Face à l’urgence humanitaire causée par la guerre en Ukraine, l’association SOS Chrétiens d’Orient a envoyé, il y a environ une semaine, deux premières équipes sur place et dans les pays limitrophes, afin de porter secours aux déplacés victimes du conflit. Donations de biens de première nécessité, de matériel pour les centres de réfugiés, évaluation des demandes… Benjamin Blanchard, directeur général de l’association et lui-même sur le terrain, apporte un aperçu de la situation dans la région d’Odessa.
Le Méridional : Benjamin Blanchard, pourquoi l’association SOS Chrétiens d’Orient a-t-elle monté des équipes en Europe de l’Est, où se situent-elles et quelles sont leurs missions ?
Benjamin Blanchard : D’habitude en effet, SOS Chrétiens d’Orient est plutôt présente au Proche-Orient (Syrie, Irak, Liban, Jordanie, dans le Caucase, en Arménie), et en Afrique de l’Est (Egypte, Ethiopie). On n’a pas du tout l’habitude de travailler en Europe. La situation d’urgence a fait que nous avons voulu nous rendre sur place, pour nous rendre compte des besoins et apporter notre aide.
Nous avons donc constitué deux équipes d’urgence, avec les personnes disponibles au siège. L’une, menée par François-Xavier Gicquel, le directeur des opérations, est partie en Hongrie ; l’autre, menée par moi-même, en Moldavie. Nous sommes pour le moment trois dans chaque équipe.
Très vite, nous avons rencontré des réfugiés dans ces deux pays. On a évalué ce dont ils avaient besoin, et on essaye de faire le maximum pour eux. De la même façon, nos équipes sont allées en Ukraine estimer quelles étaient les urgences. L’équipe du nord s’est rendue à Lviv. Elle a vu qu’il n’y avait pas tellement de nécessités là -bas. Elle a poussé jusqu’à Kiev, pour faire des donations.
De notre côté, depuis la Moldavie, on agit dans le sud de l’Ukraine, à Odessa et dans la région. On a notamment fait des donations dans une petite ville appelée Mykolaïvka, située entre Odessa et Mykolaïv. Nous préparons actuellement de prochaines donations dans les villages de la région d’Odessa.
L.M : Beaucoup d’habitants de la région d’Odessa ont fui en prévention des attaques russes. Comment réagissent-ils à leur situation ?
B.B : Je vais vous parler de ce que j’ai vu de mes yeux. Il faut préciser que les gens de la région d’Odessa qui sont en Moldavie, ce sont vraiment ceux des régions frontalières de la Moldavie. Ceux qui viennent de plus loin sont plutôt allés dans le nord-ouest de l’Ukraine : à Lviv, pour se rendre ensuite en Pologne, en Hongrie, en Slovaquie… La Moldavie est un tout petit pays, d’environ 2,5 millions d’habitants, et il y a déjà plus de 100 000 réfugiés, ce qui représente pratiquement une augmentation de 5% de la population !
La plupart viennent donc de la région d’Odessa, une zone dans laquelle il n’y a pas encore eu de combats. Le moral est plutôt bon, même s’ils sont évidemment tristes d’être partis de chez eux. Ils attendent avec impatience de pouvoir rentrer. A chaque fois que l’on va en Ukraine, on rencontre d’ailleurs des familles qui retournent dans le pays – même si leur nombre n’est bien sûr pas comparable à celui des familles qui partent. La Moldavie en tout cas, c’est tout petit, les gens n’ont souvent pas de famille sur place… d’où le fait que les Ukrainiens, pour ceux qui n’ont pas de proches en Europe, attendent de rentrer chez eux.
Propos recueillis par Jeanne RIVIERE