Jean-Paul Brighelli suggère dans le magazine « Causeur » dirigé avec maestria par notre amie Elisabeth Lévy de ne pas enterrer trop vite le nouveau ministre de l’Education nationale Pap Ndiaye et surtout d’attendre la fin des élections législatives…
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« Je n’ai aucun a priori, favorable ou non, sur le nouveau ministre, écrit Jean-Paul Brighelli, mais je trouve étrange que chez nombre de commentateurs, la première chose que l’on ait remarquée, c’est qu’il est noir – en fait, métis. Cela me rappelle l’époque où les grands aristocrates ne remarquaient chez Mazarin que ses origines italiennes. Et ils se sont fait rouler dans la farine par un Rital supérieurement intelligent qui en a profité au passage pour gagner la Guerre de Trente ans. »
un produit de l’élitisme républicain
Selon Brighelli, Pap Ndiaye a été coupé très tôt de la relation paternelle et il a été élevé par une mère enseignante avec sa sœur, une romancière de qualité. Il a réussi de très brillantes études, à l’instar de Brighelli lui-même, et c’est un pur produit de l’élitisme républicain. L’un et l’autre ont fréquenté les classes prépas, ils ont réussi l’examen de l’Ecole Normale Supérieure et ce n’est pas donné à tout le monde. Là non plus, la couleur de peau n’est « en rien un critère qui vous vaudrait des indulgences », estime Brighelli. Pap Ndiaye a ensuite passé l’agrégation d’histoire que l’on ne saurait obtenir en faisant valoir ses origines.
Ces observations sont intéressantes parce que de nombreux observateurs ont cru discerner en Pap Ndiaye un pur produit de la discrimination positive, chère au président Macron et à tous ses disciples. Brighelli explique que ses années passées aux Etats-Unis ont été déterminantes dans la conviction du ministre que ce pays est profondément raciste dans les deux sens, « le racisme antinoir générant un racisme antiblanc ». Il s’est intéressé en historien au fait américain et il a ensuite flirté avec des organisations très contestables comme le CRAN par exemple (Conseil représentatif des associations noires de France).
un calcul politique du président macron
Pour Brighelli, la nomination de cet intellectuel présumé « woke » n’est qu’un calcul politique du président Macron qui a jugé que Pap Ndiaye ferait bien dans le tableau juste avant les législatives, probablement pour couper l’herbe sous le pied des Mélenchon et des islamo-gauchistes. Après, on s’en débarrassera sans scrupule puisque l’éphémère ministre n’aura plus aucun effet possible sur l’électorat visé…
Le chroniqueur vedette de « Causeur » n’instruit donc aucun procès d’intention contre le nouveau venu. Il attend de le voir à l’œuvre, en sachant pertinemment que celui qui pourra changer radicalement les choses dans ce ministère n’est pas encore né. Il constate que Pap Ndiaye et son directeur de cabinet, Jean-Marc Huart, ont tous deux enseigné au plus haut niveau, ce qui est un prérequis à de tels postes. Et Brighelli conclut par cette envolée que de très nombreux professeurs d’université pourraient reprendre à leur compte :
un ministre éphémère ?
« J’ai eu des élèves de toutes les couleurs au cours de ma carrière. Je les ai aidés à réussir quand ils le pouvaient, étant entendu que le métier de prof suppose que l’on pousse chacun au plus haut de ses capacités. Je n’ai jamais pris en considération la couleur de peau de tel ou tel. Croyez-moi, la proportion de crétins et de petits génies est la même dans tous les groupes ethniques. Et je n’ai pas de préjugé concernant le ministre. Il fera ou ne fera pas le boulot et c’est sur ce seul critère qu’il sera permis de le juger ».
José D’ARRIGO, rédacteur en chef du Méridional