Système encore utilisé jusque dans les années 1990 en France, la consigne des bouteilles en verre a presque disparu du paysage. Mais de plus en plus d’acteurs, associations, commerçants et particuliers, militent à leur échelle pour sa résurrection. L’association Ecoscience Provence est de ceux-là .
Qui n’a jamais pensé, en jetant bruyamment sa bouteille en verre dans le conteneur, qu’elle pourrait tout aussi bien être lavée directement et réutilisée sans casse ? Une économie d’énergie et de moyens, mais une drôle d’organisation tout de même. Le projet La Consigne de Provence, de l’association Ecoscience Provence, implantée à Brignoles, (Var) relève ce défi avec un succès grandissant depuis plusieurs années.
Créée dans les années 2000 sous le nom « Souffleurs d’écume », l’association Ecoscience Provence se consacre initialement à la préservation des cétacés de Méditerranée. Rapidement, elle fait pourtant ce constat : si le plastique constitue la principale pollution des eaux et des océans, ne faut-il pas traiter le problème en amont ? Elle s’attaque alors au gros dossier des matières plastiques. Les échanges avec les commerçants sont encourageants : beaucoup se révèlent prêts à s’engager concrètement pour réduire la consommation des déchets. Naît alors Ecoscience Provence. L’un de ses projets lancé autour de 2018, La Consigne de Provence, a pour objectif d’accompagner le vignoble provençal dans sa transition écologique.
La résurrection d’une pratique pas si ancienne
Dans ce paysage s’impose une idée phare : le retour de la consigne des bouteilles en verre. Ce qu’on considère aujourd’hui comme une idée de génie et une nécessité était une habitude dans le monde de « l’avant plastique ». De nos jours, cela demande une organisation précise et une grande coordination. La Consigne de Provence s’est donc mis en tête de faire le lien entre tous les acteurs partants pour cette aventure.
Une logistique de chaque maillon
L’un des membres de l’équipe, Marion Leclerc, nous explique le déroulé de façon concrète : « Il s’agit de gérer les différents maillons de la chaîne, depuis la bouteille envoyée à la vente par le producteur jusqu’à sa récupération, en passant bien sûr par son lavage. Grâce à des partenariats, tout s’organise : d’abord chez les producteurs, avec le format de la bouteille : il faut que celui-ci soit compatible avec les machines de lavage, mais aussi que le verre soit assez épais pour résister à plusieurs cycles de lavage. » Et les étiquettes ? Et la colle ? Il faut qu’elles s’enlèvent facilement pour un traitement adapté. Une affaire à traiter avec chaque entreprise.
Avançons un peu dans le parcours : les restaurateurs et commerçants conservent leurs bouteilles et les stockent grâce au matériel fourni là aussi par La Consigne de Provence : caisses en métal, casiers, meubles en palettes recyclées fabriqués par une entreprise pour cet usage.
Des études à l’origine des projets
L’association ne se lance pas à l’aveuglette dans ce genre de projets. Elle réalise des analyses (à l’aide des deux ingénieurs de l’équipe) et produit des études récapitulatives précises, pour orienter l’organisation de façon professionnelle et méthodique. Et remplir les cahiers des charges. Elle a ainsi travaillé de façon poussée pour trouver une solution de réduction de l’empreinte carbone. Il faut dire que la fabrication et le transport des bouteilles à usage unique représente à eux seuls 46% de l’émission de CO2. Le réemploi divise par quatre l’empreinte C02 d’une bouteille.
La Consigne de Provence n’est pas qu’une bonne idée. Elle est une logistique. Et une coordination de tous les partenaires de la région qui veulent réduire les déchets et favoriser la consommation locale. Finissons sur un chiffre et une actualité: depuis le lancement opérationnel du projet, 49 300 bouteilles ont été lavées; et 15 nouveaux commerçants vont proposer la consigne d’ici à septembre 2021. On vous parlera bientôt d’un autre projet de l’association qui nous a aussi tapé dans l’œil…
L’association Ecoscience Provence est soutenue notamment par la Région Sud, SIVED NG (Syndicat Intercommunal pour la Valorisation et l’Elimination des Déchets Nouvelle Génération), l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), et l’entreprise de recyclage Citeo (fusion d’Eco-Emballages et d’Ecofolio).
Jeanne RIVIERE