Le Père Noël est une IA

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On les imaginait stressés, courant entre deux boutiques à 19h le 24 décembre. Mais en 2025, les retardataires ont troqué leurs sueurs froides contre un prompt bien tourné. Bienvenue dans l’ère du Noël automatisé. C’est le grand paradoxe français : nous aimons les traditions, mais nous adorons nous y prendre au dernier moment. Un tiers d’entre nous attendra la dernière ligne droite pour boucler ses emplettes. Mais attention, le retardataire de 2025 est équipé. Fini le choix par défaut du parfum, place à l’intelligence artificielle.


Ces irréductibles procrastinateurs, autrefois condamnés à l’errance dans les rayons bondés, ont trouvé leur boussole : l’IA. Selon l’étude YouGov pour Ici Présent, le phénomène n’est plus une curiosité de geek, mais une lame de fond : 51 % des 18-44 ans prévoient d’utiliser l’IA pour dénicher leurs cadeaux cette année.

L’algorithme, nouveau faiseur de miracles ?

Si les LLM s’imposent comme les nouveaux lutins du Père Noël, c’est avant tout pour leur rapidité. Mais derrière le gain de temps se cache une quête d’efficacité budgétaire. Les études menées par Havas et Rakuten soulignent que l’IA n’est pas qu’une machine à idées ; elle est devenue un expert en comparaison de prix et en optimisation de budget. L’étude Havas Market révèle que le budget moyen des Français a chuté à 243,60 € cette année (-7 % sur un an). Dans ce contexte de sobriété, l’IA devient un allié stratégique.

Elle devient tour à tour un générateur d’idées pour sortir de l’impasse (48 %), un comparateur ultra-rapide pour trouver les meilleures offres (41 %), un accélérateur pour gagner du temps (39 %) et enfin un gestionnaire de portefeuille pour optimiser le budget (31 %).

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Le risque de l’uniformisation

Mais ce confort numérique a un prix. Vincent Naigeon, fervent défenseur de l’artisanat, tire la sonnette d’alarme. Face à un ChatGPT qui répond avec l’assurance d’un « Monsieur je-sais-tout », le risque est l’uniformisation. « Ces IA orientent vers des choix restreints », prévient-il. Le danger ? Que des technologies californiennes dictent à un tiers des Français d’acheter du « Made in China » par pure passivité algorithmique.

La contre-attaque : le « LLMO » pour les artisans

Pourtant, le Made in France n’a pas dit son dernier mot. Une nouvelle discipline émerge : le LLMO (Large Language Model Optimization). Pour ne pas disparaître des radars, les artisans apprennent à « parler » directement aux modèles de langage. En simplifiant leurs informations et en soignant leur réputation en ligne, ils s’assurent d’être mémorisés par l’IA. L’enjeu ? Faire en sorte que, face à un prompt sur l’artisanat, l’algorithme cite naturellement l’atelier du coin plutôt qu’une plateforme industrielle.

L’ère du conseil « gratuit » touche peut-être à sa fin. Avec l’arrivée imminente de la publicité, actuellement en discussion chez les géants comme ChatGPT, les futures recommandations pourraient bientôt être dictées par des liens sponsorisés plutôt que par la seule pertinence des algorithmes comme sur les moteurs de recherche classique.

Dompter la machine

La magie de Noël 2025 résidera peut-être dans notre capacité à « dompter » la machine. Car si l’IA peut suggérer le dernier gadget à la mode, elle sait aussi, pour qui sait l’interroger avec finesse, dénicher le trésor d’un artisan local ou une pépite écoresponsable. Le cadeau sera-t-il raté ? Vous ne pourrez plus blâmer votre manque d’idées, mais la justesse de votre prompt.

Alors, pour ce réveillon, ferez-vous confiance à votre flair de dernière minute ou à la précision de l’algorithme ?

Ryan Kashi