Pour célébrer les 400 ans de la naissance de Molière, retrouvez dans les colonnes du Méridional le mot d’hommage de Jean-Noël Bévérini.
Quatre cents ans après, que ne naît un Molière,
Un nouveau Poquelin, un nouveau Jean-Baptiste
Pour à nouveau pourfendre d’une verve princière
Nos travers et nos mœurs par bien trop fantaisistes ?
Il est tant de ministres et tant de politiques
Que tu aurais, Molière, si grand plaisir à prendre
Pour de nouveaux modèles de tes vers satiriques
Et, sur tes chères planches, les choisir pour les pendre.
Qui serait aujourd’hui « Le docteur amoureux »
Qui n’a pas d’yeux plus doux que pour ses chers vaccins ?
Quel est en Pandémie le mot le plus heureux :
« Découvrez votre épaule » ou « cachez moi ce sein ? »
L’illustre comédien n’aurait-il pas changé
Le titre de sa pièce « Le mariage Forcé »
Pour une autre version « Le vaccin obligé » ?
Nous aurions vu Scapin se faire transpercer
D’une aiguille le bras et tout fort s’écrier :
« Je me suis fait piquer, non par crainte de mort
Mais pour fuir la disgrâce d’être pestiféré,
D’être maudit de tous et de tous mis dehors ».
« Panulphe ou l’Imposteur » changerait-il de titre ?
Monsieur de Pourceaugnac devant ses médecins
Qu’il prenait, il est vrai, pour de sinistres pitres,
Pourrait-il déclarer : « Mais je me porte bien ! »
Molière, tu nous manques. Ne peux-tu revenir
Pour mettre de l’audace, du rire et de l’humour
Dans ce triste présent et pour notre avenir ?
Imaginaires ou pas, serons-nous donc toujours
Des malades d’espoir, des malades d’amour ?
La seule issue, dis-nous, est-ce donc un vaccin
Cent fois multiplié ? Que dis-tu Poquelin ?
Jean-Noël BEVERINI
Jean-Noël BEVERINI appartient à l’Académie des Sciences, Lettres et Arts de Marseille.