« « T’Cap 21 » : tu es capable, même avec un handicap, de faire épanouir tes capacités, ton autodétermination, ton projet de vie ! » L’enthousiasme de Katia Bergamelli, présidente de l’association, est communicatif. Si vous faites un tour du côté de la gare de Niolon (13740), vous pourrez savourer un « don café », servi avec le sourire. Mais l’histoire ne s’arrête pas là , et nous avons rencontré Katia Bergamelli, qui continue de mener un projet exceptionnel, qui s’épanouira encore ces prochains mois.
Pour l’avenir des jeunes adultes
L’association T’Cap 21 a été créée en octobre 2015 par des parents concernés par le sujet de la trisomie 21 chez les adultes. Katia Bergamelli comprend bien le sujet puisqu’elle a elle-même une fille en situation de handicap. Les jeunes grandissent, et les parents s’inquiètent des projets d’avenir pour eux en milieu ordinaire. Ces parents se sont connus dans le cadre de l’association Trisomie 21 Bouches-du-Rhône. Ils ont préféré créer leur propre association, étant donné que beaucoup de projets se concentraient sur la petite enfance.
Vivre en « milieu ordinaire »
« L’objectif est de rendre nos jeunes le plus autonome possible, et citoyens », explique Katia Bergamelli. Les objectifs de l’association sont multiples. Elle veut en premier lieu créer un espace de vie et apprendre aux jeunes à vivre au quotidien dans un appartement, les former à un métier, les stimuler par des activités sportives, culturelles…
Il s’agit surtout de les sortir de leur monde institutionnel : « Aujourd’hui, des personnes porteuses d’un handicap mental dit « simple » n’ont souvent pas la place qu’ils pourraient avoir dans la société. » Ce qui est l’objet d’une grande frustration pour des parents qui connaissent les compétences de leur jeune. Ils savent aussi que, lorsque ces derniers se retrouvent en groupe dans des établissements, ils subissent une forme de diminution de leurs capacités.
« En créant T’Cap 21, nous avons uni nos forces et notre réseau. Et nous avons trouvé un espace pour leur permettre de s’exercer. » Il fallait que l’endroit soit accessible : trop compliqué à Marseille. Katia lorgne alors vers la petite gare d’Ensuès-la-Redonne, où l’activité ferroviaire est encore présente. L’idée n’aboutit pas, mais… on lui propose la gare de Niolon. « C’est comme ça que c’est parti, il y a maintenant trois ans ! », sourit la présidente.
A Niolon, trouver sa place
Au début, l’installation à Niolon n’a pas forcément bien été perçue par les Calanquais. Niolon reste un petit village de cabanons de familles : T’Cap 21 a dû y trouver sa place. Certains habitants craignaient la concurrence. Mais Katia Bergamelli, de son côté, décrit l’endroit comme un tiers-lieu : « On est vraiment dans un objectif de formation des jeunes ; on a d’ailleurs été nommé par le ministère de la Cohésion des territoires « tiers lieu fabrique des territoires » pour redynamiser le site, en lien avec les habitants. » En résumé, il s’agit d’ « Echanger avec la population, faire grandir les jeunes et susciter des vocations dans plusieurs métiers ».
Un lieu exceptionnel et un suivi personnalisé
Le lieu lui-même est intéressant à la fois pour l’autonomisation et pour l’entraînement à des métiers comme l’hôtellerie-restauration, mais aussi la permaculture. L’association peut y développer un certain nombre de projets d’ateliers (atelier bois par exemple), et travaille aussi avec le monde culturel (musique, théâtre, couture…)
Chaque projet des personnes accueillies (âgées d’au moins 16 ans) est personnalisé. Elles bénéficient d’un temps de formation qui leur permet ensuite d’intégrer une entreprise ou un projet. Récemment, l’association a recruté une chargée d’intégration professionnelle, qui va suivre chaque jeune dans son parcours.
De combien de personnes accueillies parle-t-on ? « On privilégie le petit comité : un binôme dans la cuisine, un binôme dans le service, un binôme sur la permaculture. » Pour l’instant donc, cela va se limiter à une dizaine de stagiaires sur le site, accompagnés de formateurs et de bénévoles.
« Mille et une gares » et les partenaires
La gare est en travaux depuis janvier 2021. C’est un bâtiment ancien, qu’il faut faire renaître peu à peu. Les aléas du covid ont entraîné des retards du côté des artisans. Mais l’aménagement prend forme ! En particulier le grand espace restauration, et personne ne rechigne à mettre la main à l’ouvrage.
La SNCF a financé les travaux propriétaires, dans le cadre du projet national « 1000 et une gares » : l’idée de ce dossier est de proposer des espaces vides à des associations. L’entreprise finance jusqu’à 200 000 euros de travaux propriétaires, pour sécuriser et aménager. A propos d’aides financières, T’Cap 21 a été aidé de la même somme par le Conseil départemental. D’autres entités, comme le Comité central d’action pour le handicap, ainsi que des levées de fonds auprès de fondations, ont permis de regarder plus loin.
La rencontre avec le public
Les activités développées avec les jeunes permettront d’échanger avec plusieurs milieux, celui de la mode et de l’art par exemple. Chance : le lieu permet aussi un accueil d’artistes dans un environnement magique, notamment grâce à la possibilité de chambres d’hôtes gérées par l’association.
Les bénévoles sont de plus en plus nombreux à venir travailler dans la maison et dans le grand jardin lors de l’atelier hebdomadaire permaculture. Même si l’inauguration n’a pas lieu le 21 mars, comme l’espérait l’association (la journée de la trisomie 21), la gare de Niolon représente bien un « projet-pilote » : « On a l’ambition de l’essaimer partout en France », précise Katia Bergamelli. Et l’association a d’autres lieux en vue… (notamment la tour CMA CGM, on ne vous en dit pas plus pour le moment). « On est attendu par beaucoup de monde, et c’est très encourageant ! », conclut la présidente.
Beau clin d’œil du côté du Méridional, puisque celle qui a reçu le Trophée 2021 de « La sportive de l’année », Emma Clair-Dumont, s’est engagée auprès de T’Cap 21 ! Vous découvrirez son aventure 2022 mardi prochain (ça se passe au sommet de l’Everest…)
Jeanne RIVIERE