Pascaline Lécorché est la personnalité qui monte à Gauche. Cette Marseillaise depuis près de 15 ans est passée de la société civile à l’engagement politique local à Marseille et national au sein du parti Place Publique en quelques années. Dans ce premier entretien au Méridional elle revient sur son parcours et son engagement pour Marseille, sa vision pour la Métropole et pour le renouveau de la social-démocratie.
Le temps pour s’apprivoiser est court et l’envie de présenter son projet, l’envie de débat démocratique et d’échanges républicains prend rapidement le dessus. Pascaline Lécorché porte une vision clairement ancrée dans une social démocratie moderne et se démarque par des idées affirmées et une sincérité d’engagement louable.
A l’aube de ces élections municipales 2026, il faudra compter avec Place Publique à Marseille, une nouvelle figure, une nouvelle voix pour participer au renouveau de la gauche et porter une vision alternative de la gouvernance locale.
Pascaline Lécorché présente son parcours, ses idées et ses ambitions dans cet entretien au Méridional, qui sonne comme le coup d’envoi de la campagne d’une gauche, qui s’oppose, qui propose et veut rassembler son camp.
“L’indignation canapé a ses limites”
Pascaline Lécorché, de la société civile au militantisme
Arrivée à Marseille en 2013, Pascaline Lécorché vient de Normandie, où elle a grandi à Caen avant de suivre des études scientifiques entre Strasbourg et Paris. Chercheuse dans le privé, elle développe très tôt une sensibilité aiguë aux inégalités sociales et territoriales, renforcée par une période de sa vie où elle expérimente concrètement la réalité d’une “maman solo qui travaille et doit aller chercher ses enfants à l’école”.
Ce vécu nourrit un besoin d’engagement qui dépasse la simple indignation à distance. Elle le résume avec des formules parlantes : “apporter ma pierre à l’édifice” et “ne pas rester les bras ballants face aux injustices”. À ses yeux, un moment arrive où “l’indignation canapé a ses limites” et doit se transformer en action.
La lecture des Enfants du vide, de Raphaël Glucksmann, sera l’élément déclencheur. Elle se reconnaît dans l’appel à “faire société”, dans cette idée que la politique n’est pas seulement un affrontement de partis mais une construction collective, patiente, qui doit redonner du sens au vivre‑ensemble. C’est dans cette logique qu’elle rejoint Place Publique.
“J’adore Marseille, c’est pour ça que je m’engage”

Une militante de la gauche marseillaise passionnée par sa ville
Pascaline Lécorché insiste sur son lien fort avec Marseille, sa ville de cœur. Elle aime ce Marseille multiple, fait d’ambiances contrastées, elle évoque Noailles et ses rues denses, la Pointe Rouge et son littoral, l’Estaque et ses allures de village populaire. Cette diversité, sociale comme culturelle, fait pour elle l’âme de la ville.
“La fierté d’être marseillais est assez unique”, s’incluant dans cette formule typiquement phocéenne et expliquant qu’elle s’est “reconnue dans Marseille”. Cette reconnaissance n’est pas qu’émotionnelle : elle y voit un laboratoire de ce que pourrait être sa gauche moderne, capable de tenir ensemble justice sociale, écologie, attractivité économique et fierté locale empreinte de souverainisme.
C’est ce lien intime qui explique, selon elle, le passage du statut de simple citoyenne engagée à celui de militante et de responsable politique. “J’adore Marseille, c’est pour ça que je m’engage”, résume-t-elle.
“Je crois en la société civile qui s’engage”

Du printemps marseillais aux instances nationales de Place Publique
L’année 2019 marque un tournant pour Pascaline Lécorché. En juin, alors que se structure le Printemps marseillais, elle fait partie des signataires du texte fondateur, qualifié de “mouvement sans précédent”. Elle participe à la construction de cette coalition des partis de gauche et de la société civile et revendique sa part dans la victoire du Printemps marseillais lors des municipales de 2020. Elle s’est également battue pour faire exister son courant à gauche, par des campagnes de terrain au contact de tous les acteurs locaux.
Après les municipales de 2020, elle devient secrétaire générale du mouvement national Place Publique. Elle exerce deux mandats à ce poste, dont un en siégeant également au conseil politique du parti. Ce passage à la direction la fait entrer dans le cercle des “bâtisseuses du mouvement” : celles et ceux qui conçoivent ses fondements et ses outils militants. Elle expérimente également la vie publique, découvre le financement de la vie politique et l’importance capitale des élections législatives dans ce système.
L’élection suivante pour Pascaline Lécorché est européenne. Avec Raphaël Glucksmann, Aurore Lalucq et d’autres, Place Publique se fixe pour objectif de faire émerger une offre politique européenne progressiste et démocratique. Le mouvement place une Europe forte au centre de sa vision et constitue une équipe de “porteurs de causes”, autour d’un programme articulé en cinq urgences : l’urgence européenne, l’urgence sociale, l’urgence écologique, l’urgence démocratique et l’urgence féministe.
Pascaline vit les scores élevés des droites conservatrices en Europe et de l’extrême droite dans quelques pays dont la France comme une onde de choc. Mais elle veut également retenir de cette élection l’ouverture d’un espace politique social démocrate.
De son point de vue les élections européennes sont une réussite et actent l’émergence du parti Place Publique sur la scène politique et médiatique.
“Si il y a une nouvelle dissolution, je repars !”

Candidate pour la première fois en son nom aux législatives de juin 2024
La dissolution de l’Assemblée nationale décidée en juin 2024 marque un nouveau tournant dans son parcours. Pascaline Lecorché dit avoir ressenti alors une colère profonde contre un président qu’elle décrit comme “pompier pyromane”, prenant le risque de donner toutes les cartes aux idées qu’elle combat.
Cette dissolution est pour elle un déclencheur : “c’est le moment”. Elle décide de se présenter pour la première fois à une élection uniquement sur son nom : les législatives, dans la première circonscription des Bouches‑du‑Rhône (NDLR couvrant principalement les 11ᵉ et 12ᵉ arrondissements de Marseille). Elle y affronte la candidate de la majorité présidentielle, Sabrina Agresti‑Roubache, et la candidate du RN, Monique Grisetti.
Elle mène une campagne “à l’énergie” dans une circonscription réputée ingagnable, mais ce choix d’un secteur difficile est déjà pour Pascaline Lécorché une façon de faire de la politique.
Marquée par cet épisode mais aguerrie par l’expérience de ce premier combat, elle affirme sans sourciller: “Si il y a une nouvelle dissolution, je repars !”
“Les compétences de la métropole sont des compétences Place Publique”

Un projet métropolitain pour “Prendre Place”
Au fil des combats, Pascaline Lécorché est devenue la voix de Raphaël Glucksmann à Marseille et la voix de Marseille à l’oreille de Raphaël Glucksmann. Un rôle qu’elle entend pleinement jouer durant les municipales 2026 à Marseille.
Mais si Marseille est la ville de son cœur, le cœur de son projet pour cette échéance est métropolitain. Une institution qu’elle qualifie de “mal née” devenue “dysfonctionnelle”. Elle critique l’évolution d’une institution devenue un outil politique.
Malgré ces critiques profondes, elle s’interdit une posture de refus systématique et prône une approche par projets après évaluation de l’enjeu pour les citoyens et l’impact sur l’environnement. Mais c’est surtout la gouvernance de la Métropole que Pascaline Lécorché interroge. Au centre de son viseur Martine Vassal, notamment sa double présidence de la Métropole Aix-Marseille et du département des Bouches-du-Rhône qui est pour Pascaline Lécorché un conflit d’intérêt.
Elle y voit la source d’une crise de confiance et un manque de représentativité. Elle en propose pour interroger le cumul des mandats dans le temps et dans l’espace, tout en restant favorable à un rapprochement des deux institutions, voire à une fusion comme dans la métropole lyonnaise, à l’avenir.
Pascaline Lécorché projette son programme à l’échelle métropolitaine et souligne l’adéquation des compétences de cette institution avec les urgences définies par son parti Place Publique: “les compétences de la métropole sont des compétences Place Publique” déclare-t-elle pour introduire “Prenons Place” le projet métropolitain de sa formation politique.
Elle y décline sa vision d’une métropole de projet, collective où une place importante sera donnée aux autres villes du territoire : Aix-en-Provence, Aubagne, Fos-sur-Mer…
Ce projet s’est constitué lors d’une concertation faite de dîners privés et de réunions publiques pendant 6 mois qui ont débouché sur un manifeste.
Un manifeste et un projet construits pour parler notamment aux gens engagés, dans la société civile, dans des associations, dont le rôle est essentiel pour la militante social-démocrate marseillaise.
Avec ce projet Pascaline Lécorché appelle à “une Métropole du choix et des possibilités”. Mais pour l’heure ce sont les votants marseillais et métropolitains qui devront choisir et il reste de nombreux débats à mener…
JBJ – Le Méridional



















