est désignée comme la seule alternative possible à Emmanuel Macron (bénéficiant aussi d’une « dédiabolisation », le diable étant désormais incarné par Eric Zemmour). Qui sera maître du terrain de l’opposition, après le second tour des élections législatives ? Quels seront les accords qui régiront le jeu de la nouvelle Assemblée ?
Raphaëlle PAOLI