Moins connu que Sylvain Tesson mais tout aussi talentueux dans son genre (à savoir, les clichés animaliers), le jeune photographe Jérémie Villet est encore un de ces curieux prêts à s’engager dans une aventure folle aux confins du monde habité. Le documentaire « Yukon – Un rêve blanc » (Arte), nous permet de suivre ses traces… dans le monde blanc.
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Dans l’immensité du Grand Nord canadien, tout est blanc, ou presque. La plupart du temps, terre et ciel se confondent. Sauf ! Quand l’œil du photographe, qui attend parfois depuis des heures (au risque d’attraper la mort), capte un œil, des cornes, des sabots, et autour, devinée, une fourrure blanche elle encore.
Jérémie Villet sillonne depuis des années en solitaire les paysages enneigés du globe. Son dernier projet : explorer le Yukon, territoire sauvage du nord-ouest canadien, voisin de l’Alaska, pour immortaliser l’emblématique chèvre des montagnes. Tout droit sortie de la dernière période glaciaire, cette espèce est particulièrement difficile à photographier en hiver en raison des conditions extrêmes dans lesquelles elle évolue. Dans une aventure de trois semaines, le jeune homme, accompagné par le réalisateur Mathieu Le Lay, lui aussi spécialisé dans l’animalier, documente les passionnantes coulisses de l’expédition. Au cours du périple, une foule d’animaux revêtus de leur pelage d’hiver passent devant l’objectif de Jérémie : lièvres, lagopèdes, martres, loup, lynx, mouflons, renards et caribous… avant le clou de l’expédition, les chèvres des montagnes, immortalisées au terme d’une ascension éreintante de plusieurs jours dans la poudreuse et le blizzard.
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Passion et exigence, jusqu’à l’ascèse
Narré par la voix de Jérémie Villet lui-même, ce documentaire nous plonge dans l’intimité de ce grand rêveur à la personnalité attachante et affirmée. S’il dévoile les exigences du métier de photographe animalier – des repérages auprès d’autochtones, fins connaisseurs du terrain, aux techniques d’affût, en passant par la lecture experte des traces laissées par les animaux –, il conte aussi l’émerveillement permanent face à la beauté du vivant, antidote au découragement, au froid glacial et à la fatigue. Dans cet univers monochrome et silencieux, on découvre un jeune artiste au regard acéré et à la pratique proche de l’ascèse, qui excelle à traduire en images l’intensité des sensations qui le traversent.
« Yukon – Un rêve blanc », réalisé par Mathieu Le Lay, jusqu’au 1er avril 2022 sur Arte.fr et diffusé sur Arte le 1er février à 16h.