[Vox Méridional]Marseille face au narcotrafic : l’heure du sursaut citoyen

Une semaine après l’assassinat de Mehdi Kessaci, jeune Marseillais de 22 ans, frappé par balle dans le 4ᵉ arrondissement, Marseille vit un moment de douleur, de colère, mais aussi de vérité. Derrière ce drame, les autorités judiciaires comme les acteurs associatifs voient un « point de bascule ». Un crime d’intimidation, selon le ministre de l’Intérieur Laurent Nuñez, visant à atteindre la République en s’en prenant au frère d’Amine Kessaci, militant engagé contre le narcotrafic.



En visite ce jeudi dans la cité phocéenne, Laurent Nuñez et le ministre de la Justice Gérald Darmanin ont dressé un état des lieux implacable. 2 000 personnes liées aux mafias marseillaises sont actuellement mises en examen. 900 sont placées en détention provisoire. Une criminalité tentaculaire que Gérald Darmanin qualifie de « menace au moins équivalente à celle du terrorisme ». Cette violence ne frappe plus seulement les réseaux criminels : elle vise désormais des jeunes innocents, des familles endeuillées, des quartiers entiers. Elle cherche à faire taire ceux qui refusent de baisser les yeux. Elle tente d’installer la peur comme loi

« Plus personne ne pourra dire qu’il ne savait pas ». Visage fermé mais déterminé, Amine Kessaci continue d’appeler au sursaut. Son frère Brahim avait déjà été tué en 2020 dans un règlement de comptes. Aujourd’hui, il se dresse debout malgré la douleur :

« On ne peut pas tuer tout un peuple, on ne peut pas tuer toute une nation. Levez-vous. Battons-nous. »

Avec son association Conscience, le jeune militant refuse la fatalité. Il réclame une révolution sociale, le réveil de l’État, de la société, des consommateurs, des habitants. Ses mots résonnent dans une ville où 80 points de deal restent actifs, où parents et éducateurs voient les plus jeunes happés ou menacés par les réseaux.


Un appel à l’unité nationale

Les élus unanimes appellent aussi la population à se rassembler pour dire non à la peur. « La réponse doit être une forme d’unité nationale. Dire à ces gens que nous n’avons pas peur d’eux. » Samedi, une marche blanche est organisée à 15 heures, au rond-point Claudie d’Arcy, là même où Mehdi a perdu la vie.
À midi, dans tout le pays, Amine Kessaci invite les citoyens à se réunir devant les mairies pour une minute de silence. Déjà, de nombreux Marseillais annoncent leur présence. D’autres, même s’ils resteront chez eux, disent leur soutien. Car chacun sait désormais que ce combat concerne toute la France, des quartiers populaires aux villages ruraux.

Lever la tête, ensemble

Ce samedi, au rond-point où un jeune homme a été assassiné pour ce qu’il n’était pas, Marseille sera observée par toute la nation. La présence des habitants, des familles, des anonymes sera un message clair envers les narcotrafiquants : la ville ne se couchera pas. Il ne s’agit plus d’être de droite, de gauche ou du centre. Il s’agit d’être humain, citoyen, debout. Être ensemble, lever la tête. Quelles que soient nos idées, dire non.

  • Non à l’intimidation.
  • Non à la peur.
  • Non aux narcotrafiquants.


Et venir nombreux le proclamer.

Philippe Arcamone