Trésors du Sud – Le citron de Menton, cultivé depuis le XVème siècle !

© Pxb

Bien sûr aujourd’hui, le citron de Menton ne rayonne plus du même éclat solaire que dans le temps. Mais… on peut dire sans hésiter que sa réputation n’a pas décliné. La fête du citron débute ce 12 février dans les rues de la commune des Alpes-Maritimes : c’est l’occasion de revenir sur l’histoire d’un produit bien du Sud, connu pour sa qualité.

> A voir aussi : Trésors du Sud – Réintroduire le criquet de Crau avant sa disparition

Si l’on vous dit citron et maladie ? Vous pensez… scorbut. Ce fléau qui s’est surtout acharné sur les marins lors de leurs missions, entre la Renaissance et le XIXème siècle, est dû à une carence en vitamine C, pouvant aller jusqu’à entraîner la mort. C’est au cours du XVIIIème siècle que fut démontré le lien entre ce remède et la bonne santé des équipages. A cette époque et au siècle suivant, la production du citron de Menton est donc en plein essor : il s’exporte hors des frontières nationales, en Allemagne, en Angleterre, jusqu’en Russie et même jusqu’aux jeunes Etats-Unis d’Amérique, à hauteur de plus de 30 millions de fruits par an.

Une culture de niche et de qualité

Vers 1800, on trouve quelque 80 000 citronniers sur la commune. Le marché du citron de Menton décroît peu à peu au cours du XIXème siècle, se voyant supplanté par d’autres et manquant de débouchés géographiques et économiques. Le territoire se met à vivre de la présence touristique croissante. Un épisode malheureux vient encore mettre un coup de poing à la production : en février 1956, un gel inhabituel frappe l’ensemble de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, décimant les cultures.

vers 1800, on trouve quelque 80.000 citronniers a menton

S’il demeure un marché de niche aujourd’hui alors même que les progrès de l’agriculture ont été foudroyants depuis le XIXème siècle, cela est dû aussi à la situation des surfaces cultivées : les citronniers de Menton poussent dans un environnement montagneux, qui empêche le passage des machines et nécessite un traitement par la main de l’homme. En 2015, le fruit d’or reçoit une belle reconnaissance au niveau européen, avec l’acquisition de l’IGP (Indication Géographique Protégée).

> A voir aussi : Pour le chef Augustin De Margerie, du Cheval blanc (Saint-Tropez), « la gastronomie française se porte bien »

Cultivé à Menton, pourquoi ?

Menton est situé dans une zone bien particulière : la plus au nord qui soit permise pour la culture du citron, et sur un territoire qui bénéficie d’un microclimat protégeant normalement l’agrume des gels fatals. Le citron de Menton est différent des citrons corses, espagnols ou italiens. Très juteux, il est moins amer et acide que ses cousins.

Un fruit « 4 saisons Â» très apprécié des cuisiniers

Notre citron connaît une longévité exceptionnelle sur son arbre. Ce n’est pas pour rien qu’il est surnommé « citron des 4 saisons ». Il arrive en effet que sur un même arbre se rassemblent des feuilles, des fleurs, des fruits verts et des fruits parvenus à maturité. Ces derniers peuvent rester sans dommage sur l’arbre pendant plus de six mois. Pour le régal des cuisiniers et des amoureux de la gastronomie.

> A voir aussi : Trésors du Sud – Bataille de la truffe : protéger les diamants noirs de Provence

L’IGP a redonné un coup de projecteur au citron de Menton, autrefois si célèbre. Il le demeure du reste, au moins dans toute la Région Sud. A travers des partenariats et des vergers expérimentaux, – et grâce à l’Association pour la production du citron de Menton – les producteurs d’aujourd’hui s’attachent à diffuser la réputation d’un fruit qui, ne nous mentons pas, constitue l’une des fiertés de notre territoire.

Jeanne RIVIERE