La fronde des supporters de l’OM : « Ne touchez pas à nos virages »

Jacques-Henri Eyraud (JHE), président de l’OM, et Hugues Ouvrard, directeur général du club, se heurtent à une véritable fronde des supporters marseillais. Le fossé se creuse entre les dirigeants actuels et les groupes de supporters en raison de malentendus successifs.

JHE semble traiter les groupes de supporters comme s’ils étaient de mauvaise foi et, surtout, comme s’ils avaient été à l’origine des graves incidents et des déprédations qui ont endommagé la Commanderie. De leur côté, les supporters protestent de leur bonne foi et assurent qu’ils ne sont pour rien dans ces violences et qu’ils les ont condamnées fermement. Le divorce est-il consommé ?

Le président de l’OM et son directeur général, parallèlement à une suite de communiqués tentant de renouer le dialogue, ont lancé le projet intitulé « Agora OM Â» qui souhaite instaurer « un nouveau mode de supporteurisme au sein de l’institution OM Â». Cette formule ambiguë déplaît souverainement aux fans de l’OM qui estiment que JHE veut « lobotomiser Â» les tribunes et leur donner un caractère insipide et sans saveur.

La vague d’indignation suscitée par ce projet de normalisation à l’américaine dépasse largement le cadre sportif puisque de nombreux élus ont pris la parole pour apporter leur soutien aux supporters de l’OM. Certes, nul n’est dupe de leur démagogie. On pense surtout à la traduction électorale d’une telle prise de position. N’empêche. Cet élan de solidarité montre que les groupes de supporters constituent une seule et même famille dont le rôle de ciment social et identitaire est indéniable.

Certains groupes dépassent le simple cadre sportif et distribuent des repas aux personnes nécessiteuses, ils aident également les étudiants dans le besoin, bref ils jouent un rôle politique éminent. Dès lors, s’en prendre à ces groupes, finalement, c’est s’attaquer à Marseille.

Fredo, fervent supporter de l’OM depuis trente ans, ne dit pas autre chose lorsqu’il évoque avec émotion son indéfectible attachement à l’OM : « Avec la direction actuelle, dit-il, nous avons atteint un point de non retour. La seule solution, c’est que les dirigeants s’en aillent. Les résultats sportifs n’ont aucune importance à l’heure actuelle. Moi, je préfère qu’ils descendent en Ligue 2 avec une équipe et des dirigeants qui s’identifient totalement à Marseille plutôt que de jouer la Ligue des champions avec un staff qui ne respecte ni Marseille, ni les Marseillais ».

Fredo est très critique envers les dirigeants de l’OM : « Le président Eyraud n’aime ni la ville, ni l’accent marseillais, ni les traditions provençales, le mieux serait qu’il rentre chez lui à Paris Â». Ce prisme anti-marseillais est le principal reproche que lui font de nombreux supporters de l’OM. Comme si les dirigeants avaient décidé de prendre les supporters de haut et de faire preuve d’une certaine arrogance de business man à l’égard de « clients Â» du stade vélodrome.

Ils n’ont pas compris que l’OM est beaucoup plus qu’une simple entreprise. L’OM c’est l’image même de Marseille, rebelle, difficile à dompter, à diriger, à maîtriser. L’OM c’est la liberté, la fantaisie, la folie, le one again, le grand frisson : « quand on se retrouve ensemble dans les virages les soirs de match, s’enthousiasme Fredo, on chante, on saute, on trépigne, on crie comme un seul homme. C’est grandiose. C’est magique. C’est fabuleux. C’est un lieu mythique où chacun a vécu des aventures incroyables qu’il raconte ensuite à ses enfants. Et la légende se perpétue ainsi de père en fils dans les familles… »


Construire une maison neuve ? Aseptisée ? Sans accent ? Sans excès ? Non merci, non merci, non merci. Ne détruisez pas notre passion, la force de l’OM, c’est le peuple de Marseille. Sans ses supporters l’OM n’est qu’une coquille vide. « Ne touchez pas à nos virages, jamais ! Â», conclut Fredo.

Mayeul LABORDE