Fin du suspense : les élections régionales et départementales se tiendront en principe les 20 et 27 juin prochains si la situation sanitaire le permet. Les maires de France, consultés à la va-vite par l’exécutif, se sont prononcés à 56 % en faveur du maintien de ce scrutin pour éviter toute « confiscation » de la démocratie. Le Parlement était convié hier à un débat, mais les députés ont rapidement compris que la décision était déjà prise et qu’ils n’étaient présents que pour avaliser les nouvelles dates.
Jean Castex les a simplement décalées d’une semaine comme si ce délai avait une quelconque importance en matière sanitaire ou politique. En réalité, la « consultation » des députés et des sénateurs est le faux masque démocratique d’un pouvoir absolu qui gouverne le plus souvent par ordonnance et considère le Parlement comme une simple chambre d’enregistrement. Les députés de la majorité ne sont plus que les faire-valoir et les paillasses du macronisme.
Que l’exercice de contrôle des députés et des sénateurs sur le gouvernement soit réduit à néant depuis longtemps, on s’en doutait, mais on croyait que certaines de leurs propositions pouvaient être prises en considération. Point du tout. On les invite à des votes mascarades tandis que MM. Macron et Castex prennent leurs décisions en petit comité et se défaussent ensuite plus ou moins habilement sur les élus des territoires.
En réalité, le duo en question nous a encore fait « marcher ». Il sait fort bien que ces élections risquent de se traduire pour la République en Marche par un sévère revers, alors il s’est abrité derrière une consultation tardive des maires, en pensant qu’ils seraient favorables à un report. Erreur. L’exécutif a voulu jouer les apprentis sorciers et il s’est encore planté.
Ce qui est d’ores et déjà certain, c’est que la campagne électorale sera forcément courte et dense. Elle ne pourra pas donner lieu à des réunions publiques, donc les candidats devront se débrouiller avec des messages plus ou moins subliminaux sur les réseaux sociaux ou dans des visioconférences. Une nouvelle fois, la campagne sera bâclée et n’intéressera guère les citoyens qui, on le sait, n’ont plus qu’une confiance très limitée dans les partis politiques.
L’abstention, c’est prévisible, sera massive mais elle frappera également tous les mouvements politiques. Les membres des bureaux de vote, présidents et assesseurs, seront probablement tous vaccinés et les précautions nécessaires sanitaires seront prises, mais l’Elysée aura beau jeu de s’écrier le soir du 27 juin : « Notre débâcle est très relative compte tenu de la faiblesse de la participation ». Et dès le mois de septembre, ce sont les élections présidentielles qui tiendront le haut du pavé.
José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional