C’est un Jean-Luc Chauvin calme mais un peu tendu qui se présente à la presse ce mercredi 23 mars. Le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Aix-Marseille-Provence commence par rappeler la vocation principale de l’établissement, à savoir le soutien aux entreprises du territoire, et dénonce les « contre-vérités » d’une « polémique attisée par des esprits malveillants et chagrins ». Patrick Boulanger, ancien conservateur des collections, souligne la nécessité de « mettre un couvercle sur la marmite qui bout », et de calmer les esprits.
Tout le monde est bien d’accord sur un point : il s’agit de « chercher les moyens et les partenariats permettant de présenter et exposer ce patrimoine à tous ». Le contexte : en effet, la CCI AMP essaie de connaître au mieux les milliers de pièces qui sont entreposées notamment dans les sous-sols du bâtiment de la Canebière. Les chiffres qu’énonce le président de la Chambre donnent encore une fois le tournis : 80 000 ouvrages, 11 867 peintures, gravures, et estampes, 1 300 objets coloniaux, 2 200 médailles et jetons, 361 planches, actions et titres, 2 712 cartes postales… sans compter les 4 kilomètres linéaires d’archives, donnant son surnom au lieu : « le métro ». Après cela, encore un constat partagé, résumé par Jean-Luc Chauvin : « Le temps fait son office ».
Un fait : des ressources publiques consacrées aux entreprises
« Permettez-moi de vous rappeler que les missions dévolues aux Chambres de Commerce et d’Industrie, notamment la nôtre, ne nous permettent plus de consacrer de ressources publiques à l’entretien du patrimoine mobilier et de nous ériger, si nous le souhaitions, en musée », souligne le président ; cela dans le cadre de la loi Pacte, les ressources publiques étant consacrées à l’accompagnement des entreprises.
Plusieurs discussions avortées
Cela fait plusieurs années qu’a été établie une commission d’ensemble réunissant différents acteurs autour du sujet. Mais alors que des villes littorales n’ont pas à rougir de leur musée maritime (qu’on pense même au magnifique musée de la Marine à Paris !), la Chambre de Commerce, après la fermeture de son petit musée il y a quelques années, n’a pas pu trouver de lieu ni pour entreposer, ni pour exposer ; ce qui reste tout de même le principal objectif.
Mucem, Belle de Mai… Villa Méditerranée même : pas de solution satisfaisante, lorsqu’il s’agit d’entreposer – à supposer qu’il y ait la place… – une petite partie des merveilles réunies par la CCI AMP au cours des décennies. Un stockage partiel, des prix prohibitifs, et, à ce qu’il semble, des collectivités tout bonnement indifférentes ou peu enclines à chercher une solution.
Les quatre axes proposés par la CCI
Jean-Luc Chauvin entend proposer quatre axes pour faire avancer le dossier. En premier lieu, la création d’un fonds de dotation, ouvert à tous ; la création d’un comité du patrimoine économique et culturel. Seront notamment membres Patrick Boulanger, ancien conservateur, Catherine Dureuil (Académie de Marseille) Patrick Fancello (ancien journaliste et co-fondateur de Marseille capitale de la Mer), Elsa Charbit (journaliste) ; l’évaluation des œuvres ; enfin, le travail pour « l’émergence d’un musée de la Mer digne de ce nom ».
L’appel aux collectivités
Jean-Luc Chauvin est clair : les collectivités, que ce soit la région, le département, la ville, mais aussi l’Etat (« bien qu’on ne l’ait pas entendu ») doivent prendre leur part du projet. Les fameuses « 187 œuvres » (pourquoi 187 : car la Chambre possède la traçabilité de leur acquisition, ce qui fait qu’elle en revendique la possession, plus qu’en d’autres cas de figure) ne sont qu’une goutte d’eau parmi le reste. Il faut un groupement d’intérêt public, il faut une convergence des efforts. « A quelque chose, malheur est bon », conclut le président de la CCI AMP.
Jeanne RIVIERE