La « méthode Montessori » est aujourd’hui mondialement connue. Mais sait-on vraiment qui est la femme à l’origine de l’un des systèmes d’éducation les plus révolutionnaires, qui en a inspiré tant d’autres ? La version française du film de Gianluca Maria Tavarelli « Maria Montessori, une vie au service des enfants » devient disponible en DVD à partir du 15 juin 2021 (et VOD un peu plus tard). Il nous apprend beaucoup sur l’univers d’une femme qui, curieusement, a sans doute été éclipsée par le succès de sa pédagogie.
Maria Montessori naît en 1870, dans le « Royaume d’Italie » de l’époque, gouverné par la dynastie royale de la maison de Savoie. Elle est l’enfant unique de parents de la classe bourgeoise, éduqués dans des principes stricts. Mais sa mère lui transmet une volonté d’indépendance et de liberté. Ses parents la destinent au métier d’enseignante, facilement accessible aux femmes et qui correspond aux valeurs traditionnelles de l’époque.
Depuis son enfance, Maria montre des capacités intellectuelles étonnantes. Aussi est-elle déterminée à suivre la voie qui la passionne : la médecine, malgré le désaccord de son père et les difficultés du ministère de l’Education. Après avoir obtenu sa licence de Sciences naturelles, elle intègre la faculté de Médecine, alors réservée aux hommes. En 1896, à 26 ans, elle devient la première femme diplômée de médecine en Italie.
Les difficultés ne manquent pas, mais Maria « trace sa route » : elle se spécialise dans la psychiatrie, s’intéresse aux enfants considérés comme simples d’esprit. Désœuvrés, ces derniers sont mélangés aux adultes dans les maisons de psychiatrie.
Une première épreuve vient bouleverser sa vie de jeune femme : tombée enceinte hors mariage, elle doit cacher sa grossesse et laisser malgré elle son fils être élevé par d’autres. Le père de l’enfant, Giuseppe Montesano (professeur de psychiatrie de Maria) le reconnaît mais écarte les projets de mariage. Maria est donc contrainte de vivre séparée de son fils.
Parallèlement à cela, elle continue de mener des recherches sur la psychiatrie. Elle part pour l’étranger, notamment en France, et étudie les ouvrages déjà parus sur le sujet. Originale et inventive, elle crée du matériel spécialement adapté pour les enfants ayant des difficultés d’apprentissage et de concentration, en particulier ceux des quartiers populaires. La première « Casa dei bambini » (« Maison des enfants ») ouvre en 1907.
Sa renommée commence à s’étendre dans le monde entier. Elle devient professeur à l’université de Rome en 1904. Entre 1914 et 1918, elle part pour les Etats-Unis, où elle fait connaître sa pédagogie à travers des rencontres et des conférences.
Benito Mussolini regarde attentivement les méthodes employées par Maria Montessori. Il lui confie des écoles d’Etat et la formation d’enseignants. Mais la collaboration tourne rapidement à l’aigre : le régime fasciste entend mettre la main sur les quelque 70 établissements et mêler l’embrigadement des enfants à la pédagogie. En 1934, Maria et son fils s’exilent en Espagne puis aux Pays-Bas. Jusqu’à son décès en 1952, Maria Montessori n’aura de cesse de développer et de transmettre ses connaissances sur les enfants. Elle a été décorée de la Légion d’Honneur en 1949 et nominée trois fois pour le prix Nobel de la paix. Aujourd’hui, il existe plus de 35 000 écoles Montessori à travers le monde.
Cet excellent film présente de façon juste et nuancée le destin d’une femme d’exception, qui a lutté toute sa vie pour faire partager sa passion : améliorer le sort des enfants. Il n’est pas besoin de la qualifier de « féministe » : elle s’est imposée elle-même comme un esprit libre au milieu d’un monde d’hommes.
Jeanne RIVIERE
La version DVD du film « Maria Montessori, une vie au service des enfants » est éditée par Saje Distribution. Maria Montessori, un film de Gianluca Maria Tavarelli, avec Paola Cortellesi, Massimo Poggio et Alessandro Lucente. Durée : 3 heures environ. Sortie en DVD à partir du 15/06/2021, VOD dans les prochains mois. La version originale date de 2007 mais n’a pas vieilli. A noter : deux passages montrent des actes chirurgicaux un peu trop détaillés.