Cette année particulièrement, la question de la « sécheresse précoce » inquiète les agriculteurs et amène certaines communes à prendre des arrêtés sur la consommation de l’eau. La Région Sud n’est pas épargnée par le phénomène, qui pourrait bien favoriser la reprise des feux de forêts estivaux qui avaient fait des ravages l’année dernière. Pour Romaric Cinotti, de Météo France (PACA) et responsable de l’assistance feux de forêt pour la Zone de défense Sud, la vigilance reste de mise en ces mois de printemps.
Le Méridional : Romaric Cinotti, de quoi parle-t-on quand on emploie l’expression « sécheresse précoce » ?
Romaric Cinotti : La sécheresse au sens météorologique s’installe classiquement en été au moment où les précipitations sont les plus rares et les températures les plus chaudes. L’aspect précoce de la sécheresse cette année s’explique par un hiver où les précipitations ont été peu nombreuses, notamment sur certains secteurs du sud-est de la France.
En hydrologie, cette période de septembre à mars est appelée « saison de recharge », car les précipitations sont alors plus à même de rejoindre les nappes phréatiques.
L.M : Quels sont les départements de la Région Sud les plus touchés ?
R.C : Le département des Alpes-Maritimes a été particulièrement touché par cette saison de « recharge » déficitaire. A l’échelle du département, ce sont à peine 53% des 675 millimètres de précipitations normales qui sont tombés. La recharge en eau est donc assez limitée.
dans les alpes-maritimes, 53% des 675 millimètres de précipitations normales seulement sont tombés
L.M : Quelles sont les conséquences d’une telle sécheresse sur le court terme ? Et pour la prochaine période estivale ?
R.C : A court terme, ce manque de précipitations s’observe bien sur les cours d’eau, dont le débit et la hauteur sont déjà réduits. Cela a d’ailleurs poussé la préfecture des Alpes-Maritimes à prendre un arrêté pour restreindre l’usage de l’eau au minimum.
Les végétaux vont quant à eux puiser dans les réserves en eau pour leur phase de pousse printanière. Du point de vue des incendies, cela peut favoriser des départs de feux estivaux plus précoces. Toutefois, un apport de pluies régulières, même faible, tout au long de l’été, peut limiter le danger des feux de forêts dus à la météo.
L.M : On parle d’un épisode inédit depuis 30 ans. Ce genre de cas est-il voué à se banaliser dans les prochaines décennies ?
R.C : Dans le cadre du changement climatique, les précipitations prévues pour le sud-est sont quantitativement similaires à la situation actuelle. Elles se concentreront sur des périodes plus brèves, favorisant donc de plus longues périodes de sécheresse.
Propos recueillis par Jeanne RIVIERE