Des producteurs de la Drôme ont donné l’alerte, et depuis, la polémique ne fait qu’enfler : la lavande serait menacée par une certaine directive européenne, qui considérerait ses dérivés (à base d’huile essentielle) comme des produits à risque pour la santé.
Le texte n’a pas encore été présenté, mais devrait être voté à Bruxelles dans les prochains mois. De son côté, la pétition intitulée « Contre la disparition des huiles essentielles et des produits naturels » a dépassé les 13 100 signatures ce jeudi 29 juillet à 17 heures, et son chiffre grimpe d’heure en heure. Et pour cause : les producteurs, les distilleurs et les fabricants de cosmétiques font part de leurs inquiétudes, alors que la France représente tout de même le deuxième producteur mondial d’huile essentielle de lavande.
Bien que produit naturel, les huiles essentielles, notamment de lavande, peuvent être considérées comme toxiques. Certaines de leurs molécules provoquent en effet chez certaines personnes et à certaines doses, irritations ou allergies. Pour contourner le problème, elles pourraient être remplacées par des molécules de synthèse, ce qui va à l’encontre du retour au naturel encouragé par la société d’aujourd’hui. « De nombreux produits naturels apparaissent dangereux, si on ne sait pas les utiliser à bon escient, oui, rappelle un pharmacien marseillais. Bien employées, les huiles essentielles ont des vertus indéniables.«
La nouvelle réglementation européenne imposerait aux fabricants de préciser la toxicité de certaines molécules sur les flacons. Le syndicat des Plantes à parfum, aromatiques et médicinales de France (PPAM) dénonce cette révision de la classification, de l’étiquetage et de l’emballage des substances chimiques, qui pourrait décourager l’emploi des produits utilisant l’huile essentielle de lavande (savons, lessives, cosmétiques etc.) Par ricochet, si cet emploi baisse, la lavande sera moins cultivée, et cela entraînera un effet domino dans d’autres domaines (production du miel de lavande par exemple, ou encore tourisme autour des champs de lavande.)
Si la Commission européenne s’est voulue rassurante et a dit interroger tous les acteurs de la filière, ce genre de réglementation venue de l’Union européenne inquiète les petits producteurs, qui sont en ce moment, en pleine récolte.
Raphaëlle PAOLI