[Vox Méridional]Obsèques de Mehdi Kessaci : un adieu intime, un cri d’alerte pour une ville sous pression.

Les obsèques de Mehdi Kessaci, tué par quatre balles en pleine rue dans le IVᵉ arrondissement jeudi dernier, se tiennent ce mardi après-midi dans la plus stricte intimité. La famille a expressément demandé l’absence totale de presse, souhait respecté par tous. Elle a également annoncé qu’une marche blanche en hommage à Mehdi se déroulera le week-end prochain, afin de permettre à la population de s’unir dans la dignité. Selon plusieurs sources locales, un repas sera organisé ce soir à 19 h au siège de l’association Conscience, dans le XIIIᵉ arrondissement, pour rassembler les proches et ceux qui œuvrent aux côtés de la famille Kessaci depuis des années.


Un adieu sous tension, dans une ville qui suffoque

Ces obsèques n’ont rien d’un événement public, mais elles portent en elles une charge symbolique immense. Dans le quartier où a grandi Mehdi, comme dans tant d’autres à Marseille, la même chape de plomb règne. Le même sentiment d’étouffement, la même pression exercée par les réseaux qui contrôlent les rues, les déplacements, les regards.
Pour beaucoup d’habitants, franchir un barrage, éviter une zone, se taire pour ne pas attirer l’attention sont devenus des réflexes instinctifs. Combien sont-ils à s’autocensurer par peur ? Combien vivent chaque jour sous la loi du silence, la tête baissée mais le cœur en colère ?
Aujourd’hui, tous ont une pensée pour Mehdi, jeune homme sans histoire, qui voulait devenir policier. Pour sa famille, encore une fois brisée. Pour tous les anonymes qui subissent, en silence, l’emprise des trafiquants sur les quartiers.

Pendant que Marseille se recueille, l’Élysée se réunit en urgence

Cette journée de deuil intervient alors que, à Paris, Emmanuel Macron a convoqué ce mardi à l’Élysée une réunion consacrée à la « mise en œuvre de la loi narcotrafic » et à la situation à Marseille. Le Premier ministre Sébastien Lecornu, plusieurs ministres, ainsi que le directeur général de la police nationale et celui de la police judiciaire y participent.


Un point à l’ordre du jour sera spécifiquement consacré à la situation à Marseille

a confirmé l’Élysée, rappelant que le chef de l’État suit le sujet « de très près » et s’était rendu en mai dernier à l’état-major de lutte contre le crime organisé à Nanterre.


La concomitance de ces obsèques et de cette réunion de crise n’échappe à personne. Elle souligne, avec force, l’ampleur du défi posé par l’emprise du narcotrafic sur la société française, et particulièrement sur Marseille.
Un appel à la liberté, au moment où la peur voudrait tout verrouiller
L’enterrement de Mehdi, voulu simple, digne et silencieux, devient malgré lui un cri d’alerte pour la liberté. Non pas un slogan, mais un appel viscéral, né de la souffrance d’une famille et du ras-le-bol de milliers de Marseillais.


Un appel à dire “stop”.

  • Stop à la peur.
  • Stop à l’emprise.
  • Stop à la résignation.

Car si ces obsèques exigent le respect du silence et de la pudeur, elles rappellent aussi que la société civile peut, si elle le décide, relever la tête. Que les habitants eux-mêmes, ceux qui subissent au quotidien les pressions, pourraient un jour refuser collectivement la loi imposée par les réseaux.


Aujourd’hui, Marseille se recueille. À Paris, l’État s’alarme.


Et dans toute la ville, une même question résonne : combien de drames faudra-t-il encore pour que la liberté reprenne ses droits ?


Philippe Arcamone