Payan-Vassal : une guerre de tranchées et d’influence

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Qui l’emportera ? L’attelage socialiste Payan-Macron ou le duo LR Vassal-Castex ? La guerre de tranchées que se livrent la candidate à la mairie et celui qui s’est auto-désigné maire de Marseille au grand dam des électeurs tourne à la farce institutionnelle. Au centre du jeu, la Métropole et la mairie. L’une est obèse, l’autre famélique. Or, la fourmi n’est pas prêteuse…

Martine Vassal n’en démord pas : elle a défendu sa vision d’une « métropole de projets » devant le grand intendant de Prades, Jean Castex, en lui assurant que les 92 élus de la métropole faisaient chorus avec elle. Elle a fait part au Premier ministre de son intention de « rétrocéder certaines compétences de proximité » aux maires, comme par exemple la gestion des déchets qui relève de la quadrature du cercle quand les rétributions des agents, les primes, les temps de travail et les « départs anticipés » diffèrent d’une commune à l’autre dans le département.

Benoît Payan, « maire stagiaire » de Marseille, selon la savoureuse expression de Me Yves Moraine, ancien adjoint de Gaudin, se rend compte soudain qu’il a barboté l’écharpe de Michèle Rubirola pour pas grand-chose. Alors il monte sur ses grands chevaux, alerte la presse de gauche et crie au scandale. Oubliant au passage que ce sont ses amis socialistes Ayrault et Valls qui ont imposé au forceps cette « monstropole ». Avec l’appui non négligeable de Jean-Claude Gaudin.

Il en est réduit, le malheureux, au rôle de ripolineur des surfaces planes. Il fait de la communication. Il se glorifie de succès imaginaires. Il embellit les projets, il enjolive les réalisations éventuelles qu’il n’a pas la capacité de mener à bien. Il prend conscience avec une sidération non feinte que ses projets ne ressortent pas de ses compétences et qu’il n’a pas le moindre financement pour les réaliser. Donc il en fait une maladie et c’est Martine Vassal qui trinque, peuchère !

M. Payan en est réduit à faire la quête à Paris en squattant l’antichambre de l’Elysée ou de l’hôtel Matignon : il supplie les Parisiens de gronder la « méchante madame Vassal » et « tous ces maires égoïstes qui ne [le] calculent même pas ». Lui, vous vous rendez compte !

Pour contourner l’obstacle, Benoît Payan est allé jusqu’à proposer la création d’un « conseil de territoire marseillais » pour s’extraire de la gangue départementale. Objectif : se réapproprier rapidement les poubelles, la voirie et le tourisme pour avoir l’impression de servir à quelque chose.

En réalité, cet imbroglio juridique sur l’attribution ou la réattribution des compétences dévolues aux deux institutions (métropole et mairies) illustre une bagarre politique au couteau entre les jeunes loups du PS qui n’ont plus les moyens de mordre, et les maires du 13 soucieux de conserver leurs prérogatives. Et qui ne souhaitent pas non plus renoncer aux précieux financements métropolitains de leur collectivité alloués par Mme Vassal…

Jean Castex va-t-il pouvoir démêler cet écheveau avant le retour du président le 15 octobre ? C’est douteux. Déjà, Sophie Joissains emboîte le pas de sa mère et critique « une institution qui fonctionne très mal et sans respect pour la démocratie ». Et puis Emmanuel Macron a appelé les élus à une « réforme de la gouvernance de la métropole » sans préciser qui devait à l’arrivée en faire les frais.

Fine mouche, Martine Vassal n’a aucune intention de se saborder. Elle doit jouer la montre, l’enlisement, et simplement proposer que les transferts de compétences soient effectués au profit des…mairies de secteur. Ce qui lui permettrait de limiter les dégâts politiques de ce déshabillage en règle puisque trois mairies de secteur sont à sa dévotion.

Bref, Martine Vassal ne serait pas hostile à ce que M. Payan devienne un « demi-maire de Marseille Â», titre qui lui conviendrait comme un gant, vu son attitude méprisante et lointaine avec Michèle Rubirola, reléguée samedi à la Cathédrale au rang de potiche, errant dans les travées réservées à la presse et à la chorale, sans s’afficher avec des élus dont elle commence, semble-t-il, à comprendre la viduité.

Toutefois, le vœu de Martine Vassal n’a aucune chance d’être exaucé car Patrick Rué, le grand prêtre de FO-Territoriaux, donc forcément maire-adjoint, a déjà refusé cette perspective de transfert de compétences aux maires de secteur : « huit élus pour les poubelles, ce serait ingérable », estime-t-il. Quant au souhait de M. Payan de fusionner le département et la métropole, il a aussi du plomb dans l’aile car il laisse en plan les 17 communes de l’ex-Marseille-Provence-Métropole (MPM) et il faudrait une modification radicale de la loi…socialiste pour que M. Payan ait enfin  la main.

Bref, on n’est pas sorti de l’auberge. Chaque maire se considère comme un potentat susceptible de s’arcbouter sur ses prérogatives.

Bienvenue à M. Macron, responsable de cet embrouillamini. Il devra passer en force en désavouant ses glorieux prédécesseurs socialistes. Et mécontenter tout le monde. Comme d’habitude.

José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional