« Bonne Mère », le portrait d’une femme intérieure

Des films autour de Marseille, on va en rencontrer ces prochaines semaines (« Bac Nord », « Stillwater »…) « Bonne Mère » (sorti en salles le 21 juillet – 1h36) présenté dans la sélection Un Certain regard du Festival de Cannes 2021 nous ouvre au quotidien d’une femme vivant dans les quartiers nord de Marseille.

Levée avant l’aube, couchée après les autres, Nora, la cinquantaine, vit chaque jour une routine épuisante : femme de ménage à l’aéroport de Marignane, elle se rend aussi au domicile d’une vieille dame – devenue une amie, depuis tout ce temps – pour lui préparer la cuisine, l’aider à faire sa toilette, soigner ses oiseaux… La journée n’est toujours pas terminée, puisque quand Nora rentre, elle doit encore s’occuper de la famille, enfants et petits-enfants (ils sont sept dans le petit appartement). Malgré son amour pour eux, elle porte l’épuisement du souci. Son fils aîné, après le braquage d’une station-service, attend de sortir de prison. Nora doit mettre ses rêves de côté pour payer l’avocate.

Nora vit pour les autres, elle doit « rester debout » par son propre courage. Son quotidien consiste à « Rester gai quand le jour, triste, succède au jour/ Etre fort, et s’user en circonstances viles ». (Verlaine). Ce que la caméra rend parfaitement, c’est son intériorité, la lassitude qu’elle s’efforce de ne pas montrer, et son intégrité profonde.

La réalisatrice Hafsia Herzi signe un juste et touchant portrait de femme. Autour de cela, des longueurs et des scènes un peu faciles. On est surtout impressionné par la qualité de l’actrice principale.

Jeanne RIVIERE