Police-Justice : une inculpation qui passe mal

Rassemblement du syndicat Alliance Sud devant le tribunal de Marseille © J. D'A.

Les policiers se sont réunis il y a quelques jours dans de nombreuses villes France pour protester contre la mise en examen d’un de leurs jeunes collègues pour « homicide volontaire », qui a également été placé sous contrôle judiciaire. Ce fonctionnaire a fait feu, en rafale, avec son fusil d’assaut, sur une voiture circulant à Paris sur le Pont-Neuf dont le conducteur refusait d’obtempérer : il a tué deux passagers et blessé un troisième assis à l’arrière du véhicule. Les deux individus tués sont très défavorablement connus des services de police et fonçaient délibérément sur la patrouille pour l’écraser.

A Marseille, Rudy Manna, secrétaire départemental du syndicat « Alliance », expliquait qu’il ne comprenait pas pourquoi les policiers étaient systématiquement mis en examen dans ce genre d’affaires les opposant à des malfaiteurs chevronnés : « Ce que je ne comprends pas, c’est que le chef d’inculpation initial de notre collègue a été aggravé par le juge d’instruction qui a été commis dans cette affaire, disait-il. Il était mis en examen par le parquet pour violences volontaires avec armes par personne dépositaire de l’autorité publique sans intention de la donner, ce qui paraît légitime, mais le juge a transformé cette qualification des faits en homicide volontaire, c’est-à-dire pour meurtre. C’est incroyable. Notre collègue était en état de légitime défense puisqu’il a vu cette voiture foncer sur la patrouille et il a cru de bonne foi que deux de ses collègues allaient se faire tuer… Il n’a jamais voulu tuer personne ! »

Rudy Manna va plus loin lorsqu’il propose aux magistrats de modifier la législation dans ce domaine compte tenu du nombre grandissant de refus d’obtempérer : « Qu’on nous prescrive officiellement de les laisser filer et il n’y aura plus de problèmes ! »

Rudy Manna © J.D’A.

En tout cas, la vie policière de ce jeune fonctionnaire est quasiment terminée avant d’avoir commencé. Voilà un garçon qui a abattu deux voyous et qui, en même temps, a probablement sauvé deux vies. Est-ce une raison pour le vouer aux gémonies et le traiter comme un criminel ? N’est-il pas temps d’accorder aux policiers un droit à la présomption de légitime défense lorsqu’ils sont agressés et menacés dans leur intégrité physique ?

Me Laurent-Franck Liénard, l’excellent avocat qui défend le policier, saura prouver les conditions « d’absolue nécessité et de proportionnalité de la riposte ». Il saura aussi faire comprendre au tribunal qu’on ne peut pas clouer au pilori un homme qui fait son métier en conscience. Sinon, on sombre dans l’idéologie et l’impertinence judiciaire.

José D’ARRIGO, rédacteur en chef du Méridional