L’édito de Jean-Baptiste Jaussaud – Présidentielle 2022 : pris au piège !

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L’affiche du second tour est bien la même qu’il y a cinq ans, même si les deux candidats ne sont plus tout à fait les mêmes et que le pays ne se porte pas vraiment mieux; on semble entendre Giuseppe di Lampedusa ricaner sa célébre maxime : « Il faut que tout change pour que rien ne change ».

« Il faut que tout change pour que rien ne change »

Le Président a changé. Ce ne serait plus le même homme que celui qui a été élu il y a cinq ans. Plus à l’écoute des Français, il ne prétend plus déjà savoir, il dit avoir compris que les votes pour lui ne sont pas tous des « chèques en blanc » mais des votes contre ses adversaires, il dit même qu’il va « changer de méthode« . En votant pour le candidat de la campagne « Avec vous », les Français voteraient donc pour un autre homme. Mais comment être sûr que M. Macron ne change pas et « qu’en même temps », il ne reste pas le même ?

Il est celui qui a déclaré que la politique est un style et en même temps déclare qu’il veut « emmerder les Français » ;

Celui qui dans un élan libéral éclairé déclare que « les Britanniques ont la chance d’avoir eu Margaret Thatcher » et en même temps déclare dans un utilitarisme cynique : « Je suis maoïste… un bon programme, c’est ce qui marche » ;

Celui qui a écrit le livre « Révolution » et qui en même temps n’aura finalement pas réformé grand-chose ;

Celui qui tance notre modèle social dépassé lors de son meeting du Mans de 2016 et en même temps l’a laissé en mal de sa mise à jour si nécessaire ;

celui qui a écrit le livre « révolution » et n’aura pas réformé grand chose

Celui qui voulait la probité et en même temps a laissé le discrédit de la condamnation continuer à frapper dans les hautes sphères du pouvoir ;

Celui qui se soucie de la jeunesse et en même temps leur gratte 5 euros d’APL.

Celui qui a dit qu’il voulait aider Marseille et qui semble plutôt l’avoir prise au piège. La Cité phocéenne devrait accepter ses conditions et devenir une prise de choix face à son adversaire qui affirme ses valeurs de gauche, Jean-Luc Mélenchon… A moins que la gauche affirmée de Benoît Payan ne soit finalement en même temps son alliée…

Si le président n’a pas changé, nous pourrions être tenté d’en changer ; mais qui se présente en face ?

Marine Le Pen a changé ; elle ne serait plus la même, plus vraiment celle qui a perdu il y a cinq ans. Moins radicale, moins sulfureuse et surtout, – fait nouveau pour un candidat se présentant sous sa « marque » politique – elle aurait travaillé ses dossiers. La candidate au slogan « Marine présidente » serait-elle une nouvelle femme, une opposante à la stature présidentielle proposant une alternative crédible ?

Elle se veut la candidate d’une « liberté chérie » permettant aux Français de « décider pour eux-même« , face à l’emprise de l’administration de l’Union européenne, mais elle s’empresse d’étouffer leurs libertés économiques et individuelles sous le poids d’un Etat obèse qui s’occupe de tout ;

Elle se veut la candidate qui va « réhabiliter la valeur travail », mais ne touchera pas aux écrasantes charges sociales qui se perdent en dette dans un modèle social moribond au lieu de les rendre aux salariés ;

Elle veut rétablir la sécurité, mais ne sait y voir d’autres causes que l’immigration sans s’interroger sur les effets de l’absence de mesures économiques adaptées. Sert-on mieux la sécurité avec des propositions qui changeront les origines des délinquants, mais qui n’en feront pas baisser le nombre ?

Elle se veut la candidate de l’ « augmentation des salaires des Français » réconciliant « le travail et le capital par la participation« , mais ne présente aucun argument dans son projet pour le développement des entreprises si ce n’est l’éternel « Etat-stratège » qui saurait tout gérer mieux que tout le monde ;

Elle se veut la candidate d’une « France mieux gérée« , mais refuse de réformer les retraites, et même de toucher à ses régimes spéciaux. Elle veut augmenter les salaires via les caisses de l’Etat mais pas les impôts… tenez vous bien, sans augmenter la dette !

elle n’aura pas daigné venir dans la deuxième ville de france

Elle se veut enfin la candidate de la « France rassemblée » mais ignore un grand nombre de Français et de territoires. Elle n’aura par exemple pas daigné venir à Marseille, ni même avoir un mot pour la deuxième ville de France qui représente tellement d’enjeux…

A celle pour qui tous les maux ont la même cause, l’immigré, et la même solution, l’Etat, on serait tenté d’entonner « mais toi non plus tu n’as pas changée…« 

Nous voilà pris au piège ! L’illusion de nous voir rendues les libertés dont nous avons tant besoin ou la certitude d’avoir plus d’Etat, dont nous n’avons pas besoin ?

voter pour celui qui ne fait pas ce qu’il faut ou pour celle qui fera ce qu’il ne faut pas ?

Alors il faudra encore une fois choisir ce qu’on déteste le moins à défaut d’avoir ce que l’on veut vraiment…

Voter pour celui qui ne fait pas ce qu’il faut ou pour celle qui fera ce qu’il ne faut pas ?

J’accepte de tomber dans le piège et j’irai voter Macron pour que l’Etat n’avance pas et que la France puisse encore être mise à jour… un jour, mais si les promesses politiciennes l’emportent encore sur les actions, jusqu’à quand tiendrons nous ?

Jean-Baptiste JAUSSAUD, économiste et entrepreneur, administrateur du Méridional

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